La FIQ juge que la situation dans trois CHSLD de la région est « très dangereuse »

SANTÉ. La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) et la FIQ | Secteur privé (FIQP) ont publié le 21 octobre un palmarès des CHSLD au Québec. Le document classe les CHSLD par région et dangerosité, en raison des ratios trop élevés entre les professionnelles en soins et le nombre de patients selon leur condition.

Le CHSLD Richard Busque de Saint-Georges, le Centre d’hébergement et CLSC de Saint-Anselme, ainsi que le Centre d’hébergement et CLSC de Sainte-Claire, font partie de ceux classés « très dangereux » en raison du ratio trop élevé entre le nombre de patients, leur condition et le faible nombre de professionnelles en soins.

Cette situation amène les professionnelles à devoir faire des choix, en priorisant certains soins plutôt que d’autres. Selon la FIQ, ceci va à l’encontre de l’éthique professionnelle et fait porter un poids bien trop lourd sur les épaules des employées.

Dans la catégorie où la situation est jugée « dangereuse », on retrouve le Centre d’hébergement de Saint-Raphaël, le Centre multiservices de SSS de Beauceville, le Centre multiservices de SSS de Lac-Etchemin et le CLSC et centre d’hébergement de Sainte-Marie.

Le CISSS-CA a effectué différentes initiatives pour réduire les ratios en CHSLD.

Demande au ministre de la Santé

La FIQ interpelle donc le ministre de la Santé, Christian Dubé, afin de diminuer la surcharge de travail. « L’hécatombe vécue ce printemps en CHSLD, à cause de la COVID-19, ne doit jamais se reproduire. Le gouvernement doit accélérer les discussions pour diminuer la surcharge de travail, ce qui permettra de garantir la qualité et la sécurité des soins à la population », indique la présidente de la FIQ, Nancy Bédard.

Ce n’est pas la première fois que la FIQ démontre la pertinence des ratios. « En mars 2018, les professionnelles en soins se sont investies dans 16 projets pilotes dans les établissements de santé, dont plusieurs en CHSLD. Nos membres ont pu constater les effets positifs des ratios sécuritaires sur leurs conditions d’exercices », ajoute Mme Bédard.

Lors de ces projets ratios, il a été possible d’observer une diminution des risques de chutes chez les patients, un meilleur contrôle de la douleur, une diminution de certains médicaments, de l’anxiété des patients et de leur famille, une augmentation significative de la capacité de marche des patients, ainsi qu’une meilleure prise en charge des patients à tout moment, particulièrement lors de complications ou d’imprévus, indique la FIQ.

Lieux où la FIQ juge la situation « très dangereuse »

CHSLD Quart de travail Nombre de patients Infirmières auxiliaires Infirmières Présence infirmière autre *
Centre d’hébergement et CLSC de Saint-Anselme Jour/Soir 36 1 0 oui
Centre d’hébergement de Sainte-Claire Nuit 40 0 0 oui
Centre d’hébergement Richard-Busque Soir 50 2 0 oui

* Réfère à la présence d’une assistante-infirmière-chef dans le CHSLD, bien qu’elle ait d’autres fonctions de supervision, coordination et planification.

 

Lieux où la FIQ juge la situation « dangereuse »

CHSLD Quart de travail Nombre de patients Infirmières auxiliaires Infirmières Présence infirmière autre *
Centre d’hébergement de Saint-Raphaël Nuit 54 1 0 oui
Centre multiservices de SSS de Beauceville Nuit 110 2,5 0 oui
Centre de multiservices de SSS de Lac-Etchemin Nuit 87 2 0 oui
CLSC et centre d’hébergement de Sainte-Marie Nuit 67 1 0 oui

* Réfère à la présence d’une assistante-infirmière-chef dans le CHSLD, bien qu’elle ait d’autres fonctions de supervision, coordination et planification.

*Source FIQ

Le CISSS en désaccord

Appelé à commenter le palmarès des CHSLD, publié par la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) le 21 octobre, le CISSS-CA dresse un portrait beaucoup moins alarmant que le syndicat.

Bien que la directrice intérimaire du programme de soutien à l’autonomie des personnes âgées au Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière-Appalaches (CISSS-CA), Stéphanie Simoneau, confirme que ce n’est pas facile dans le réseau présentement [en raison de la COVID-19], elle soutient que des actions importantes ont été réalisées dans les dernières années afin d’abaisser les ratios.

Mme Simoneau s’est dite surprise par le palmarès. « Je ne comprends pas comment les données ont été récupérées. Parce qu’après validation, il y a des données qui sont fausses. Je trouve ça dommage, parce qu’avec ces informations-là, on vient créer un doute dans la population sur la qualité des soins », estime-t-elle.

Par exemple, au CHSLD Richard-Busque, il y a eu captation de l’information dans les deux premières semaines de septembre, et pourtant, il y a toujours eu une infirmière sur place. Mme Simoneau rappelle que dans un centre d’hébergement, il y a une grande équipe autour des infirmières, comme des aides de service, préposés aux bénéficiaires, infirmières auxiliaires et éducateurs. « Les infirmières sont donc supportées dans le travail », indique-t-elle.

Des mesures mises en place

Après avoir reçu des avertissements au niveau des CHSLD de la part du ministère de la Santé et des Services sociaux, le CISSS-CA a amélioré la situation l’an dernier. « Un total de 5 M$ a été investi pour ajouter des postes qui ont été répartis dans l’ensemble de la région. On est venu travailler sur les ratios. On s’est collé aux recommandations du Dr Philippe Voyer pour toute la structure des postes dans les CHSLD. Le jour et le soir, on a de bons ratios et la nuit, on diminue un petit peu, mais il y a toujours une infirmière dans le centre. Dans toutes les structures, il y a une infirmière 24/7 », souligne la gestionnaire.

Il y a cependant les absences qui peuvent menacer l’efficacité de ce plan. Le CISSS-CA y a pensé. « Il y a un an et demi, nous avons eu un projet de création de postes d’autoremplacement. On est venu surdoter nos équipes pour compenser les absences, vacances, maladies et autres. Les listes de rappel, ça n’existe plus, donc on gère autrement. Ça vient nous donner une marge de manœuvre à l’interne dans les milieux », explique Mme Simoneau.

Elle souligne que la nouvelle cohorte de 270 préposés aux bénéficiaires, qui sont arrivés cet automne dans les CHSLD, améliore de façon importante les ratios.

Questionnée à savoir si la charge de travail est trop lourde du côté des infirmières, Stéphanie Simoneau hésite. « Ça dépend du contexte. Avec la COVID-19, où on doit retirer rapidement du personnel d’un milieu, il peut y avoir des délais de quelques heures avant que la personne soit remplacée. Ces situations peuvent amener une certaine lourdeur pour le personnel qui doit combler ce manque ».

Mme Simoneau indique que les infirmières sont extraordinaires. « Ce n’est pas facile dans le réseau. Ces temps-ci, on leur demande d’en faire un peu plus. Malgré les difficultés, elles sont présentes. Et même quand c’est difficile au plan humain, elles sont là quand même ».