Le maire de Saint-Anselme accuse Labeaume de manquer de vision

SAINT-ANSELME. Le maire de Québec, Régis Labeaume, n’a pas de vision d’avenir dans ses positions entourant un troisième lien dans la région de Québec, estime le maire de Saint-Anselme, Michel Bonneau.

Ce dernier apprécie l’intervention de son homologue en faveur d’un troisième lien, mais s’affiche en désaccord avec son idée de prôner une possible construction à l’ouest du territoire. «C’est une très mauvaise réflexion et heureusement, il y a des gens plus intelligents que lui qui vont réfléchir à ça plus longuement. Si jamais le troisième lien se fait à l’ouest, ce sera un «plaster» et cela n’aura du sens que pour l’immédiat. C’est censé être une grande réflexion d’avenir», estime M. Bonneau qui ajoute que les régions de Bellechasse, de Montmagny-L’Islet et autres doivent être considérées. «Avec le troisième lien positionné à un endroit intelligent, tu solutionnerais plein de ces petits problèmes que vivent ces territoires en même temps».

Il aimerait également voir le maire de Québec élargir ses horizons. «La grande ville doit être le développeur supra régional et il n’y a aucune vue dans ce sens chez M. Labeaume. Ce n’est pas tout le monde qui a cette capacité de regarder dans son assiette et de dire que nous sommes huit autour de la table, alors nous allons partager à huit. C’est simpliste et égoïste. Dans une vision d’avenir, il faut souvent s’oublier soi-même. Présentement, il oublie de s’oublier.»

La réfection prochaine du pont de l’Île d’Orléans doit aussi s’inscrire dans cette vision estime M. Bonneau. «Je suis entièrement d’accord avec mon collègue de Beaumont (David Christopher) qui jugerait pertinent que les investissements sur le pont de l’Île d’Orléans fassent partie de l’équation. La plus-value du pont de l’Île, c’est de faire le lien avec la Rive-Sud justement».

Le maire Bonneau estime que les problèmes de circulation vécus actuellement dans la région ont aussi des impacts sur la Rive-Nord. «M. Labeaume pense possiblement à sa future tour du côté de Sainte-Foy, mais ça ne changera rien à ça. Au contraire, des automobilistes ne vont plus dans ce coin-là en raison des problèmes de circulation et ils s’orientent ailleurs. Il y a des gens d’affaires, des petites PME, qui actuellement pensent à se relocaliser sur la Rive-Sud pour que leur 60 ou 70 % d’employés n’aient plus à composer avec le trafic».

Des constats réalisés il y a longtemps

Michel Bonneau rappelle que les discussions sur d’éventuels problèmes de circulation ne datent pas d’hier. Des élus avaient anticipé il y a longtemps la situation actuelle. «Si nous avions écouté Réal Lapierre (ex-maire de Beaumont et ex-député du Bloc Québécois) il y a vingt ans, nous l’aurions depuis 10 ans notre lien. Ce que l’on vit aujourd’hui est justement à cause de ce manque de vision et on s’apprête à faire pareil. Nous aurons de besoin de gens ayant l’avenir en tête et qui auront le courage de dire à un élu qu’il n’a pas de vision, même s’il est le maire d’une grosse ville. L’avenir, c’est pour les générations qui nous suivront».

À celles et ceux qui observent que la circulation dans la grande région de Québec se fait majoritairement à l’ouest du territoire, Michel Bonneau réplique que c’est le réseau routier actuel qui favorise cette réalité. « C’est un peu simpliste comme constat. Ferme une route dans Bellechasse ou ailleurs et tu vas diriger le trafic ailleurs. C’est normal que ça se soit développé à cet endroit, il n’y a pas de lien ailleurs que là. Quand il y aura un lien à l’Est, des gens y trouveront un intérêt».

Labeaume discret

Invité à réagir, le maire Régis Labeaume a simplement rappelé par la voix de son attaché politique que chacun a droit à son opinion. Il ajoute que le dossier concerne le ministère des Transports du Québec et que la Ville de Québec s’est contentée de rendre disponibles des chiffres qu’elle avait en sa possession sur les utilisateurs des infrastructures actuelles.