Gaz naturel porté: une décision rapide du gouvernement est réclamée

ÉCONOMIE. Les intervenants socioéconomiques et politiques de la région disent s’impatienter devant la lenteur que prend le gouvernement Legault à s’impliquer financièrement dans la réalisation du projet de gaz naturel porté dans Bellechasse. Du même souffle, ils réclament une rencontre d’urgence avec le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbons.

Dans un communiqué émis lundi dernier, le président du conseil d’administration de Développement économique de Bellechasse, Jean-Marie Laliberté, dénonce « le manque de leadership de nos élus provinciaux » qui, selon lui, menace la survie économique d’entreprises de Bellechasse et de Chaudière-Appalaches.

« Après avoir réalisé un plan d’affaires et effectué de nombreuses démarches et représentations gouvernementales, en plus de répondre aux diverses interrogations, nous nous retrouvons toujours sans plan de match de la part du gouvernement provincial. C’est un projet prioritaire pour Bellechasse et Chaudière-Appalaches qui nous permettra d’attirer et maintenir des millions de dollars en investissements », indique M. Laliberté qui invite la députée de Bellechasse Stéphanie Lachance et le gouvernement Legault à envoyer « un signal clair dans les plus brefs délais. »

Les responsables de DEB rappellent que le projet de gaz naturel porté Bellechasse avait été retenu par le comité de priorisation de la région de la région Chaudière-Appalaches dans le cadre de la réflexion régionale de la relance économique de la région initiée en juin 2020 par le gouvernement du Québec.

« Quand le premier ministre était venu dans la région en avril, il avait démontré son ouverture envers la réalisation de ce projet. On trouve que cela a assez duré et on veut une confirmation ainsi qu’une rencontre avec le ministre. On parle d’un projet-pilote en soutien aux régions, de vitalité économique et de façon de contrer la dévitalisation », insiste pour sa part le directeur général de DEB, Alain Vallières.

Ce dernier, comme les administrateurs de DEB, rappelle que ce projet faisait consensus auprès de plusieurs organisations, dont l’Union des producteurs agricoles du Québec (UPA) et la Fédération québécoise des municipalités (FQM) qui ont donné leur appui à celui-ci.

Soulignons que c’est lors d’une rencontre du conseil d’administration de DEB, tenue le 9 décembre dernier, que les administrateurs de l’organisme ont officiellement réclamé cette rencontre d’urgence avec Pierre Fitzgibbons qui est à la fois ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, ainsi qu’un engagement financier clair de la part du gouvernement.

Manque de volonté politique ?

Invité à commenter davantage la position de son conseil d’administration, le directeur général de DEB, Alain Vallières, a mentionné que selon lui, tout est une question de volonté politique, comme ce fut le cas à l’époque de la prolongation du réseau gazier de Lévis vers Saint-Henri, Saint-Anselme et Sainte-Claire.

Il rappelle que ce projet consiste en la construction d’une station de compression de gaz naturel qui permettrait d’acheminer celui-ci dans des entreprises qui ne seront jamais desservies par le réseau régulier d’Énergir. Sa capacité de production atteindrait 9,5 millions de mètres cubes de gaz naturel dès la 6e année de son entrée en service. Ce projet nécessiterait un investissement avoisinant les 12 M$, avec une part financière de 9 M$ du gouvernement. Dans une phase ultérieure, une station de réinjection de gaz naturel pourrait s’ajouter.

« On veut empêcher la fermeture ou le déménagement de nos entreprises, car on comprend que celles-ci souhaitent réduire leurs coûts. On a plusieurs entreprises de Bellechasse, mais aussi de Montmagny-L’Islet et de la Côte-de-Beaupré qui manifestent leur intérêt envers un tel projet. Le gouvernement nous demande d’avoir des engagements plus concrets, mais c’est difficile à obtenir quand on ne sait pas ce qu’il compte faire avec ce projet », poursuit-il en précisant que le gouvernement a en main tous les documents requis pour prendre une décision, que toutes les réponses aux questions posées ont été fournies.

« Cette station de compression permettra de desservir les petites et moyennes consommations. Cela s’adresse autant au domaine manufacturier qu’agricole. Je pense au Domaine du Lac-Vert qui est en développement ou encore à la maison-mère à Saint-Damien. Cela permettra de convertir au gaz naturel les systèmes qui fonctionnent au mazout lourd, comme nos fabriques », insiste-t-il.

La députée réagit

Après avoir reçu, elle aussi, copie de cette correspondance acheminée aux médias, la députée de Bellechasse, Stéphanie Lachance, a tenu à rappeler son attachement à ce projet. « Je le réitère, pour moi c’est une excellente idée et il faut vraiment qu’on arrive à transformer cette idée-là en bon projet qui sera bénéfique pour Bellechasse et Chaudière-Appalaches, mais aussi pour d’autres régions du Québec, à partir du moment où ce type d’infrastructure pourra être implanté », indique la députée en rappelant que de nombreuses rencontres et discussions, parfois en ma présence, d’autres entre DEB et les différents ministères concernés, ont eu lieu depuis 2020.

« C’est un dossier qui est très technique, qui nécessite d’être précisé et réaffirmé comme un véritable besoin. À toutes les rencontres qu’il y a eu avec le ministère, du soutien a été offert à DEB. La dernière rencontre remonte à août 2022, ce qui est assez récent », ajoute-t-elle.

Quant au passage, dans le communiqué de DEB, soutenant que le manque de leadership du gouvernement dans ce dossier menaçait la survie économique de plusieurs entreprises de Bellechasse, Mme Lachance a indiqué qu’à son souvenir, « aucune entreprise de Bellechasse ne m’a appelée pour me dire qu’elle était menacée par le manque de gaz naturel dans Bellechasse. S’il y en a, je les invite à m’en faire part », précise-t-elle en affirmant que le développement des entreprises de Bellechasse était une priorité pour elle.

« Une contribution de 8 ou 9 millions de dollars qui est demandée au gouvernement pour un projet de 10 millions de mètres cubes à une cinquantaine d’entreprises, ce n’est pas rien, mais nous avons actuellement des demandes pour environ 410 570 mètres cubes, ce qui est loin des 10 millions. Cela serait le fun que d’autres s’ajoutent et déjà, on a eu des discussions lors de la campagne électorale sur la possibilité du financement de l’infrastructure », insiste-t-elle, ce à quoi Alain Vallières a répliqué, par courriel, qu’ils avaient en main des lettres d’intérêts de plus de vingt entreprises pour plus de 6 ou 7 millions de mètre cubes, mais que Mme Lachance et le gouvernement leur avaient mentionnés qu’ils n’avaient qu’à en fournir deux au dossier. 

Mme Lachance mentionne enfin qu’une rencontre avec le cabinet et l’équipe du ministère devrait avoir lieu d’ici la fin du mois de janvier et qu’elle espérait asseoir, autour de la même table, tous les intervenants au dossier. « Il va falloir que tout le monde s’assoie autour de la même table, qu’on se dise les vraies affaires et qu’on avance tous dans la même direction », mentionne-t-elle enfin.