Gérald Ouellet et Monique Grenon: 50 ans à servir le public

HÔTELLERIE. Les clients qui ont fréquenté le Manoir Lac-Etchemin au cours des 32 dernières années ont assurément croisé sur leur passage le maître d’hôtel Gérald Ouellet, de même que son épouse Monique Grenon. De fait, qui ne les connaît pas ?

Si Mme Grenon a pris, il y a deux ans, une retraite bien méritée après 50 années dans le domaine de la restauration et de l’hôtellerie, son époux est toujours actif au Manoir. À 70 ans, il compile lui aussi 50 années d’expérience dans le domaine de l’hôtellerie, dont 32 ans comme maître d’hôtel, un métier peu commun en région.

C’est en 1969 que Gérald Ouellet, qui est natif de Trois-Pistoles dans le Bas-du-Fleuve, amorçait sa carrière en tant que serveur au Cercle universitaire de Québec, endroit où se donnait le cours d’hôtellerie de Québec, à l’époque. M. Ouellet souligne que c’est un peu par hasard qu’il a choisi le monde de l’hôtellerie et le métier de maître d’hôtel.

«Quand je suis entré au Cercle universitaire en 1969, je venais de terminer mon cours classique et je devais entrer à l’université, sans trop savoir dans quel domaine m’en aller. En attendant, j’avais décidé de travailler et comme le Cercle universitaire donnait le cours d’hôtellerie, j’ai pu apprendre le métier tout en travaillant et j’ai aimé cela tout de suite», précise celui qui dit avoir toujours apprécié le contact avec le public et le côté non routinier de l’emploi.

En 1970-71, il faisait son entrée au Château Frontenac, toujours comme serveur, avant de se retrouver Chez Lorenzo, dans le secteur Limoilou, endroit où il a travaillé pendant 5 ans et où il a fait la connaissance de Monique Grenon, qui allait devenir son épouse.

Originaire de Saint-Camille, cette dernière a fait ses débuts dans le domaine de l’hôtellerie et de la restauration à l’âge de 17 ans. «Mon père avait un restaurant à Saint-Camille, mais j’y ai peu travaillé à cette époque. J’ai vécu huit ans à Sherbrooke et j’ai commencé à travailler dans un petit restaurant de l’endroit comme serveuse. En arrivant à Québec, j’ai décidé de suivre mon cours d’hôtellerie et c’est à partir de ce moment que j’ai commencé à travailler chez Lorenzo», précise-t-elle.

Pendant près de 18 ans, Gérald et Monique ont œuvré du côté de la Vieille Capitale. Après le Cercle universitaire, M. Ouellet a travaillé au Château Frontenac et Chez Lorenzo, tant à Limoilou qu’à Sainte-Foy, avant de devenir directeur de la restauration au Château Bonne-Entente en 1980, puis de se retrouver au Bistango.

Après l’un incendie qui a détruit l’édifice de Chez Lorenzo à Limoilou en 1977, Monique Grenon a œuvré au Deauville de 1977 à 1983, puis au Beaugarte en même temps que Gérald travaillait au Bistango.

Gérald Ouellet occupe une fonction peu commune en région, soit celle de maître d’hôtel, poste qu’il occupe depuis 32 ans au Manoir Lac-Etchemin.

Déménagement à Lac-Etchemin

1987 représente une année charnière pour le couple qui décide de déménager la famille du côté de Lac-Etchemin, où ils joindront l’équipe du Manoir Lac-Etchemin.

«Mes frères Jacques et Jean-François travaillaient au service à ce moment et un agrandissement était en cours. Ils nous ont dit qu’ils avaient besoin de personnel et comme on était encore jeunes, on a décidé de venir. On a pris une chance et l’adaptation s’est faite rapidement», précise Monique.

Pendant plus de 30 ans, le couple a travaillé ensemble au Manoir : Monique en tant que serveuse dans la salle à manger, dont elle était responsable pendant toutes ces années, puis Gérald à titre de maître d’hôtel. «Je faisais aussi du service, car c’était important pour moi de travailler sur le plancher avec les employés. Juste faire du bureau, je n’aimais pas cela vraiment», précise-t-il.

En tant que maître d’hôtel, Gérald Ouellet est responsable de la formation du personnel, avec lequel il travaille en étroite collaboration. Il est également en charge de la conception des horaires, du montage des salles ainsi que des inventaires. Il doit également avoir des connaissances en cuisine et en sommellerie, mais ne s’occupe ni des chambres ni de la réception.

Il s’agit d’un beau métier selon lui, mais pour lequel il y a de moins en moins de formations disponibles, car peu de jeunes sont intéressés à travailler les week-ends. «Ici au Manoir, on a la chance d’avoir beaucoup d’étudiants qui sont intéressés et qui nous aident les fins de semaine. Ceux que nous avons sont excellents, ils sont avec nous pendant 2, 3 ou même 4 ans, mais on sait qu’ils vont malheureusement partir un jour», indique-t-il.

Gérald Ouellet en compagnie de Rhania Lacorre, copropriétaire du Manoir Lac-Etchemin.

Belle complicité avec les propriétaires

Depuis leur arrivée au Manoir Lac-Etchemin, Gérald et Monique ont vécu trois administrations différentes. Après avoir travaillé pendant deux ans avec Louisette et Rosario Jolin, ils ont œuvré pendant 21 ans avec leur fille Claude, qui a été propriétaire de 1989 à 2010. Depuis ce temps, ce sont Rhania et Fabien Lacorre qui sont en selle.

«Une période d’adaptation a été nécessaire au début. C’était très différent du fait qu’ils arrivaient de l’extérieur. Ce sont des gens très à l’écoute du public et très humains. Ils se sont rapidement adaptés et sont très présents», mentionnent-ils.

Gérald se dit très heureux de travailler avec ces derniers, car cela lui permet de continuer à temps partiel depuis quelques années. «Certaines semaines, je travaille de 15 ou 20 heures alors que d’autres, j’en fais 40. C’est moi qui choisis mes heures», souligne le maître d’hôtel maintenant âgé de 70 ans.

Un métier gratifiant

Comme le domaine de l’hôtellerie oblige les gens à travailler beaucoup les soirs et les week-ends, ils reconnaissent que c’était un avantage pour eux de faire le même métier. «Souvent, c’était moi qui faisais les horaires. Si Monique avait fait un autre métier, ça aurait été plus difficile», convient M. Ouellet qui reconnaît que peu de gens sont intéressés à travailler cinq jours par semaine ou les week-ends à temps plein comme ils l’ont fait pendant toutes ces années.

Une histoire de famille

En plus d’eux-mêmes, les deux enfants du couple, Christian et Isabelle, ont travaillé pendant plusieurs années au Manoir. «C’était une belle histoire de famille. Nos enfants ont payé leurs études en travaillant ici. Isabelle est ensuite allée travailler au Château Frontenac avant de s’exiler aux Bermudes, ce qui l’a mené à son emploi d’agente de bord pour Air Canada depuis 9 ans», précise Gérald.

«Ça prenait de bonnes gardiennes au départ. Nos enfants étaient très responsables et venaient souvent au Manoir avec nous. On faisait des pièces de théâtre dans le cadre des Noëls en automne et ils participaient avec nous», se rappelle Monique.