Aide médicale à mourir: une idée qui fait son chemin

SANTÉ. Près d’une cinquantaine de personnes ont placé une demande pour bénéficier de  l’aide médicale à mourir en Chaudière-Appalaches depuis l’entrée en vigueur de la loi sur les soins de fin de vie, en juin 2015.

C’est le constat émis par le directeur général du CISSS Chaudière-Appalaches, Daniel Paré, devant les administrateurs de l’agence il y a quelques jours. Il a aussi été possible d’apprendre que sur les 49 demandes formulées, 35 ont finalement été administrées. 67 sédations palliatives ont aussi été accordées au cours de la même période.

Si la démarche semble faire son chemin, elle n’en demeure pas moins délicate convient Brigitte Laflamme, responsable du dossier à l’agence et qui a participé à la rédaction de la loi. «La démarche provient d’une demande des médecins qui, au départ, souhaitaient avoir un encadrement légal. Tout cela a finalement cheminé vers une pratique qui demande le consentement de la personne. C’est beaucoup lié aux croyances et à l’autodétermination.»

Les quelques refus peuvent être expliqués, précise Mme Laflamme. «Souvent, c’est l’inhabilité de la personne à prendre cette décision et à d’autres moments, certains changent d’idées et optent plutôt pour une sédation palliative continue. D’autres patients décèdent tout simplement avant la démarche. Nous pourrions aussi avoir des gens qui ne sont pas considérés en fin de vie.»

Mme Laflamme ne constate aucune différence en Chaudière-Appalaches, comparativement aux autres régions du Québec. Les établissements sont autonomes et la sédation palliative continue est souvent utilisée, étant davantage acceptée par la population puisque le décès est une mort naturelle. «Des gens, dans leurs croyances, veulent se rendre à leur dernier souffle. La sédation permet alors d’amener la personne en état d’inconscience et la mort demeure naturelle. Avec l’aide médicale à mourir, on provoque le décès.»

Elle rappelle qu’au début, quelques médecins à peine pratiquaient la démarche. «Maintenant, c’est plus répandu et ceux qui l’ont déjà pratiqué accompagnent les médecins qui composent avec l’idée pour les premières fois. Certains se disent incapables de le faire, car cela ne correspond pas à ce qu’ils veulent et il faut respecter cela.»

Un médecin est là pour soigner et non donner la mort rappelle Mme Laflamme. «Il a souvent une relation thérapeutique très forte avec son patient et lorsque celui-ci est une personne en fin de vie composant avec des douleurs intolérables, il voudra soulager ses souffrances particulièrement parce qu’il ne peut diminuer ses souffrances psychologiques ou physiques. C’est là que ce soin exceptionnel devient possible. C’est difficile de l’envisager, mais le médecin fera une objection de conscience.»

Demandes en Chaudière-Appalaches

Trois rapports déposés depuis l’entrée en vigueur de la loi

Du 10 décembre 2015 au 9 juin 2016, 6 aides médicales formulées et 4 administrées.

Du 10 juin 2016 au 9 décembre 2016, 21 demandes formulées et 14 administrées.

Du 10 décembre 2016 au 9 juin 2017, 22 demandes adressées et 17 administrées.