Des sentiers permanents toujours dans la mire

PLEIN AIR. L’implantation de sentiers durables et/ou permanents pour la pratique de la motoneige et du quad au Québec demeure pertinente insiste le ministère des Transports, malgré les défis qu’une telle démarche représente.

C’est ce que fait valoir le porte-parole du ministère, Mario St-Pierre, qui ajoute qu’il n’y a pas d’échéancier précis d’établi, mais que les gens continuent à travailler sur le sujet. «On y travaille depuis 2011. Un comité des sentiers durables pour les véhicules hors routes, soit motoneige et VTT, existe depuis ce temps et tente de définir des tracés potentiels.»

Le ministre délégué aux Transports de l’époque, Norman MacMillan, a exploré cette idée et avait réussi à la faire progresser. Il a été un facilitateur dans la démarche à l’époque selon le directeur général de Tourisme Chaudière-Appalaches, Richard Moreau. «On a eu un momentum à cette époque et M. MacMillan en était la raison. C’est un peu désolant de voir que la vigueur n’est pas la même aujourd’hui, mais les principes demeurent les mêmes et les bénévoles continuent de soutenir le réseau. Il y a tout de même 14 régions administratives au Québec qui bénéficient des retombées de l’industrie.»

En Chaudière-Appalaches, une table de concertation régionale sur les véhicules hors route (VHR) a œuvré un certain temps sur le sujet. Frédéric Lessard-Poulin a travaillé sur le dossier à titre de coordonnateur de la Table VHR à la Conférence régionale des élus de Chaudière-Appalaches. «Globalement, il y avait des ententes avec certaines municipalités où certains chemins forestiers ou certains rangs fermés en hiver pouvaient servir de sentiers durables».

Mario St-Pierre mentionne que les groupes qui y travaillent doivent toutefois faire face à certaines problématiques, notamment lors de leurs négociations avec les propriétaires privés, surtout que le domaine de l’État ne représente que 12 % du territoire dans la région. «Les défis concernent entre autres les nuisances sonores, les dommages antérieurs et potentiels sur les terres privées de même que les pertes de récoltes possibles sur les terres agricoles.»

Un constat que confirme Frédéric Poulin-Lessard. «Le tout repose sur une bonne entente entre les propriétaires et la direction des clubs. Certains propriétaires privés sont prêts à accorder des droits de passage à moyen ou long terme, mais ne veulent pas s’engager par écrit.»

Un dossier complexe, mais actif

Preuve que le projet est toujours actif, M. St-Pierre rappelle qu’une trousse d’information a été produite sur le sujet par le ministère en 2014 et qu’elle servira à faciliter le contact des bénévoles avec les propriétaires de terres privées. «On souhaite les sensibiliser à l’importance des droits de passage, les sécuriser relativement à leurs droits et leurs recours sur d’une éventuelle entente, uniformiser l’information véhiculée par les clubs et les bénévoles pour l’obtention de droits de passage et finalement faciliter le contact entre les propriétaires et les bénévoles.»

Il rappelle également que des subventions ont été annoncées en juin 2013, à raison de 6 M$ sur trois ans, dont 2,3 M$ pour la rémunération d’agents de liaison, pour faciliter la réalisation de ces sentiers durables. «Les signatures de droits de passage sont la base de la démarche. Les défis demeurent présents et le rythme peut être différent selon les régions, mais le travail est toujours en cours et se fait», insiste Mario St-Pierre en ajoutant que la démarche actuelle vise un sentier pour les motoneigistes et un sentier pour les quadistes. «Il n’est actuellement aucunement question de favoriser des sentiers où les motoneiges et les quads devraient cohabiter. Deux tracés de 15 000 kilomètres chacun sont prévus pour couvrir l’ensemble du territoire».

S’il doute de l’établissement de sentiers permanents dans le futur, Richard Moreau est convaincu de l’importance des véhicules hors routes dans l’échiquier touristique et est d’avis que l’harmonie demeure la clé du succès pour le maintien d’une industrie forte. «Les propriétaires ont des craintes en terme de responsabilité avec raison. On se doit de les rassurer par une règlementation adéquate. D’autres cherchent à monnayer le passage des véhicules sur leur propriété, c’est inévitable, même Hydro-Québec a commencé à le faire pour ses emprises. Il y a 17 relocalisations de sentiers réalisées ou en cours cette année en Chaudière-Appalaches et c’est souvent causé par un litige.»

Selon Tourisme Chaudière-Appalaches, la pratique de la motoneige et du quad, en Chaudière-Appalaches, représente respectivement des retombées économiques de l’ordre de 42 millions de dollars annuellement.