Les salons de coiffure réfléchissent à la relance

COIFFURE. Pendant que plusieurs anticipent leur prochaine visite dans un salon de coiffure bientôt, la dernière remontant maintenant à quelques semaines, des employés de salons de la région réfléchissent à quoi pourrait ressembler une relance prochaine.

Comme une reprise graduelle des activités, annoncée précédemment pour le 4 mai, impliquera inévitablement une série de précautions, la plupart des employées consultées par le journal avouent avoir certaines craintes. Janice Beaudoin de Sainte-Claire croit qu’un retour peut se faire sous certaines conditions. «Il faut seulement de bonnes mesures de protection pour tous, employés et clients, en espérant que ça ne nuise pas à notre productivité.»

La proximité avec le client sera un facteur pour plusieurs professions après la période de confinement.

Distanciation sociale, désinfection après chaque client et port d’un masque de part et d’autre sont quelques-unes des idées déjà avancées. Si certaines prenaient déjà des dispositions avant les exigences de fermeture du gouvernement, d’autres anticipent des difficultés pour les salons qui accueillent plusieurs coiffeurs et coiffeuses dans un même local. «Ça sera facile pour certains qui sont seuls ou deux en salon, mais plus complexe pour les autres et pour celles, comme moi, qui ont une clientèle plus âgée. À ma dernière semaine de travail, je faisais déjà une désinfection et une cliente à la fois», indique Nancy Sylvain de Melcy coiffure à Saint-Henri.

«Nous sommes sept coiffeuses à mon salon. Ce sera difficile d’avoir une certaine distance tout le monde en même temps. Il faudra travailler aussi plus d’heures pour distancer les rendez-vous des clients», anticipe Sonia Corriveau, native de Saint-Nazaire, mais dont le lieu de travail est à Sainte-Foy.

Précautions versus rentabilité

Chantale Boulanger, qui a son propre salon chez elle à Beauceville, croit qu’elle peut trouver des idées chez d’autres professionnels qui offrent des services essentiels et de proximité avec les gens, comme les dentistes ou les chiropraticiens à titre d’exemple. «Les gens attendent dans leur voiture et on leur fait signe à leur tour. Ils doivent avoir ou acheter un masque lors de leur visite. Certains ont deux salles, donc travaillent dans un local pendant que l’autre se fait désinfecter. Au Danemark, ils portent des blouses jetables. Il y a peut-être un protocole à établir avec des idées du genre, mais à quel prix aussi», se demande-t-elle.

Les salons sont encore inoccupés pour le moment, mais pourraient revenir en opération bientôt.

Nancy Nadeau a aussi son propre salon chez elle à Lac-Etchemin. Si elle a très hâte de replonger dans son travail, elle se questionne sur le nombre de mesures additionnelles qui seront possiblement nécessaires et leur pertinence dans certains cas. «En coiffure, travailler avec des gants ce n’est pas l’idéal, sauf pour les colorations. La plupart des coiffeuses aiment travailler avec la texture des cheveux. En salon, il faudra possiblement enlever tout ce que les clients peuvent toucher comme les pantoufles, les échantillons et les revues. On n’offrira plus rien à boire, il faudra nettoyer la réception, la porte d’entrée en plus du reste», se demande celle qui est aussi esthéticienne, ce qui l’amène à toucher directement ses clientes.

Pour certaines, c’est la rentabilité de l’aventure qui demeure inconnue. «Le retour sera très différent de ce que nous sommes habitués, possiblement moins rentable et plus stressant. J’aime mon métier, mais j’ai bien hâte de voir vers quoi cela nous mènera», s’interroge Guylaine Fortier, aussi de Lac-Etchemin.

Janice Beaudoin amène un autre point intéressant, elle qui n’a toujours pas de réponse lorsque vient le temps de parler de la tonte des barbes. Étant donné que les clients ne pourront porter de masque pendant la séance, elle est encore à la recherche d’une bonne marche à suivre. «Outre le fait de nettoyer et désinfecter mes clippers et peignes après avoir taillé la barbe, quelles seront les mesures autre à prévoir? Est-ce que temporairement les tailles de barbes seront interdites le temps du retour à la normal ? On n’utilise des serviettes qu’il faudra sûrement envoyer tout de suite au lavage, sans les laisser dans le panier trop longtemps.»

Les réflexions sur le sujet sont lancées, sauf que les inquiétudes persistent et pendant tout ce temps, plusieurs anticipent déjà le feu vert des autorités, autant la clientèle que les coiffeuses et les coiffeurs qui, dans bien des cas, sont de très petites entreprises.