Des golfeurs font abstraction des violations des droits humains en Arabie saoudite

ST ALBANS, Royaume-Uni — Graeme McDowell admet qu’il est «incroyablement polarisant» de se joindre à une nouvelle ligue de golf dissidente financée par l’Arabie saoudite. Il en a même fourni une raison.

«Prenez l’affaire Khashoggi, a-t-il dit. Nous sommes tous d’accord pour dire que c’est répréhensible. Personne ne contestera ce fait.»

Le golfeur nord-irlandais faisait allusion au meurtre de Jamal Khashoggi en 2018 au consulat saoudien à Istanbul. Les services de renseignement américains ont révélé qu’ils pensaient que le meurtre du journaliste saoudien basé aux États-Unis a été donné sur l’ordre du prince héritier, Mohammed bin Salman, qui dirige le Fonds public d’investissement. Le prince nie tout acte répréhensible dans cette affaire.

Le fonds souverain saoudien fournit des centaines de millions de dollars en frais d’inscription et en bourses qui contribuent à détourner les joueurs des circuits établis et compromettent leur participation aux tournois majeurs et à la Coupe Ryder.

Cette nouvelle ligue est la plus récente initiative de l’Arabie saoudite pour redorer l’image du pays en tant que généreux parraineur d’événements sportifs au lieu d’être associé aux violations des droits de la personne, ce que les groupes de défense des droits appellent le «sportswashing».

McDowell a tenté d’éviter de parler des particularités du pays avec lequel il s’associe effectivement.

«J’ai vraiment l’impression que le golf est une force du bien dans le monde. J’essaie simplement d’être un excellent modèle pour les enfants, a-t-il confié. Nous ne sommes pas des politiciens. Je sais que vous détestez cette expression, mais nous ne le sommes vraiment pas, malheureusement. Nous sommes des golfeurs professionnels.

«Si l’Arabie saoudite voulait utiliser le golf comme un moyen d’en arriver là où ils veulent être et qu’ils ont les ressources pour accélérer cette expérience, je pense que nous sommes fiers de les aider dans cette aventure en utilisant le sport du golf et les capacités que nous avons pour aider à développer le sport et les emmener là où ils veulent être.»

Cette aventure, a-t-on demandé à McDowell, aide-t-elle les femmes opprimées en Arabie saoudite, les personnes LGBTQ dont le droit de vivre librement est criminalisé, les travailleurs migrants dont les droits sont violés, les victimes du bombardement saoudien du Yémen, ou les 81 hommes exécutés par le royaume en mars?

«J’aimerais avoir la capacité d’avoir cette conversation avec vous, a reconnu McDowell. En tant que golfeurs, si nous essayions de remédier aux situations géopolitiques dans tous les pays du monde où nous jouons au golf, nous ne jouerions pas beaucoup au golf. C’est une question à laquelle il est très difficile de répondre.

«Nous sommes juste ici pour nous concentrer sur le golf et sur ce qu’il fait à l’échelle mondiale pour offrir des modèles.»

Les propos de McDowell ont trouvé écho auprès de Dustin Johnson: «Je dirais à peu près la même chose. Je suis d’accord avec ce qu’a dit Graeme.»

Longue réflexion

Johnson, double vainqueur de tournois majeurs, a d’ailleurs confirmé qu’il tourne le dos au circuit de la PGA pour se joindre à cette nouvelle ligue dissidente.

Le tournoi inaugural de ce circuit, qui offre une dotation de 25 millions $ US, se déroule à partir de jeudi au club Centurion de St. Albans, au nord de Londres.

Johnson a révélé qu’il «lui a fallu réfléchir longuement et sérieusement» avant de quitter le circuit de la PGA, mettant apparemment fin à ses espoirs de participer à la Coupe Ryder avec les États-Unis.

«En fin de compte, j’ai décidé de venir et de jouer, a confié Johnson présent au club Centurion. Je suis excité à cette idée. Évidemment, la Coupe Ryder est incroyable et elle a beaucoup compté pour moi. … J’espère que j’aurai l’occasion d’y jouer encore, mais je ne fixe pas les règlements.»

Johnson, dont la dernière victoire remonte à l’International saoudien en 2021, occupe le 15e rang mondial, le golfeur le mieux classé du plateau. Il a occupé le sommet de la hiérarchie mondiale plus longtemps que n’importe quel autre joueur depuis Tiger Woods.

«J’ai choisi ce qui est le mieux pour moi et ma famille», a-t-il poursuivi, pour expliquer sa décision de rejoindre l’entreprise saoudienne dirigée par Greg Norman.

Note aux lecteurs: Version corrigée, Johnson occupe le 15e rang mondial et non le 13e.