Beaumont: des citoyens s’inquiètent de la qualité de l’eau

BEAUMONT. Une cinquantaine de citoyens ont participé à une rencontre d’information relative aux sources d’eau potable, le 31 janvier dernier à Beaumont.

La séance a permis de constater qu’il existe des inquiétudes, au sein de la population, en ce qui a trait à la qualité actuelle de l’eau et à une potentielle détérioration des sources d’eau potable dans la localité.

«La municipalité effectue régulièrement des analyses selon les paramètres du ministère de l’Environnement et de la firme Enviroservices, chargée de conseiller la municipalité dans ce domaine», a expliqué le maire de Beaumont, David Christopher, lors de la séance. «Nous continuerons de le faire en 2018 et après, à raison de trois prélèvements par année», a-t-il précisé, indiquant que les données sont prélevées sur une quinzaine de puits d’observation.

La direction régionale du ministère confirme que la qualité de l’eau est conforme aux normes, mais aussi qu’une étude hydrogéologique confirme un lien hydraulique probable entre les zones remblayées par des sols contaminés et les puits municipaux. De plus, elle confirme que l’eau souterraine sous les remblais ou à quelques mètres des remblais est contaminée.

L’ancien conseiller municipal et membre du comité environnement à la localité, Pierre-Paul Sénéchal, indique avoir sonné l’alarme à plusieurs reprises et conteste les affirmations à l’effet que les substances migrent très lentement dans le sol et qu’aucun contaminant n’a encore été remarqué dans l’eau. «Si c’est convenable aujourd’hui, ce n’est pas rassurant pour les prochaines années. C’est beau les analyses, mais pendant ce temps, on ne sait pas ce qui se passe dans le sol», a-t-il résumé.

Un saccage de territoire

M. Sénéchal s’inquiète de la situation depuis plusieurs années. Ses écrits au ministère remontent à 2010. «Il y a un site en particulier où il se fait du remblayage illicite constamment depuis les années 70. L’origine du matériel est multiple et inconnue. Le lieu en question est un milieu sensible, car les veines qui alimentent les trois puits de Beaumont sont sous ce corridor de remblayage.»

Les images prises en 2011 et montrées par l’ex-conseiller, Pierre-Paul Sénéchal, montrent des irrégularités potentielles sur la qualité des sols près de la route 279 à Beaumont.

Il a en sa possession des clichés qui viennent d’ailleurs soutenir ses affirmations. «Sur des photos, on voit des rebus d’asphalte, des liquides de différentes couleurs avec des blocs de ciment et toutes sortes de cochonneries. À la fin de l’année, le trou qui existait sur le site avait été comblé sans que des permis n’aient été émis. C’est un véritable saccage de territoire au-dessus de la nappe phréatique qui a été fait. On aurait dû lever le petit doigt à ce moment-là.»

Selon lui, Il y a bien sûr ces sols contaminés au-dessus de la nappe d’alimentation de l’aqueduc municipal, mais aussi d’autres sites dans lesquels ont été enfouies des boues industrielles contenant produits pétroliers. Retirer rapidement ces sols représente la seule solution raisonnable à son avis. «Des gens ayant des puits ont eu des épisodes de contamination potentielle. Les compagnies d’assurances ont rapidement réagi lorsque cela s’est produit en retirant le matériel potentiellement contaminé. C’était la bonne façon de faire et la plus respectueuse. Pourquoi la municipalité n’est pas en mesure de faire pareil pour ses citoyens?», se questionne-t-il.

Présent à la rencontre, Clément Lapierre de la direction régionale du ministère a assuré que le dossier est toujours à l’étude. «Les informations que l’on a indiquent que le remblayage date de plusieurs décennies. La règlementation sur l’importation de sols date de 2007. Tout ce qui a été fait avant, il n’y a pas d’infraction, sauf que comme nous n’avons pas reçu de plan correctif acceptable de la part des propriétaires, nos enquêteurs documentent actuellement le dossier et des poursuites pénales pourraient suivre, éventuellement.»

Le ministère avait confirmé en janvier 2015 que des sols contaminés, retirés du chantier du quai Paquet à Lévis, n’avaient pas été disposés de manière adéquate à la suite d’une série de reportages diffusée à TVA Québec. À ce sujet et dans le but de déterminer si des poursuites pénales seront entamées, le ministère a transmis deux dossiers, pour les deux propriétaires concernés, à sa direction des enquêtes en décembre dernier. Aucun commentaire supplémentaire ne sera fait pour ne pas nuire aux procédures en cours.

Malgré tout, M. Sénéchal rappelle qu’une mise en demeure a été émise en 2015 par le conseil municipal, invitant les personnes concernées de retirer les sols. Trois ans plus tard, aucune pelletée de terre n’a encore été faite déplore-t-il.