La municipalité acquière l’église

SAINT-VALLIER. La municipalité de Saint-Vallier se portera acquéreuse de l’église située au cœur du village pour la somme symbolique d’un dollar. Votée à quatre conseillers contre un et une abstention, une entente avec la Fabrique est toujours en développement, mais devrait être ratifiée bientôt par un acte notarié.

La situation cause toutefois une dissension évidente chez les résidents de la municipalité. Environ 70 personnes s’étaient donné rendez-vous à la plus récente séance du conseil municipal lundi soir dernier et les réactions semblaient partagées, quoique plus fermes du côté des opposants. Impliqué au sein du conseil de Fabrique, le conseiller Alain Vallières a préféré se retirer au moment des débats, préférant tenter d’éviter des soupçons de conflit d’intérêts que lui attribuent quelques citoyens.

Les difficultés financières vécues par la Fabrique ont précipité les choses a précisé le maire de la municipalité, Benoit Tanguay. «La Fabrique ne veut pas entreprendre un autre hiver dans la situation actuelle. Ce que ça amène, c’est une fermeture de l’église si la situation ne change pas. Nous sommes déjà locataire de l’église en partie puisque l’on utilise un local pour l’âge d’or et les fermières, puis un autre pour la bibliothèque. On a une décision à prendre. Est-ce que l’on ferme tout ça? Nous n’avons pas d’autre endroit à Saint-Vallier», indique le maire en rappelant que le bureau municipal est maintenant situé dans les locaux de la Caisse Desjardins des Seigneuries de Bellechasse.

Il précise que la municipalité doit aussi composer avec le besoin de se doter d’un véritable centre communautaire. L’édifice du Parc du Faubourg ne correspond plus aux besoins actuels selon lui. «C’est un édifice qui date des années 60 et qui n’a pas vraiment été entretenu. La couverture serait à refaire tout comme l’enveloppe extérieure, les fenêtres à remplacer et une mise aux normes serait nécessaire. Ce n’est pas une solution et un bâtiment neuf serait moins dispendieux. Lors des consultations sur la Politique famille et ainés, les gens ont été nombreux à réclamer un centre communautaire. Qu’arrivera-t-il avec la caisse Desjardins dans l’avenir. L’église représente une solution à bien des maux parce qu’elle est là et relativement en bon état.»

Maintenant conseiller municipal, l’ex-président de l’Union des producteurs agricoles du Québec Christian Lacasse est le seul à être opposé à l’initiative. Il aurait aimé que la population soit davantage informée sur les tenants et aboutissants du projet. «Ce qui me frustre, c’est que je suis le seul conseiller que ça dérange de ne pas avoir eu accès aux bilans financiers de l’entreprise qui gère l’église, soit la Fabrique. Est-ce qu’il y a des dettes? Des comptes à payer? Les subventions ne semblent pas avoir été versées selon ce qui était anticipé, etc. Nous n’avons pas ces informations. Je ne les ai même pas obtenues de la direction générale, je suis allé directement au Diocèse de Québec pour obtenir des chiffres. Je m’explique mal que l’on n’ait pas eu ces renseignements et que la décision ait été prise malgré tout. Il y a de l’aveuglement volontaire dans ce dossier-là.»

Initiateur d’une pétition contre le projet et qui a recueilli 288 signatures jusqu’à maintenant, Jocelyn Langlois estime que trop de choses demeurent méconnues dans le dossier. «Un comité de réflexion avait proposé trois scénarios et la municipalité en a choisi un seul. On présume que l’on a volontairement écarté des dépenses pour favoriser un scénario, celui de l’acquisition. Sur le scénario de la démolition, aucune somme n’a été octroyée à la valeur du terrain et ce fut aussi très difficile d’obtenir les chiffres. Le rapport de la firme d’ingénieur que l’on a obtenu n’a pas été signé non plus, alors on se doit de se questionner.»

Christian Lacasse ajoute que la situation actuelle suggère toutes sortes de questions et illustre un climat de gestion malsain. «Depuis l’automne dernier, je déplore qu’il ne semble y avoir qu’une seule option privilégiée. Toutes les options possibles pour l’avenir de l’église n’ont pas été étudiées à fond. On peut conserver notre église, mais optimisons les parties que l’on peut rentabiliser et ce n’est pas nécessairement à la municipalité de le faire. Le conseil de Fabrique pourrait très bien s’en charger.»

Il estime qu’une bonne partie de la population souhaite être consultée et pouvoir se prononcer sur le sujet. «Je suis aussi en désaccord avec le fait que l’on se dit prêt à consulter la population uniquement lorsque viendra le moment d’aller en règlement d’emprunt. On sera devant le fait accompli. Suffisamment de personnes ont affiché leur désaccord face à la situation pour que l’on tienne un référendum sur le sujet. Ce serait la meilleure façon de trancher la question», à son avis.

Le maire Benoit Tanguay n’est pas de cet avis et tient à ajouter que Saint-Vallier travaillera avec et selon ses moyens. «On va travailler avec l’argent que l’on a. On a développé un projet évolutif. Si dans un an, nous avons un peu d’argent pour avancer, on le fera. Il y a des subventions disponibles pour des projets du genre. Ce que l’on a fait, c’est de garder l’église ouverte au cours l’hiver, tout comme notre bibliothèque et notre local dédié à l’âge d’or et aux fermières. On ne veut pas non plus faire trois ou quatre référendums. Si la majorité des citoyens se prononce en désaccord sur un éventuel règlement d’emprunt, ce sera leur décision et nous la respecterons.»