La retraite pour Jeannine Bissonnette

SAINT-DAMIEN. L’un des commerces les plus durables de Bellechasse a fermé ses portes le 31 décembre dernier. L’Épicerie-Boucherie Bissonnette de Saint-Damien était en opération depuis 66 ans.

Jeannine Bissonnette, aujourd’hui âgée de 85 ans, a finalement décidé de prendre une retraite bien méritée après avoir consacré 65 ans au commerce que son mari avait ouvert un an auparavant. «C’est fermé, mais il y a encore bien des choses à faire. C’est de l’ouvrage fermer un commerce. J’ai deux tables et mes papiers sont étendus partout, mais je ne suis pas pressée.»

L’Épicerie-Boucherie Bissonnette a toujours été une affaire de famille. La principale intéressée a continué à s’occuper de son entreprise malgré le décès de son mari il y a une quinzaine d’années. «Mon fils Alain m’a donné un gros coup de main par exemple. Lui aussi n’est pas fâché de ma décision de fermer. Il pourra se concentrer sur ses occupations à lui maintenant.»

Une dure réalité

Si elle a finalement décidé de mettre un terme aux opérations de l’épicerie, c’est qu’une relève était à peu près impensable selon elle. «C’est un commerce de plus de 60 ans alors il y aurait eu beaucoup de réparations à faire et c’est de plus en plus difficile dans nos petites municipalités.»

Le contexte des épiceries au cœur des petites municipalités n’est pas facile également selon elle. L’attrait des grandes surfaces a changé la donne, a-t-elle observé. «C’est en août dernier que mon comptable m’a suggéré de fermer tout ça. C’est à ce moment que j’ai réalisé l’âge que j’avais et que c’était peut-être une bonne idée. Avant, je n’y pensais même pas. Mes deux garçons et mes deux filles ont chacun leur vie maintenant et personne n’était intéressé à prendre la relève justement parce qu’ils ont leur carrière. Certains sont même déjà près de la retraite», précise-t-elle ajoutant qu’elle était heureuse d’avoir pu gagner sa vie en faisant ce qu’elle aimait, soit rencontrer des gens et être près de sa famille.

L’aventure n’a pas toujours été de tout repos convient Mme Bissonnette. «Il fallait travailler, de 7 h le matin à 10 h le soir. Nous avons commencé à fermer à 6 h le soir il n’y a pas si longtemps. Heureusement que nous avions autre chose sinon cela n’aurait pas été possible. Mon mari a bûché pendant plusieurs années et faisait notre bois de chauffage en plus de faire un peu de commerce avec le bois. Avec l’épicerie seulement, nous aurions dû couper dans notre train de vie».

À Saint-Damien, l’Épicerie-Boucherie Bissonnette était beaucoup plus qu’un endroit où faire son marché se rappelle Mme Bissonnette. «Plusieurs personnes s’arrêtaient chez nous pour placoter uniquement. J’avais installé des bancs pour cela, c’était la mode.»

Outre l’administration et les tâches relatives à la fermeture du commerce, Mme Bissonnette n’a pas de projet à court terme outre que de subvenir à ses propres besoins. «Je me couche très tôt et en me levant je m’occupe de ma fournaise et la télé me tient occupée aussi. Ma vie est pas mal faite de toute façon. Tout ce que j’ai fait, je l’ai aimé. Je suis arrivé ici à l’âge de 20 ans et je suis contente d’être demeurée ici.»