Les Spurs comptent bien établir le record d’assistance pour un match de la NBA

Un animal ayant péri sur l’autoroute: au début, c’était l’image peu attirante qu’inspirait à certains l’Alamodome, où les Spurs se préparent à établir le record d’assistance dans la NBA vendredi, face aux Warriors.

«La blague était qu’avec les montants, on dirait un tatou qui a été frappé par une voiture, les pattes en l’air, a dit Char Miller, qui a enseigné l’histoire et l’urbanisme durant 26 ans à Trinity University à San Antonio, à compter de 1981. Une bête tuée sur la route, ce n’est pas vraiment l’image que vous voulez avoir pour un stade.»

L’assistance record dans la NBA est 62 046 personnes pour un duel Chicago-Atlanta au Georgia Dome, le 27 mars 1998.

Mercredi, les Spurs ont annoncé avoir déjà vendu 63 592 billets.

En incluant les places debout, il est possible que le chiffre final s’approche de 68 000 personnes. 

Bâti au coût de 186 M $, l’Alamodome a hébergé les Spurs dès qu’il a été complété, en 1993, et ce jusqu’au déménagement au AT&T Center, en 2002. L’endroit est depuis 2011 le domicile de l’équipe de football de l’UTSA.

«Ayant couvert la NBA et la FIBA dans quelques dômes – Toronto et San Antonio dans la NBA, Indianapolis à la Coupe du monde, l’Alamodome était le plus impersonnel», a confié Doug Smith du Toronto Star, qui couvre les Raptors depuis leurs débuts, en 1995. 

«Beaucoup de béton, beaucoup d’espace. L’édifice n’était pas si terrible, mais il faisait froid.»

Il reste que le site peut certainement accueillir de vastes foules.

«Ces endroits-là peuvent devenir très bruyants et intimidants», a dit le natif du West Island de Montréal Bill Wennington, qui a remporté trois titres de la NBA avec les Bulls, de 1996 à 1998.

«J’ai été chanceux, j’avais déjà été plusieurs fois dans un dôme. Avec St. John’s, on allait jouer chaque saison au Carrier Dome, devant 33 000 personnes. Avec les Bulls, j’ai aussi participé au match du Georgia Dome.»

Wennington en est à sa 20e année comme analyste à la radio pour les matches des Bulls.

Selon Miller, il y a de l’amertume, car l’Alamodome n’a pas attiré un match du Super Bowl, un club de la NFL ou une équipe du baseball majeur, dans cette ville se classant septième aux États-Unis pour la population.

«Je ne vois pas l’Alamodome comme un succès, dans la mesure où il est sous-utilisé. De gros événements le gardent dans le coup, mais les promesses des promoteurs ne se sont pas matérialisées, a dit Miller, auteur de plusieurs livres, dont ‘San Antonio – A Tricentennial History’, ‘Deep in the Heart of San Antonio’ et, plus récemment, ‘West Side Rising’, également sur cette ville. L’impact économique n’est pas à la hauteur de ce qu’on a fait miroiter.

«Les angles de vue pour le football sont excellents, mais l’endroit est gigantesque. Le secteur a déjà été névralgique, mais construire le stade en a rendu l’accès difficile, et il y a peu de verdure aux alentours. Surtout comparé au AT&T Center, où l’aménagement est vraiment très joli.»

Et les résidents ne peuvent plus vraiment espérer l’arrivée du circuit Goodell à San Antonio.

«La ville s’est beaucoup développée, mais le marché de télé est trop petit», a continué Miller, qui enseigne depuis 2007 l’histoire et l’analyse environnementale à Pomona College, en banlieue de Los Angeles. 

«Même si la ville pourrait assurément supporter un club de la NFL, Dallas et Houston trouveraient que ça empièterait sur leurs marchés. Si jamais la NFL ou la MLB se penchaient sérieusement sur le cas, la première demande serait de construire un nouveau stade. Ça ne va tout simplement pas arriver.»

Le site du stade ayant été occupé durant 105 ans par la fonderie Alamo Iron Works, il y avait dans le sol une quantité importante de restes de fer et autre métaux lourds. Les résidents des environs immédiats ont déposé trois poursuites faisant valoir que l’excavation a dispersé du sol contaminé dans l’air ainsi que sur des écoles, des parcs et des maisons.

«Les tribunaux ont rejeté leurs plaintes, mais la tempête politique a été tout aussi toxique pour le conseil municipal, a relaté Miller. La ville de San Antonio a dépensé plus de 3 millions $ en frais légaux et environ 6,4 millions $ pour retirer les débris toxiques.»

En vue notamment de la finale du March Madness de 2025, le stade a lancé sa plus récente vague de rénovations à la fin de 2022. La finale du March Madness de 2018 a eu lieu au Alamodome. Donte DiVincenzo, qui joue avec les Warriors, a récolté 31 points pour aider Villanova à battre l’Université du Michigan.

Champions de la section Conference USA ces deux dernières saisons, les Roadrunners ont attiré en moyenne 28 917 personnes au Alamodome l’an dernier.

Ce sera un mois faste pour la bâtisse: le 28 janvier, la WWE y présentera une troisième fois le Royal Rumble, après 1997 et 2017.

Golden State a été champion quatre fois depuis huit ans, mais en 2007, ce sont les Spurs qui pouvaient s’en vanter, grâce notamment à David Robinson et Tim Duncan. L’équipe a aussi tout raflé en 2014.

Également à la feuille de route du stade: le match des étoiles de la NBA en 1996.

«Damon Stoudamire des Raptors et Bryant Reeves des Grizzlies (de Vancouver) étaient au match des recrues, a confié Smith. Il y avait une belle ambiance, mais les places pour les médias étaient très loin de l’action. 

«Le relationniste des Raptors s’est assuré de m’amener au bord du terrain pour les hymnes nationaux, parce qu’une Canadienne vraiment ‘cool’ allait chanter ‘O Canada’ : ç’a été la première fois où j’ai vu Shania Twain.»

Stephen Curry a obtenu 24 points à son retour au jeu mardi contre Phoenix, après une absence de 11 matches à cause d’ennuis à l’épaule gauche.

Champions en titre de la NBA, les Warriors ont tout de même perdu un troisième match de suite, 125-113.

Jadis appelés les Chaparrals de Dallas et du Texas, les Spurs célèbrent leurs 50 ans à San Antonio. 

Ils planifient d’ailleurs toute une fiesta, vendredi (19h30, TSN2).

À la demie, Tag Team y sera pour interpréter leur tube de 1993, «Whoomp ! (There It Is)». Avant le match, l’hymne américain sera chanté par Ally Brooke, qui est native de San Antonio.

Aux abords du terrain, il y aura deux barques emblématiques de la rivière San Antonio, célèbre pour sa promenade. Il y aura aussi des feux d’artifice au terme de la rencontre.

En date de lundi soir, les Spurs avaient déjà vendu 61 500 billets. Miller croit que ce sera effectivement une belle soirée en ville.

«Absolument, dit-il. C’est quelque chose d’unique. Je ne pense pas que ‘Coach Pop’ soit totalement ravi, ce n’est pas son style de vouloir tous ces extras, mais on déteste les Warriors et l’esprit va être, ‘allons-y et crions un peu’. Il y a quelque chose de purifiant dans l’idée de se retrouver dans une grande foule pour lâcher son fou.»