Après la Berce du Caucase, voici la Renouée du Japon

NATURE. Désignée comme une plante envahissante, la Renouée du Japon pousse autant près des cours d’eau que sur les terres planes. Il est difficile et long de s’en débarrasser, celle-ci pouvant tuer les autres plantes et éroder les berges.

Le directeur de l’École supérieure d’aménagement du territoire et de développement régional (ÉSAD) à l’Université Laval, Claude Lavoie confirme que les colonies de Renouée du Japon ont continué à se multiplier sur le territoire au cours des deux dernières années, surtout près des rivières Etchemin et Chaudière.

«Pour la rivière Etchemin, ça va de Saint-Anselme jusqu’à Saint-Henri. On a fait une étude dans ce secteur en 2017. On pouvait voir les plants sur «Google Earth», mais mon assistante a constaté que c’était multiplié par 100 sur le terrain», précise Claude Lavoie.

Au niveau de la rivière Chaudière, on compte des centaines de colonies sur les rives entre Saint-Georges et Lévis. Beauceville est un secteur particulièrement touché. La Renouée du Japon est aussi visible sur des terrains publics et privés.

la Renouée du Japon, en bordure de rivières

Faute de l’humain

La Renouée du Japon possède des caractéristiques la distinguant des autres plantes (voir boîte infos au bas de la page). Elle a été introduite en Amérique du Nord au début du 20e siècle comme plante ornementale, un peu à l’image de la Berce du Caucase.

«Les gens trouvaient que c’était une belle espèce de plante. Ils mettaient ça sur leur terrain, dans les villages et à proximité des rivières, sans savoir ce que c’était vraiment. La bonne nouvelle est qu’aujourd’hui, les gens connaissent mieux la plante et ses effets négatifs», pense M. Lavoie.

La partie visible de la plante (tiges, feuilles, fleurs, fruits) ne représente que le tiers de sa biomasse. Le reste est enfoui dans le sol. C’est grâce à ses rhizomes que la Renouée du Japon fait ses ravages. «Pouvant atteindre jusqu’à deux mètres en longueur, elles poussent à l’horizontale et étouffent les autres plantes. La Renouée du Japon peut percer l’asphalte, mais pas le béton, sauf si elle trouve un trou pour s’infiltrer», d’ajouter Claude Lavoie.

Patience ou laisser-faire ?

La Renouée du Japon ne possède aucun ennemi naturel. Nous avons donc le choix de la laisser évoluer ou la détruire par l’activité humaine. «Pour les grosses colonies, je prône le laisser-faire avec une possible surveillance. Au Vermont, des équipes de bénévoles font des tournées et arrachent des plants à la main chaque année, mais ça repousse tout le temps», précise Claude Lavoie.

Par rapport aux plants moyens et petits, l’excavation est nécessaire afin de retirer les tiges et racines. Il faut ensuite déposer une bâche imperméable sur la surface pour couper les sources d’eau et de lumière.

«La toile doit rester en place sur huit à dix ans afin d’éliminer les repousses. On peut aussi cloisonner le secteur de la toile. Ça dépend de la tolérance de chaque personne, car ce n’est pas très beau de voir une grande toile noire dans sa cour», soutient M. Lavoie.

La Renouée vue de près

Caractéristiques de la Renouée du Japon

– Feuilles larges et triangulaires, ou ayant la forme d’un œuf, mesurant de 7 à 15 cm (longueur) par 5 à 12 cm (largeur)

– Petites fleurs blanchâtres, en forme de goutte d’eau, réunies en grappe

– Floraison de juillet à septembre avec formation de petits fruits ailés

– Graines à l’aspect brillant mesurant 0,3 cm

– Tiges rondes et creuses, semblables au bambou, au diamètre d’un à deux centimètres avec taches rouge-violet

– Racines pouvant atteindre plus de deux mètres de profondeur

* Source : Ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques