Sainte-Justine : des moments difficiles pour la restauration

AFFAIRES. La pandémie a mis à mal plusieurs pans de notre économie depuis près de deux ans, dont le domaine de la restauration qui, on le sait, a été fragilisé par les nombreuses fermetures et réouvertures décrétées par le gouvernement Legault. La problématique est ressortie en pleine saison touristique, l’été dernier à Lac-Etchemin, mais elle est également présente ailleurs sur le territoire etcheminois.

Maire de Sainte-Justine, Christian Chabot est à même de constater les difficultés que connaît cette industrie dans sa localité, sans oublier les bars qui vivent, eux aussi, des moments difficiles.

« Pendant quelques années, on avait un assez bon nightlife avec le Bon Gîte et Resto-Pub El Toro qui servaient des repas et agissaient comme bar également. M. Audet, au Bon Gîte, offrait toujours des déjeuners qui s’adressaient principalement aux travailleurs et aux forestiers, mais tout s’est arrêté quand le gouvernement a fermé les salles à manger à la fin du mois de décembre. Est-ce que tout cela reprendra une fois que les salles à manger seront rouvertes, on ne sait pas, mais on l’espère », indiquait le maire récemment.

Après la récente fermeture des salles à manger décrétée à la fin du mois de décembre, seul le restaurant l’Incognito est demeuré en activité en maintenant son service de mets à emporter, du jeudi au dimanche. Lors des premières vagues de fermetures en 2020 et 2021, sans oublier les problématiques de main-d’œuvre qui ont suivi, le propriétaire Martin Chabot avait décidé de ne plus servir de déjeuner, de réduire sensiblement la capacité de sa salle à manger et de miser sur le take-out.

Si les salles à manger, dont la sienne, peuvent à nouveau accueillir des clients depuis lundi, M. Chabot avoue que la situation n’est pas facile et qu’il lui serait plus facile (et possiblement plus économique) de fermer. Depuis plusieurs mois, à raison de deux jours par semaine, ce dernier fait d’ailleurs la livraison de médicaments pour la pharmacie locale.

Martin Chabot, propriétaire du Restaurant L’Incognito de Sainte-Justine, dans son établissement.

« L’argent que je gagne là, je le réinvestis dans mon restaurant », mentionne-t-il en ajoutant que malgré tout, lui et son équipe tiennent le fort du mieux qu’ils le peuvent.

« On reste positif et on est heureux que les gens continuent à nous encourager, même si c’est du take-out et qu’on a des heures restreintes », indiquait-il en ajoutant que s’il se réjouissait de la réouverture des salles à manger à 50 % le 31 janvier, il avait hâte que la situation revienne à la normale.

« Le problème, c’est qu’en nous fermant, ils pénalisaient les vaccinés. Je ne vois pas le problème d’avoir une salle à manger ouverte à pleine capacité quand c’est ouvert uniquement aux personnes qui sont doublement vaccinées », mentionnait-il en rappelant que les deux dernières années n’ont pas été faciles pour son commerce du fait qu’il a perdu une bonne partie de la clientèle des motoneigistes et qu’il a dû trouver un nouveau fournisseur, ayant perdu celui qui le servait depuis de nombreuses années.

À cette situation s’ajoute celle du Resto-Centre, comptoir situé au 1er étage du Centre commercial Coop qui est fermé depuis le 31 décembre, mais qui devrait rouvrir au cours des prochains jours, par l’entremise d’une nouvelle propriétaire.

Sans oublier le Resto-Pub El Toro et le Bon Gîte qui sont à vendre également. Le propriétaire du Bon Gîte, Marcel Audet, a précisé qu’il avait arrêté de servir des déjeuners le 18 avril dernier et qu’il n’avait pas l’intention, malgré la réouverture des salles à manger, de reprendre ses activités avant le mois d’avril.

Propriétaire du Resto-Pub El Toro, Annie Bédard rappelle que pour des raisons de santé, elle a volontairement réduit certaines activités depuis deux ans. Les inconvénients de la COVID sont venues ajouter à son fardeau, sans oublier la pénurie de main-d’oeuvre.

« Notre salle à manger demeure ouverte les midis du mercredi au vendredi, mais elle est fermée les soirs et les week-ends. Nous nous sommes tournés vers le prêt-à-manger et le prêt à emporter qui sont de plus en plus populaires. Nous amenons aussi quelques thématiques, les week-ends, pour les mets à emporter et les gens aiment cela également », précise-t-elle.

Le Resto-Centre, qui est fermé depuis le 1er janvier, pourrait rouvrir incessamment, selon la rumeur.

Service de proximité et tourisme

Alors que la MRC des Etchemins se positionne depuis quelques années comme une destination touristique en développement, la fragilité de l’ensemble de l’industrie de la restauration est une problématique sur laquelle les élus etcheminois et le service de développement économique de la MRC des Etchemins devront se pencher, bien que la question demeure délicate, croit M. Chabot qui est aussi préfet suppléant de la MRC.

« On a un sérieux problème. Qui va devoir piloter ce dossier pour attirer des investisseurs ? Les municipalités ? Tourisme Etchemins ? On a encore deux restaurants à Saint-Camille, un à Sainte-Justine. Le service est limité à Lac-Etchemin et à Saint-Prosper, il ne reste que La Grille qui n’ouvre pas à temps plein. Que restera-t-il une fois que nous serons sortis de la pandémie ? Alors que la population des Etchemins augmente et que l’on souhaite attirer les touristes, c’est un service de proximité qui demeure important. »

Directeur du service de développement économique à la MRC des Etchemins, Richard Côté convient, lui aussi, que la situation est préoccupante et il pointe plusieurs éléments pour étayer ses dires.

« On a la pandémie d’un côté, mais il y a aussi la hausse de l’inflation, le salaire minimum qui va augmenter bientôt et, surtout, la pénurie de main-d’œuvre qui frappe cette industrie comme bien d’autres. Pour des régions comme la nôtre, ce n’est pas une bonne nouvelle », mentionne-t-il en ajoutant que si la question n’a pas encore été abordée au niveau du conseil des maires en tant que tel, celle-ci fait état de discussions à l’interne, dans les bureaux de la MRC.

« La situation de la restauration dans notre région est préoccupante et c’est la même chose dans Bellechasse. Ça prend des promoteurs qui sont intéressés, de la main-d’œuvre pour les appuyer et des conditions intéressantes pour opérer. »