Buy American dans l’État de New York: peu d’inquiétudes chez Prévost et Rotobec

AFFAIRES. Le fabricant d’autocars Prévost de Sainte-Claire et l’entreprise Rotobec de Sainte-Justine ne s’inquiètent pas outre mesure du fait que l’État de New York veuille se doter de sa propre clause dite du Buy American.

Depuis quelques mois, les trois corps politiques américains (le Sénat, la Chambre des représentants et le gouverneur) travaillent chacun sur trois dispositions budgétaires afin que l’État de New York se dote d’une politique d’achat local pour les contrats supérieurs à 100 000 $ US, écrivait la semaine dernière le journal Les Affaires.

La vice-présidente aux affaires juridiques chez Volvo et Prévost, Emmanuelle Toussaint, précise que Prévost sera conforme si le projet du gouverneur Andrew M. Cuomo se matérialise. «Nous ne voyons pas ça de façon négative, car nous rencontrons déjà le Buy American Act (BAA) pour les commandes qui sont financées avec des fonds fédéraux. Nous avons une usine à Plattsburgh où il y a une ligne de production depuis 2014 et qui avait été mise en place justement pour répondre aux exigences américaines.»

La législation étudiée par l’État de New York viserait toutes les entreprises étrangères, incluant celles du Canada et du Québec. La clause du Buy America du gouvernement américain s’applique uniquement dans le transport public, mais est aussi parfois appliquée dans les projets de transport en commun. Si elle est adoptée, l’initiative proposée par le Sénat, la Chambre des représentants et le gouverneur Cuomo s’ajouterait donc à la législation fédérale déjà en vigueur et aurait sensiblement les mêmes paramètres.

«Les véhicules fabriqués à notre usine de Plattsburgh sont pour des sociétés de transports et impliquent un financement du gouvernement américain. Nos autocars qui ne sont pas livrés aux États-Unis ou pour clients privés sont fabriqués à Sainte-Claire», ajoute Mme Toussaint.

Pas de soumission publique, pas de problème

Ce constat est à peu près le même chez Rotobec à Sainte-Justine. Le PDG de l’entreprise, Robert Bouchard indique que le fabricant d’accessoires et d’équipements de manutention n’est pas véritablement touché par la menace, n’étant pas soumis à des processus de soumissions publiques. «Il y a l’aspect perception avec lequel on doit aussi composer. C’est pourquoi nous avons maintenant une usine aux États-Unis, à Littleton au New Hampshire. Comme nous avions des problèmes de main d’œuvre ici à Sainte-Justine et que nous avions déjà un centre de distribution là-bas, nous avons complété un agrandissement l’an dernier et commencé la fabrication de certains produits.»

Si les dirigeants des deux entreprises de la région semblent indifférents, il y a toutefois une inquiétude évidente chez certains secteurs manufacturiers au Canada et au Québec, car généralement, une politique d’achat local incite des entreprises étrangères à s’établir dans un pays ou à y transférer une partie de leur production et des emplois du même coup. Il y a aussi le risque que d’autres états décident d’adopter des mesures similaires ou se dotent carrément de leur propre politique d’achat local.