Nadia Fournier: de Saint-Nérée à référence en matière de vin

LIVRES. Tout amateur de vin connaît le Guide du vin Phaneuf, devenu la référence depuis longtemps pour celles et ceux cherchant des idées où voulant s’informer des produits disponibles sur le marché.

Originaire de Saint-Nérée, Nadia Fournier est celle qui rédige le volume depuis 14 ans. Son plus récent ouvrage, Le Guide Phaneuf 2021, est sur les tablettes depuis quelques semaines à peine.

« J’ai grandi à Saint-Nérée, j’y ai passé une grande partie de ma jeunesse, jusqu’à ce que je quitte pour le cégep. Si ce n’était pas de la pandémie, j’y passerais une grosse partie du temps des Fêtes », confie l’auteure qui avoue que l’arrivée de la Covid-19 en mars dernier a bousculé son agenda.

« Il y a eu une grève au port de Montréal, ce qui a ralenti la mise en marché de plusieurs vins de spécialité. Tout était un peu désorganisé et ce fut plutôt une bataille pour obtenir les échantillons envoyés depuis l’Europe et l’Amérique du Sud et d’ailleurs. »

Nadia Fournier rédige le Guide des vins Phaneuf depuis 14 ans maintenant.

Si elle a dû changer certaines de ses habitudes pour mener à bien son projet, le fait d’être seule chez elle lui a donné davantage envie de communiquer de façon plus personnelle avec les lecteurs et de les interpeller davantage. « Je n’ai pas changé la formule qui est généralement éprouvée. La pandémie a toutefois permis d’ajouter une touche plus personnelle, particulièrement dans l’écriture. »

La rédaction d’un ouvrage aussi réputé a ses exigences et si elle se nourrit habituellement des commentaires de son entourage, Nadia Fournier a dû se résoudre à agir différemment pour la 40e édition du volume. «J’ai l’habitude l’été, quand j’ai terminé mes journées de travail, d’aller partager mes bouteilles avec des amis autour de la maison, mais cette année, ce fut différent. J’ai tellement le nez dedans à l’occasion que je ne voyais pas certaines choses. Je n’avais pas les grandes tablées avec des amis, alors j’ai nourri mon univers différemment et peut-être mis davantage de créativité. »

Une pandémie dure pour l’industrie

Le travail de Nadia Fournier est naturellement de donner son avis sur les vins disponibles et leur origine, mais aussi de suivre l’actualité sur le domaine autant au Québec qu’à l’échelle mondiale. « 2020 n’a rien changé pour les vignes, sinon pour la main-d’œuvre étrangère qui est arrivée plus tard qu’à l’habitude. Dans la mise en marché toutefois, comme plusieurs industries ont dû se réinventer, tout ce qui était de l’importation privée soudainement n’était plus vendu en restauration. Il y a certaines régions du monde qui y ont goûté, notamment en Espagne où ils ont dû détruire des raisins en les envoyant au compost ou à la fabrication de spiritueux. L’Afrique-du-Sud aussi, car le vin n’a pas été déclaré service essentiel, contrairement à la Californie ou la plupart des pays d’Europe. »

Au début du confinement, Nadia Fournier a observé que la consommation d’alcool a possiblement grimpé en raison de l’effet soudain et nouveau de la situation. « La SAQ a vendu beaucoup plus de vin (près de 7 %), en volume et en valeur, sauf que les vins les plus chers se sont moins vendus. Il y avait une espèce d’euphorie. L’ambiance est aujourd’hui un peu différente. Les gens ont constaté que l’alcool ralentit un peu la productivité et plusieurs de mes amis ont choisi de changer de régime. Aujourd’hui, c’est davantage buvons modérément et essayons de faire du sport. »

La Bellechassoise d’origine suit naturellement avec grand intérêt l’évolution des vins québécois et les tendances de l’agroalimentaire, notamment dans Bellechasse. Elle rappelle que si avant, les Cantons-de-l’Est, la Montérégie et les Basses-Laurentides retenaient surtout l’attention, il y a aujourd’hui de bons produits partout. « J’ai été assez surprise par certains produits dans Bellechasse, car on a un climat assez frais. Quand le vent souffle sur les basses terres, il souffle fort. Ça a été franchement de belles découvertes pour ces raisons. »

Elle ne s’étonne d’ailleurs pas de voir la région prendre sa place sur l’échiquier, notamment pour les vins, mais aussi pour d’autres produits comme la bière ou certains spiritueux. « Bellechasse a toujours été créatif et débrouillard. Il y a des produits qui méritent que l’on s’y attarde, car ils sont élaborés avec sérieux et beaucoup de rigueur, autant que s’ils étaient faits avec des raisins. Ça peut donner de belles vertus gastronomiques. »

Nadia Fournier invite tout de même les gens à se gâter pour la période des Fêtes actuelle, même si les occasions de festoyer seront inévitablement limitées. « Il y a des gens qui n’ont jamais osé découvrir certaines choses, alors que ce serait peut-être le temps de le faire. Par exemple, que ce soit au niveau de vins très prestigieux, plutôt que boire trois bouteilles au repas, on en boira seulement une et on va l’apprécier. Peut-être aussi que certains pourraient acheter trois bouteilles et les ouvrir, mais ne pas les terminer pour les voir évoluer. Tout ça pour se donner le temps de déguster et apprécier plus longuement. »

Elle suggère aussi d’en profiter pour découvrir certains attraits à proximité. « Plusieurs se disent qu’il faudrait bien, un jour, que j’aille à tel ou tel endroit ou que j’achète telle ou telle chose. Il y a plein d’éleveurs, de producteurs de vins, de fromages, de pain ou autres près de chez soi. Aller à la rencontre des gens qui façonnent le goût de la région où vous demeurez, c’est un bon moment pour les découvrir. »

Elle croit en terminant à l’importance d’acheter localement. « Avant, pour le travail, j’étais constamment en voyage et je manquais de temps pour découvrir ma région ou mon Québec. On a la chance, même si c’est un peu forcé, de prendre racine et de se réapproprier le territoire où l’on vit. »