Davie intègre enfin la Stratégie nationale de construction navale

AFFAIRES. De passage à Lévis le 4 avril en compagnie de plusieurs élus, dont le premier ministre du Québec, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a annoncé l’intégration du Chantier Davie à titre de troisième partenaire de la Stratégie nationale de construction navale (SNCN). 

Demandée depuis plusieurs années par le chantier maritime de Lauzon et divers intervenants québécois, l’intégration permettra à l’entreprise lévisienne d’obtenir plusieurs lucratifs contrats du gouvernement fédéral.

« Je tiens d’abord à remercier les travailleurs de Davie. C’est à cause de vous qu’on a pu passer à travers ce moment difficile et avoir pu maintenir ce chantier naval au Québec. […] Avec les membres du gouvernement fédéral et ceux du gouvernement du Québec, on travaille sur ce dossier depuis plusieurs années. Aujourd’hui, on annonce que Chantier Davie devient le troisième partenaire stratégique dans le cadre de la Stratégie nationale de construction navale », a d’emblée annoncé M. Trudeau, suscitant les exclamations et les applaudissements nourris des travailleurs réunis dans un bâtiment du chantier pour l’annonce.

Rappelons qu’en mai 2019, le gouvernement du Canada avait annoncé son intention d’ajouter un troisième chantier naval canadien à la SNCN, pour se joindre aux chantiers Irving (Halifax) et Seaspan (Colombie-Britannique). À la suite de ce processus, Davie a été sélectionné et une entente a été conclue entre l’entreprise lévisienne et Ottawa.

Avec l’intégration de Davie à la SNCN, Justin Trudeau et Jean-Yves Duclos, ministre fédéral de la Santé et député de Québec, estiment que le gouvernement libéral corrige « l’injustice » commise par le gouvernement conservateur de Stephen Harper en 2011. En raison notamment de l’instabilité qui régnait au chantier maritime de Lauzon à cette époque, Davie n’avait alors pas été sélectionné comme l’un des chantiers pouvant se voir accorder des contrats de construction de nouveaux navires pour la Marine royale canadienne et la Garde côtière canadienne.

« Quand la stratégie a été lancée, Davie a été exclu par le gouvernement conservateur. Il y avait des raisons, mais nous étions préoccupés que le plus grand chantier maritime du pays et possédant une histoire de près de 200 ans ne fasse pas partie du futur de la construction navale canadienne. Il y avait du travail à faire. La direction actuelle de l’entreprise et le gouvernement du Québec ont livré la marchandise et le gouvernement fédéral devait rouvrir la stratégie pour qu’elle corresponde aux attentes des contribuables, notamment en s’assurant qu’il y ait assez de travail pour trois chantiers », a affirmé M. Trudeau.

Grâce à l’intégration, Davie pourrait obtenir les contrats pour construire sept brise-glaces pour la Garde côtière canadienne, dont un polaire. Actuellement, Ottawa évalue la valeur de ces ententes potentielles à 8,5 G$. Si des négociations sont en cours entre le gouvernement fédéral et Davie pour l’octroi de ces pactes, Justin Trudeau a fait part qu’il était « très optimiste » que les deux parties concluent une entente.

Québec accorde plus d’un demi-milliard

Pour lui permettre d’intégrer la SNCN, Chantier Davie a également pu compter sur l’appui financier du gouvernement du Québec afin de moderniser ses installations, l’une des conditions d’Ottawa. Après le discours de Justin Trudeau, François Legault, le premier ministre du Québec, et Pierre Fitzgibbon, le ministre de l’Économie de la province, ont confirmé que Québec accordait une contribution financière de 519,2 M$ à l’entreprise lévisienne. 

Les travaux de modernisation coûteront près de 840 M$. Chantier Davie paiera le reste de la note. 194 des 519,2 M$ accordés par le gouvernement provincial prendront la forme d’investissements sur lequel il aura un rendement tandis que 325 M$ sont accordés à titre de prêt pardonnable, conditionnel à l’octroi de contrats par Ottawa à Davie. Ajoutons que si le gouvernement fédéral n’accordait pas de contrat, la somme de 519,2 M$ sera remboursée par Ottawa au gouvernement du Québec, selon ce qu’a affirmé François Legault.

« C’est une belle journée. Des journées comme ça, j’en prendrais tous les jours Justin. […] Il y a beaucoup de gens qui sont battus pour que le Chantier Davie intègre la SNCN. C’est un grand jour pour Lévis, pour Chaudière-Appalaches et tout le Québec. Davie a quelque 1 100 fournisseurs québécois, l’annonce d’aujourd’hui va donc amener des retombées à la grandeur du Québec. C’est une annonce majeure. Je sais qu’il y a des négociations, mais le gouvernement fédéral veut donner à Davie des contrats d’une valeur de 8,5 G$. Wow! Cela permettra d’ajouter 1 800 nouvelles jobs payantes dans la région », s’est notamment réjoui le premier ministre du Québec.

Des dirigeants heureux

Réclamant depuis plusieurs années que le chantier maritime de Lauzon soit intégré à la SNCN, Alex Vicefield, le président-directeur général d’Inocea, l’entreprise propriétaire de Chantier Davie, et James Davies, le président-directeur général de l’entreprise lévisienne, étaient bien heureux de la nouvelle annoncée par le premier ministre du Canada

« Ensemble, nous allons combler une lacune stratégique en matière de construction navale et créer une capacité garantie pour le renouvellement de la flotte du plus grand constructeur naval du Canada. Cet accord met en évidence tout ce que Davie a accompli au cours de la dernière décennie ainsi que notre expertise et la compétence de notre main-d’œuvre québécoise. Nous pouvons maintenant nous mettre au travail pour livrer les brise-glaces dont le Canada a besoin de toute urgence […] Nous remercions également le gouvernement du Québec d’avoir soutenu les efforts que nous avons déployés pour devenir l’un des chantiers navals les plus avancés au monde. La SNCN servira de tremplin pour créer au Québec un pôle de construction navale compétitif à l’échelle internationale », a souligné M. Davies.

Notons d’ailleurs qu’Alex Vicefield a indiqué que l’intégration de Davie à la SNCN lui permettra d’atteindre « l’objectif ultime » de ses dirigeants : devenir un exportateur de navires.