La poussière retombe chez Prévost
SAINTE-CLAIRE. L’annonce de la construction des véhicules militaires dans un bâtiment de Saint-Nicolas plutôt qu’à Sainte-Claire n’est pas une mauvaise nouvelle en soi pour le syndicat des travailleurs de Prévost, indique son président Benoit Tremblay.
Ce dernier admet qu’il aurait été difficile de réaliser le contrat dans Bellechasse et que l’entreprise a dû réagir rapidement. Toujours selon lui, il y aurait même pu y avoir des pertes d’emplois chez certains corps de métier pour simplement créer de l’espace dans le bâtiment de la rue Prévost. «C’est près de notre centre de service déjà établi et la convention collective est respectée intégralement», précise-t-il.
Il y a beaucoup d’intérêt chez les employés de Prévost pour la construction des véhicules militaires, d’ajouter M. Tremblay. «Par ancienneté, les gens qui voudront postuler sur les emplois disponibles pourront le faire. Pour certains, c’est l’occasion de travailler sur un autre projet, de changer la routine. Pour d’autres, Saint-Nicolas représente une occasion de gagner leur vie plus près de leur domicile pour une certaine période.»
Il admet toutefois que la solution idéale aurait été de pouvoir construire les véhicules dans Bellechasse. «Il est certain que si le contrat était réalisé à Sainte-Claire, tout le monde serait content. La nouvelle réjouissait tout le monde, car elle amène une création d’emplois et assurait une certaine pérennité à une bâtisse qui devait être abandonnée après 2009. Il était impensable de réaliser ce contrat à l’usine principale du boulevard Gagnon. On s’est aperçu avec le temps que le bâtiment de la rue Prévost était beaucoup trop petit et l’entreprise a dû chercher des alternatives.»
Benoit Tremblay avoue avoir été surpris de la polémique entourant une possible utilisation de l’usine Baldor de Sainte-Claire, dont la fermeture a été annoncée en avril dernier. Il rappelle que l’employeur avait déjà entamé ses démarches avant qu’on apprenne la nouvelle. «Je n’ai jamais visité l’usine de Baldor, alors je peux difficilement juger si ce bâtiment aurait pu convenir. Je suis conscient que les intervenants politiques souhaitaient garder les emplois à proximité. Ce qui m’a choqué, c’est que lors de l’annonce de la fermeture de Baldor, personne n’a contesté cette décision ou presque pas. Et tout d’un coup, la possibilité que le contrat militaire soit réalisé ailleurs a causé une toute autre réaction.»
Élections et Buy American Act
Par ailleurs, M. Tremblay s’inquiète d’une hausse possible des exigences des américains versus le Buy American Act et suivra l’évolution de la campagne présidentielle américaine. «La législation oblige l’industrie manufacturière à réaliser une certaine partie de ses produits aux États-Unis. Actuellement, les exigences sont de 60 % et ce sera haussé à 65 %. On s’attend à ce que ça grimpe à 70 % en 2020, c’est à peu près certain. Il faut que l’assemblage final se fasse aux États-Unis, certaines pièces doivent y être fabriquées aussi. C’est très complexe.»
Si l’entreprise n’avait pas choisi d’investir à Plattsburgh dans l’État de New York en 2014, ce sont des emplois qui n’existeraient pas à Sainte-Claire. «Si la cadence exigée pouvait augmenter à un véhicule par jour, cela redonnerait des emplois ici localement», selon lui.
Il salue le travail de la direction qui est généralement transparente dans ses démarches. «Nous avons une bonne relation et une bonne ambiance de travail. C’était beaucoup plus difficile il y a quelques années, comme en 2009 et 2010 par exemple. Nous venions de perdre la fabrication des pièces et il y avait eu menace de fermeture pendant la négociation. Les relations de travail étaient plutôt poches. Heureusement, tout cela a changé.»
Les pronostics sont bons pour l’avenir estime Benoit Tremblay. La convention collective des employés de Prévost Car a été signée en octobre dernier et se terminera en 2018.