Un hiver difficile pour le chevreuil et le dindon sauvage

FAUNE. L’hiver 2018-2019 aura assurément été rude pour certaines espèces animales dans la région selon le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, particulièrement chez les populations de cerfs de Virginie et de dindons sauvages.

Selon le biologiste Jean-François Dumont de la direction régionale du ministère, la quantité abondante de neige reçue au cours de l’hiver a eu un effet indéniable sur les animaux vivants en forêt, mis à part l’orignal qui ne devrait pas être touché outre mesure. «Clairement, l’hiver 2018-2019 aura eu un impact, autant chez les cerfs que les dindons sauvages.»

Les pertes potentielles ne seront donc pas attribuables au comportement des prédateurs, mais davantage aux intempéries. «Le prédateur le plus efficace est le coyote, mais c’est un mauvais chasseur dans la neige. Ils peuvent à l’occasion devenir opportunistes et profiter d’un animal blessé qui devient vulnérable», précise-t-il.

Des stations de mesure, installées un peu partout dans la région, ont démontré que les précipitations ont été abondantes au cours de l’hiver, particulièrement au nord et à l’est. Ce que le ministère surveille davantage toutefois, c’est de savoir si les surfaces de neige au sol peuvent supporter le poids d’un animal.

Des pertes substantielles sont à prévoir chez les populations de chevreuil de la région en raison du dernier hiver.

«À notre station d’Armagh, d’après les chiffres qui remontent à 1976, c’est la deuxième saison la plus rigoureuse pour la faune après celle de 2001. Dans le secteur de Saint-Théophile – Armstrong, l’enfoncement a atteint presque le double de la normale, mais l’enneigement n’a pas été si important, c’est donc un hiver modéré. À Saint-Joseph, la réalité est à mi-chemin entre les deux autres. Sommairement, les cerfs plus au nord de la zone 3 Est sont ceux qui ont eu le plus de difficultés», note M. Dumont.

Responsable de la Zec Jaro en Beauce, Gilles Paquet fait un peu le même constat. «Chez-nous, les grosses bordées sont passées par-dessus notre territoire et nous avons remarqué beaucoup de petits et en forme. Après Saint-Georges, donc Beauceville et même Sainte-Marie, là, il y a eu plus de neige. Forcément, les populations locales ont dû avoir plus de difficultés. Vers l’est, on peut anticiper un taux de mortalité plus élevé.»

L’accès à la nourriture fait foi de tout

Jean-François Dumont ajoute que dans le cas du cerf, c’est la quête de nourriture qui devient difficile. Des survols effectués au cours de l’hiver ont permis de constater que les ravages étaient plus mobiles dans le secteur de Saint-Georges que dans ceux de Montmagny, Sainte-Claire ou Saint-Nérée et Saint-Raphaël à titre d’exemple, où ils essayaient de conserver leur énergie vulgarise-t-il.

Le printemps est toujours synonyme de l’apparition des chevreuils en bordure de certaines routes

Les principales pertes à prévoir sont chez les nouveau-nés, anticipe Jean-François Dumont. «Les premiers à mourir sont les faons, car leur corpulence ne leur permet pas toujours de survivre. Ensuite viennent les mâles, car la période du rut à l’automne est dure pour eux. Ils y investissent beaucoup d’énergie et cessent de se nourrir, alors quand arrive l’hiver, ils ont déjà perdu beaucoup de masse corporelle. Les femelles sont généralement très résistantes à l’hiver.»

L’orignal sera possiblement l’exception du dernier hiver selon lui, l’espèce étant mieux outillée pour faire face aux intempéries. «L’orignal est un animal qui est bâti pour résister au froid et à la chaleur. Malgré de grandes quantités de neige, il peut réussir à avoir une certaine mobilité.»

Gilbert Paquet s’attend à ce que des restrictions sur la chasse soient instaurées pour permettre de maintenir des populations adéquates pour la chasse. «Il se pourrait que les permis à la femelle soit enlevés cette année en raison de l’hiver difficile, assurément pour le chevreuil, mais peut-être aussi pour l’orignal. Il est bien d’avoir un mécanisme de contrôle pour cette raison.»

Quant aux dindons sauvages, ils se nourrissent beaucoup au sol, ajoute le biologiste qui prévoit que les premières neiges de l’automne, qui sont demeurées en grande partie au sol, leur ont assurément causé des soucis. «On n’avait jamais vu autant de dindons sauvages dans la région. À la mi-novembre, une couche de neige est devenue permanente et au cours des semaines qui ont suivi, le dindon n’a pu se nourrir. C’est avec les prochaines données de chasse qui vient de se terminer que l’on saura plus précisément quel impact aura eu l’hiver sur eux», conclu Jean-François Dumont.