Les ambulanciers réclament efficacité et appui du public
SANTÉ. «Dans ma famille, on ne comprend pas pourquoi je fais de l’ambulance en pyjama ». Christian Duperron explique qu’ainsi, il sauve du temps : une ou deux minutes précieuses quand il doit quitter sa résidence pour rejoindre la caserne et ensuite se rendre sur les lieux de l’appel.
Les quelque 200 paramédics de TASBI (Travailleurs ambulanciers de Beauce) dont le territoire couvre la Beauce, les Etchemins, Bellechasse et Lac-Mégantic, décrient une situation qui prévaut depuis 1989 et qui nuit à l’efficacité de leurs services. À l’intérieur de cette grande région, deux horaires existent : celui à l’heure (20%) et l’autre de faction (80 %). Dans ce dernier cas, cela implique que les ambulanciers sont de garde à la maison. En moyenne, il leur faut entre sept et dix minutes pour gagner la caserne alors qu’en fonction d’un horaire à l’heure, il ne s’écoule qu’environ une minute pour se retrouver aux commandes du véhicule d’urgence.
Pour les paramédics, c’est trop, beaucoup trop. Pour chaque minute qui s’écoule avant l’arrivée d’une ambulance, les chances de réanimation d’une personne en arrêt cardio-respiratoire sont de 10 %. Au bout de dix minutes, c’est fini, avance le président de TASBI, Pascal Jacques.
Autre point : il faut parfois utiliser des ambulances plus éloignées du lieu d’appel parce qu’elles sont déjà en service ou qu’elles ont été mobilisées pour un transfert hospitalier. Christian Duperron, vice-président de TASBI se souvient, par exemple, d’un transport qui avait dû être fait de Beauceville à Saint-Prosper. Cela avait pris une quarantaine de minutes. C’est deux fois plus que le temps normalement réglementaire.
Un rapport sur les tablettes
L’horaire de faction avait été mis en place de façon temporaire, il y a plus de 25 ans maintenant. Or, il est toujours en force malgré certaines bonifications. Aussi, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, ajoute M. Jacques, vient de mettre sur la tablette un rapport d’experts confirmant qu’il y avait urgence d’agir afin d’améliorer le temps de réponse des ambulanciers.
Quelle raison a-t-il donné à TASBI? « Nous n’avons pas eu de réponse. Il ne nous a donné aucune raison, aucune précision. »
Appel à la population
Malgré toutes les revendications faites, les ambulanciers constatent que la population n’est pas assez au fait de la situation. « Nous voulons offrir de meilleurs services. C’est un cri du cœur que nous lançons aujourd’hui. C’est sûr qu’il y a une réalité financière derrière l’établissement d’un horaire à l’heure, mais nous croyons qu’un plan graduel et structuré devrait être déployé dans le temps », invoque M. Jacques.
Pour se faire entendre, les ambulanciers sollicitent l’appui de la population. Une campagne de sensibilisation est donc en cours sur le web et les réseaux sociaux. Quatre capsules sont diffusées et on demande aux gens de signer une pétition en ligne. L’accès le plus facile se trouve sur le site tasbi.ca. Alors que les capsules seront diffusées jusqu’au 29 mars, la pétition sera disponible jusqu’au 10 mai prochain.
Pascal Jacques conclut en disant : « Les députés doivent prendre conscience de l’urgence d’établir un service ambulancier uniforme, efficace et rapide dans toutes les régions du Québec et non seulement en zone urbaine. Aidez-nous à vous aider. »