Le CLD des Etchemins inquiet pour l’avenir des régions

LAC-ETCHEMIN. La disparition potentielle des 120 CLD du Québec, le transfert de leur mandat vers les MRC et la réduction de 56 % du budget normalement alloué aux interventions des CLD inquiètent les dirigeants du Centre local de développement des Etchemins qui disent craindre pour l’avenir du développement économique des régions comme la leur.

«Je ne sais pas si le gouvernement a pleinement conscience des impacts d’une telle décision. Celui-ci a lancé un ballon, il faut le péter le plus rapidement possible», a indiqué le président du CLDE, Roger Gagnon, lors d’un point de presse tenu le lundi 3 novembre.

M. Gagnon croit que plusieurs dangers guettent les régions du Québec s’il advenait que le développement local soit transféré aux MRC sans que les moyens financiers et techniques ne suivent. «Ce qui m’inquiète le plus là-dedans, c’est de savoir qui va gérer objectivement les demandes de financement, ainsi que ce qu’il adviendra de la neutralité des décisions prises par les professionnels du CLD» poursuit-il, ajoutant que les élus municipaux n’ont pas malgré l’expertise nécessaire, malgré leur bonne volonté.

Le dirigeant est d’avis que la volonté du gouvernement de sabrer dans les CLD nuira au développement des entreprises et affaiblira la mobilisation au sein de la communauté d’affaires régionale. «Le CLD des Etchemins ne défend pas sa structure actuelle, mais bien l’avenir de l’économie des régions», ajoute celui qui préside les destinées du CLD depuis 16 ans.

Directrice adjointe au CLDE, Jinny Bolduc a tenu à rappeler que les CLD sont d’abord et avant des organismes de service aux entrepreneurs et que 80 % de leur budget est consacré à l’aide technique offerte à ces derniers. «L’aide financière ne représente qu’une infime partie de notre mandat, soit 20 %», précise-t-elle.

Mme Bolduc a rappelé qu’au cours des cinq dernières années, les experts du CLD ont offert de l’aide technique sur près de 2 700 projets dans Les Etchemins et qu’une partie importante des surplus de l’organisme ont été utilisés pour subventionner directement les entreprises.

Si elle se dit en accord avec la volonté du gouvernement de revoir le modèle gouvernemental et le rentabiliser, elle croit que ce dernier devrait voir plus haut et sabrer dans la bureaucratie qui est beaucoup trop lourde. «Si le gouvernement était un peu moins exigeant en matière de reddition de comptes, bien que cela soit nécessaire, nous aurions pu investir davantage de temps et d’argent dans le développement des affaires de notre territoire», note-t-elle.

Des entrepreneurs en appui

Les dirigeants et le personnel du CLD disent compter sur le soutien de plusieurs entrepreneurs de la région. Yvon Goulet de Moulures Modernes de Saint-Magloire, Francis Bélanger du Spécialiste du Bardeau de cèdre de Saint-Prosper et Jeannot Provençal de Précisions Provençal de Sainte-Rose ont tour à tour pris la parole, lors de la rencontre de presse, pour demander au gouvernement et à la MRC de maintenir le CLD qui, selon eux, est un outil important pour le développement de la région et de ses entreprises.

Roger Gagnon dit avoir reçu l’appui du préfet de la MRC Les Etchemins, Hector Provençal. Une rencontre avec ce dernier et le directeur général Luc Leclerc aura lieu au cours de la présente semaine, puis avec l’ensemble des maires. Un entretien avec la députée-ministre Dominique Vien sera aussi dans ses priorités de la semaine.

Réaction de la députée

Invitée à commenter la situation et la réflexion que mène actuellement son gouvernement, la députée-ministre Dominique Vien a souligné qu’il y avait beaucoup de chevauchements et que tout devait être considéré. «Toutes les pierres sont retournées, on regarde et questionne chacun des programmes et chacune des organisations», précise Mme Vien.

Cette dernière a rappelé que le gouvernement allait maintenir les carrefours jeunesse emploi et leur financement, mais que ceux-ci devraient revenir à leur mission initiale. «Pour les CLD, une orientation a été prise et il est certain que l’on continuera à faire du développement économique. L’argent dédié aux entrepreneurs sera encore là, mais on veut protéger les services offerts à ces derniers avant les structures», ajoute-t-elle.

En collaboration avec Éric Gourde