Éric Duhaime soutient les intervenants économiques de Bellechasse

ÉCONOMIE. Dans la foulée des sorties réalisées en début de semaine par les intervenants économiques de Bellechasse, qui réagissaient vivement à la décision du gouvernement du Québec d’abandonner le projet de 3e lien autoroutier entre Lévis et Québec au détriment d’un lien uniquement dédié au transport en commun, le chef conservateur Éric Duhaime s’est déplacé dans Bellechasse, vendredi dernier, pour rencontrer ces derniers.

Accompagné du candidat sortant, Michel Tardif, M. Duhaime dit être venu prendre le pouls des intervenants socioéconomiques de la région. Il a d’ailleurs passé plusieurs jours en Chaudière-Appalaches la semaine dernière, critiquant la façon de faire du gouvernement et les raisons invoquées. Pour lui, les statistiques de circulation sont une mauvaise évaluation, surtout qu’elles ne servent pas la cause dans le projet de tramway de la ville de Québec.

« On veut être sûrs que les gens ont le même sentiment que nous. Je suis allé à Lévis et dans Lotbinière où j’ai rencontré plein d’élus et fait des visites d’entreprises. Partout, c’est le même sentiment. Avec le sondage SOM – Le Soleil de la semaine dernière, on voyait que la population était où on pensait et même davantage. La moitié des gens ayant voté pour la CAQ regrettent leur décision et on voit la grogne sur le terrain. »

Les discussions ont porté sur l’humeur de la population face à la décision, mais aussi sur la suite des choses. « Il faut trouver une façon démocratique de faire entendre cette grogne pour qu’elle ait un impact dans l’avenir. Il ne faut pas que le gouvernement ait seulement une mauvaise semaine, mais un mauvais mandat s’il décide d’aller de l’avant avec la décision. »

Le potentiel de développement

M. Duhaime estime que le débat dépasse largement le trafic aux heures de pointe sur les deux ponts actuels. Il y voit un enjeu de développement. « C’est pour l’ensemble de l’Est-du-Québec. C’était la raison d’être du projet et la CAQ n’en parle plus. La CAQ est embarquée dans la guerre à l’auto de Québec Solidaire. »

Présidente de la Chambre de commerce de Bellechasse, Nathalie Roy réitère que le dénominateur commun des chambres de commerce de la région était la possibilité de développement avec un lien supplémentaire. « L’impact serait inévitable sur le développement des entreprises et leur pérennité. Comme on a toutes la même position, on espère que notre message sera entendu. On parle de Chaudière-Appalaches, mais on pourrait aussi ajouter la Côte-Nord et le Bas-Saint-Laurent, sauf qu’on les entend peut-être moins. »

Mme Roy évoque même que la solution pourrait être de chercher une autosuffisance sur la Rive-Sud. « C’est peut-être un beau rêve, mais on connaît l’état des deux ponts actuels. Il est évident qu’un autre lien entre les deux rives est nécessaire, ne serait-ce que pour le transport lourd. S’il arrivait quelque chose sur le pont Pierre-Laporte, ça ne me tente pas de demander à mes camionneurs de faire le détour par Trois-Rivières, c’est ridicule. »

Retour à l’est

Directeur général de la Chambre de commerce, Frédéric Lajoie rappelle que l’idée d’un troisième lien ne vient pas d’hier. « Ça remonte possiblement aux années 60. Chaudière-Appalaches et Bellechasse se sont développées pensant qu’il arriverait un jour, mais ce n’est pas encore le cas. Depuis huit ans, on pensait que ce serait plus tôt que tard. C’est l’abandon du projet par ce gouvernement-là et on revient à la case départ. Ce n’est pas parce que le gouvernement dit qu’il ne le fait plus que ça n’a plus de sens. On sait au moins sur quel pied danser. »

Éric Duhaime maintient la proposition de son parti dans ce débat, soit celle d’un pont à l’est. « L’un des arguments évoqués est que c’est trop cher un tunnel. Nous, on maintient notre suggestion. Un pont à l’est serait beaucoup moins cher et pour les gens de Bellechasse, ce serait beaucoup plus fonctionnel. Il y aurait davantage de transport de marchandises, les matières dangereuses pourraient passer, et il y aurait beaucoup moins de risque d’un dépassement de coût.

Directeur général de Développement économique Bellechasse, Alain Vallières estime qu’il y a des variables importantes à considérer dans la situation actuelle. Déterminer les actions à venir et tenter de rallier d’autres régions à la cause pourrait être la suite des choses, selon lui. « Ça affecte plus grand que Bellechasse. Il y a plusieurs éléments inquiétants là-dedans, notamment le peu de considérations accordé aux régions. Nous sommes rendus à la montréalisation de notre société. C’est en partie le message que j’ai reçu. »

L’organisme a d’ailleurs exigé une rencontre avec la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, la semaine dernière, à la suite de l’annonce. M. Vallières précise qu’il ne s’agit pas d’un désaveu envers la députée actuelle, Stéphanie Lachance. « Mme Lachance le sait qu’on souhaite une rencontre et nous aide là-dedans. Tout ça s’est fait en parallèle avec notre députée. On aimerait aussi avoir M. Drainville (Bernard) à la table, puisqu’il est ministre responsable de la région. »

L’idée d’un pont à l’est semble d’ailleurs être celle qui rallie la plupart des gens depuis une semaine, même si cette idée a été décriée par certains et ridiculisée par d’autres. « La partie nord de l’Île d’Orléans n’est pas loufoque, elle est en planification puisque ça prend un autre pont à cet endroit. Il y a aussi moyen de rendre ça visuellement intéressant, pour celles et ceux qui pensent qu’on veut détruire le paysage. Il y a aussi moyen de discuter avec les gens sur l’île assurément, car quand la CAQ avait évoqué l’idée en 2018, elle avait gagné toutes les sections de vote, malgré tout. »