Le conseil de Lac-Etchemin débloque 65 000 $ pour la malbouffe à l’aréna
À son assemblée régulière du mardi 6 septembre, le conseil municipal de Lac-Etchemin a autorisé son directeur des loisirs et son gérant de l’aréna à entreprendre le processus d’achat des équipements, qui permettront de préparer les mets qualifiés de malbouffe tels poutine, pizzas, frites, hot dogs, etc. que certains qualifient de malbouffe, ainsi que d’appel d’offres pour l’exécution de travaux d’adaptation des installations électriques et de plomberie, requis pour l’installation des équipements nécessaires à la préparation des mets mentionnés.
La liste de ces équipements sera établie de concert avec Christian Auclair de Doddly Pizza, la seule entreprise à avoir répondu à l’appel d’offres lancé par la municipalité de Lac-Etchemin dans le but de dénicher un concessionnaire pour le restaurant de son aréna. Monsieur Auclair opère depuis août 2010 le restaurant de l’aréna de Beauceville. Ce dernier propose de payer un loyer mensuel de 600 $ par mois pour le restaurant de l’aréna que la municipalité souhaite voir fonctionner au début du mois d’octobre.
Advenant que le conseil accepte la soumission de M. Auclair, ce dernier devra de plus payer les frais d’électricité encourus par les opérations du restaurant. Il n’aura pas de plus droit à une commission sur les revenus des machines distributrices, contrairement à son prédécesseur qui ne payait pas de loyer et qui ne servait que des menus santé. À cet égard, l’éventuel nouveau concessionnaire ne sera pas obligé par aucune clause de son contrat d’offrir quelque menu santé que ce soit dans son restaurant. Le contrat laisse plutôt à la discrétion de Doddy Pizza la décision d’offrir des menus santé, si la demande des clients le justifie. Monsieur Auclair estime qu’il existe déjà des alternatives santé dans son menu aréna telles que pizza végétarienne, spaghetti etc…
Tout compte fait, la réintroduction au restaurant de l’aréna de Lac-Etchemin des habituels menus de casse-croûte générera donc des entrées d’argent pour la municipalité de Lac-Etchemin, qui ne visait pas cette cible avec la réintroduction de la malbouffe dans son restaurant, mais simplement offrir un service de restauration répondant aux demandes des utilisateurs de l’aréna, ce qui s’avérait impossible avec un menu exclusivement santé.
Une entreprise à reconstruire
Même si la municipalité de Lac Etchemin a décidé de retourner sa veste et de permettre la vente de malbouffe au restaurant de l’aréna local, l’ex-hockeyeur Hervé Lapointe de Gestion R.V.L. n’a pas soumissionné sur l’appel d’offres. Celui-ci invoque plusieurs raisons pour ne pas avoir été sur les rangs pour opérer le restaurant qui ne servait que des repas santé depuis quatre ans. « Même si on me l’avait offert sans avoir à défrayer un loyer pour un certain temps, je ne suis pas intéressé. La clientèle a été habituée à un restaurant fermé ou encore où on offrait des produits qui intéressaient peu. » Gestion R.V.L. était sur les rangs il y a quelques années pour en assumer la gestion mais s’était retirée à la suite de la décision de la municipalité d’imposer au gestionnaire d’offrir un menu à 100% santé à la clientèle.
Le nouveau gestionnaire aura besoin de 2 à 3 ans pour redresser la situation selon Hervé Lapointe qui opère plus d’une vingtaine de restaurants d’aréna dans la grande région de Québec dont ceux des arénas de Saint-Anselme, Saint-Henri et Saint-Charles. « Il faut rebâtir le concept au complet, repartir à zéro. Tout le monde est perdant dans cette idée d’imposer un menu santé dans les arénas. Mon chiffre d’affaire a diminué de 30% depuis trois ans; le client n’a pas le produit qu’il souhaite et les municipalités perdent des revenus importants en termes de loyer. » Il salue toutefois la décision de la municipalité et signale au passage que Lac Etchemin n’est pas la seule municipalité à se questionner sur la pertinence et la rentabilité de n’offrir que des menus santé dans un aréna. La Ville de Québec s’apprête elle aussi à faire marche arrière.
La Fringale non plus
Approchés par la municipalité avant le lancement de l’appel d’offre par la municipalité, les propriétaires du casse-croûte La Fringale de Lac-Etchemin, Denise Bourdon et Gaétan Fournel, n’étaient pas sur les rangs non-plus. «On avait soumissionné en 1999, on avait été approché il y a quatre ans pour le casse-croûte santé et on a aussi été approché il y a un mois. À chaque fois, ça n’a pas marché alors…. »
Leur proposition a été rejetée par la municipalité il y a quelques semaines. Ils jugent que les frais de location exigés par la municipalité et les coûts d’électricité rendaient l’aventure périlleuse. Ils auraient préféré opérer le restaurant quelques semaines et se rassoir avec la municipalité par la suite. Exiger des frais de location du côté de la municipalité est légitime selon eux sauf que l’on devrait peut-être songer à une modulation du loyer pour permettre au concessionnaire de relancer le restaurant dans une forme conventionnelle.