Parc régional vs motoneige: un enjeu de sécurité seulement

MOTONEIGE. La direction du Parc régional Massif du Sud indique ne pas s’être opposé à un droit de passage du Club de motoneige des Etchemins, mais plutôt avoir répondu à une consultation du ministère de l’Énergie sur la pertinence de renouveler les droits de passage du club.

Pour le maire de Saint-Philémon et président de la Corporation d’aménagement du Massif du Sud, Daniel Pouliot, le débat n’est pas très complexe. Le Club de motoneige des Etchemins ne semble pas être en accord avec l’enjeu de sécurité évoqué par le parc régional.  «Dans un premier temps, on en parle depuis trois ans de cet aspect sécurité. On semble ne pas être d’accord sur ce point. Si c’est le cas, demandons à une tierce personne de déterminer s’il y a un enjeu de sécurité ou non. Aussi, nous n’avons fait que répondre à une demande du ministère à savoir s’il y avait des enjeux de sécurité ou non. Aucun organisme ne peut prendre la place du ministère et rendre une décision. Nous nous sommes engagés à initier des solutions à plusieurs niveaux.  Aucune décision n’est prise.» Cette mise au point fait suite à une rencontre de la corporation jeudi où le sujet a été abordé.

Statu quo conditionnel?

M. Pouliot ajoute qu’une demande a été acheminée au ministère de prolonger d’un an le droit de passage actuel. «Il est sûr que l’on devra mieux communiquer. Nous avons proposé un sentier alternatif pour la motoneige, mais pas de réponse du club. Nous avons aussi proposé des choses au parc, mais pas de retour non plus. J’y suis allé à quelques reprises l’hiver dernier et je l’ai remarqué. Des motoneigistes ne font pas leur arrêt obligatoire. Ils circulent devant nos containers à déchets dans le Massif à Saint-Philémon et nous avons le même problème. On ne veut pas sortir les motoneiges, au contraire, on travaille pour maintenir le lien avec Saint-Philémon. Ce bout-là fait aussi partie de l’équation. À la municipalité, on se fait rentrer dedans pour ça.»

La mairesse de Saint-Magloire, Marielle Lemieux, semblait surprise de l’initiative du parc régional de s’opposer à un droit de passage dédié aux motoneigistes, elle qui siège pourtant au conseil d’administration de l’organisme à titre de vice-présidente. «Je savais qu’il y avait un enjeu de sécurité, que des rencontres se sont faites sur le sujet et que les relations étaient tendues.»

Mme Lemieux et des intervenants de sa localité travaillent depuis quelques mois déjà pour le retour d’un service d’essence à Saint-Magloire. La situation actuelle arrive à un bien mauvais moment. «On veut un service d’essence entre-autre pour garder les motoneiges. C’est une économie locale importante. Le casse-croûte est toujours en fonction actuellement, mais les gens qui s’en occupent sont près de la retraite.»

Elle espérait un moratoire d’un an pour permettre de trouver une solution. «Depuis 1991 que les motoneiges sont là et ça marche. Les deux MRC ne sont pas contre la motoneige, nous venons d’investir justement avec le club pour l’achat d’une resurfaceuse. Les deux entités sont aux faits de la problématique de sécurité et devront se parler pour trouver une solution. La solution doit être commune.»

À Sainte-Sabine, le maire Simon Tanguay est catégorique. «Le sentier 549 doit demeurer et c’est non-négociable, car c’est un moteur économique pour la municipalité et toute la région. Quand les gens viennent au relais à Sainte-Sabine, la plupart prennent ensuite la route du Massif pour aller dans ce secteur. Peu importe la façon, ils se doivent de cohabiter. C’est inadmissible de faire un cul-de-sac avec la 549. Il y a des pistes cyclables qui traversent les routes, alors il faut que motoneiges et activités de plein air cohabitent. Ce sentier était là bien avant l’arrivée du ski de fond et de la raquette dans le secteur», insiste M. Tanguay, dont la localité a incidemment adopté une résolution d’appui au Club de motoneige des Etchemins, demandant elle aussi que le tracé actuel demeure, le temps qu’une solution soit trouvée.

Le préfet de la MRC des Etchemins, Richard Couët est lui aussi au fait qu’il existe une problématique de sécurité dans le parc régional. «Je ne suis pas au fait de tous les détails du dossier, mais j’ai l’intention de pousser le dossier pour que la motoneige fonctionne, tout en s’assurant de ne pas mettre nos skieurs en danger. Que des motoneigistes soient indisciplinés, on sait que ça arrive, sans oublier la présence des motoneiges hors-pistes, clientèle que les présidents des clubs de motoneige de la région ne contrôlent pas. Il y a assurément des solutions à cela, sans avoir à faire de grands détours. Est-ce que je suis capable de tasser ma piste de ski de fond au même titre que je peux le faire avec celle de motoneige ?»

Comme élu qui souhaite favoriser l’activité économique, Richard Couët entend tout faire pour que la motoneige continue de circuler dans le parc régional. «On sait que la motoneige a un impact important sur l’économie de notre territoire. Le Massif du Sud, ce n’est pas rien non plus et ça offre des activités qui rejoignent beaucoup de gens, alors c’est important de s’entendre et pour cela, il faut faire des compromis. Il y a des motoneigistes qui arrivent des États-Unis, qui traversent notre région et poursuivent leur route par la suite.»

Il ajoute toutefois que le résultat final doit être que les motoneigistes puissent continuer à circuler dans le parc tout en assurant la sécurité des skieurs. «Cela ne tient pas compte motoneigistes hors-pistes qui sont délinquants partout, même si on semble avoir bien réussi à les contrôler du côté de Saint-Luc. Ce n’est pas un groupe facile à canaliser, car ils brisent même des sentiers de motoneiges avec leurs machines. La motoneige est un sport bien encadré et c’est plaisant de circuler sur des pistes bien entretenues.»

(Avec la collaboration de Serge Lamontagne)