Dossier logement: Des propriétaires exaspérés

IMMOBILIER. Exaspérés de vivre certaines situations, Gilles Demers et Lyne Carrier de Saint-Léon ont décidé de se départir de leurs différents immeubles dédiés à la location.

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Propriétaires de trois édifices à logements à Saint-Anselme et un autre à Sainte-Claire, le couple œuvre dans l’immobilier depuis une quinzaine d’années sauf que les choses ont bien changées depuis raconte Mme Carrier. «Ça a été le fun. On a eu beaucoup de plaisir mon mari et moi à louer des chambres. Nous avons toujours essayé d’offrir un environnement accueillant, propre, à notre image.  On voulait que les gens soient heureux chez-nous et ils nous le rendaient bien. C’est plus qu’un bon revenu, c’est très payant sauf que dans le contexte actuel, ce n’est plus pour nous».

Sans vouloir généraliser, elle indique que les soucis ont commencé il y a quelques années, en même temps que l’arrivée de travailleurs immigrants dans la région et que la situation a littéralement dérapé au cours des derniers mois.  «Vers les années 2008 et 2009, nous avons commencé à accueillir des personnes de couleur.  Nous avons eu un premier cas où nous avons dû être fermes. Tout le monde en avait peur, il faisait des menaces aux autres et commençait à être impliqué dans certaines activités criminelles».

Les choses ont par la suite évoluées vers la négative a-t-elle remarqué. «Après, il y avait de plus en plus de personnes de couleur qui avaient besoin de logements. C’était des personnes d’un certain âge, d’une trentaine d’années et plus, des gens qui avaient un vécu et respectueux. Ils ne désiraient qu’une chose, gagner leur vie et ils le font encore aujourd’hui. Ils ont fondé des familles et progresser alors qu’ils sont arrivés ici avec rien. Pour certains, les choses se sont bien passées».

Depuis 2012, c’est une autre réalité observe Mme Carrier. À son avis, le fait que les immigrants accueillis dans la région sont de plus en plus jeunes est un facteur. «Je ne sais pas s’ils sortent de la jungle, mais ils ont de la difficulté à garder leur emploi, ils quittent sans avertissement, on essaie de leur donner une certaine qualité en terme de confort et de propreté, mais on s’épuise et on est à bout. Tout est à vendre», a-t-elle précisé.

Pas seulement les immigrants

Certaines origines sont plus problématiques selon Mme Carrier. «Je ne suis pas raciste mais quand les gens ne savent pas vivre, c’est dommage, mais ça développe certains réflexes», précise-t-elle ajoutant avoir eu affaire à quelques salauds québécois au cours des derniers mois pour utiliser ses mots. «On se doit d’être fermes si on souhaite garder le contrôle ou abandonner. Je ne peux plus laisser faire ça  Ça n’a plus de bon sang! Actuellement, c’est une question de survie. Quand tu achètes un bâtiment pour en faire de la location, c’est un placement pour tes vieux jours ou autre. Là ce n’est plus le cas. Ils brisent tout», s’exclame-t-elle.

Mme Carrier nous a reçu dans un appartement laissé dans un piètre état par le locataire précédent, un québécois cette fois-ci. Celui-ci avait fait l’objet d’une réfection complète au coût de 10 000 $ il y a deux ans à peine. Les constats qu’elle a récemment fait dans ses logements l’ont poussé à bout. «De la saleté et encore de la saleté. Des éviers pleins de vaisselle pas nettoyée, avec ce qui vient avec. J’ai dû jeter un grand nombre de chaudrons sales ou brûlés. Les douches et les bains sont tachés et beaucoup, Les chambres sont en désordre ce qui amène souvent des conséquences. Des réfrigérateurs non nettoyés avec des chaudrons pleins de bouffe moisie. Des coquerelles, ce n’est pas sensé vivre dans un frigo, mais j’ai déjà vu ça quelques fois. »

Elle est aussi consciente qu’elle n’est pas la seule propriétaire victimes de cette nouvelle réalité. «On se parle. Quelques-uns m’ont raconté des problématiques qu’ils ont vécu qui n’ont tellement pas d’allure. Ceux qui ont la chance de demeurer sur place réussissent à régler certaines choses plus rapidement.»

Ce n’est pas toujours une question d’argent précise Mme Carrier. «On en vient à bout mais c’est de l’énergie. On doit à l’occasion investir dans l’achat de matériau mais c’est surtout du temps que cela nécessite de remettre un logement en ordre, beaucoup de temps». Elle évalue à trois semaines, à raison de 7 heures par jour, la plus récente remise en état d’un logement nécessaire après avoir évincé un locataire désagréable. «Cette année, tellement de locataires sont partis sans nous payer, ce n’était pas comme ça avant. Et en plus, ils nous volent. Ils partent avec des oreillers, des ustensiles, des chaudrons. On est toujours en train de recommencer».