La Ferme Aquilon dans la culture du chanvre

Après des années consacrées à la production laitière, qu’ils ont arrêtée en novembre 2014, les propriétaires de la Ferme Aquilon de Sainte-Sabine se sont tournés vers les grandes cultures, le biologique et, depuis cette année, la production de chanvre servant à la consommation humaine.

«Nous avons des terres qui se prêtent bien à ce type de culture. Il y a une grande demande pour les produits biologiques sans gluten et le chanvre en fait partie. Nous avons décidé de tirer le maximum de nos terres en nous tournant vers ces secteurs d’avenir», mentionne la copropriétaire Luce Bisson.

Cette dernière ajoute que c’est lors d’une visite chez un producteur biologique d’Hébertville, au Lac-Saint-Jean l’hiver dernier, que l’idée a germé dans sa tête de même que chez son conjoint Sylvain Boutin et leur fils Gabriel qui est aussi partenaire dans le projet.

«On a pris l’hiver pour étudier cela et bien se renseigner. Nous savions déjà qu’il y avait peu de producteurs de chanvre et quand on a vu qu’il était possible de faire pousser ça ici, nous avons lancé les démarches à la fin avril et au début du mois de mai, auprès de Santé Canada, pour obtenir les permis requis que nous avons obtenus en juin», poursuit l’ancienne présidente de l’UPA Lévis-Bellechasse.

Luce Bisson explique que les variétés de chanvre pouvant être ainsi être cultivées doivent idéalement ne présenter aucune trace de THC, ou un taux maximal de 0,03 de THC dans les feuilles et les têtes florales.

«Ce sont des variétés qu’on peut obtenir seulement auprès d’acheteurs accrédités. Il faut montrer patte blanche auprès de Santé Canada et leur dire où on acquiert les graines, où on va les planter, où on va l’entreposer et à qui on va les vendre. Il faut démontrer que nous n’avons aucun dossier criminel», poursuit Mme Bisson qui ajoute que des spécialistes ont récemment pris des échantillons de chanvre afin de s’assurer que la variété plantée dans leurs champs était bien celle déclarée.

Pour cette première année, ceux-ci ont consacré 10 âcres de terres à cette culture, à titre expérimental. L’an prochain, si tout va bien, ce sont de 50 à 70 âcres de terres qui devraient être consacrés à cette culture.

Une fois à maturité, le chanvre est battu à l’aide d’une moissonneuse-batteuse conventionnelle. Les graines issues des cocottes femelles sont triées puis séchées dans les heures suivant la récolte dans un silo muni d’un brûleur au gaz, avant d’être acheminées aux Aliments Trigone, entreprise spécialisée dans la transformation de grains biologiques, située à Saint-François-de-la-Rivière-du-Sud, près de Montmagny.

Processus en cours

La culture du chanvre fait partie d’un important processus de transformation en trois temps effectué par la Ferme Aquilon au cours des deux dernières années. Après de nombreuses années consacrées à la production laitière et même à la production de fraises, Sylvain Boutin et Luce Bisson se sont lancés dans la production céréalière (culture de blé conventionnel avec engrais chimiques, herbicides et fongicides) en 2015 avant d’effectuer un virage la production biologique et de grains sans gluten, incluant la culture du chanvre, cette année. À cela s’ajoute l’utilisation du semis sous couvert végétal en remplacement du semi-direct qui était pratiqué à la ferme depuis 1993.

Les propriétés nutritives du chanvre

Le chanvre écalé biologique issu de tout ce processus est vendu dans les magasins d’alimentation naturelle. Celui-ci représente une source naturelle d’acides gras polyinsaturés, d’oméga 3 et vitamine E, fer et magnésium, en plus d’être reconnu pour ses grandes valeurs nutritives. Il offrirait de 30 à 50 % plus de protéines que le poisson ou le fromage, en plus d’être un substitut intéressant pour les végétaliens. Il s’agirait aussi d’une excellente alternative pour les personnes souffrant d’allergies aux arachides et aux noix. Comme le germe de blé, le sésame, le tournesol ou la noix de pin, on peut le saupoudrer sur les soupes, les céréales, les salades ou le yogourt.