Les candidats fédéraux se prononcent en faveur

AGRICULTURE. Les candidats à la prochaine élection fédérale ont profité du dernier week-end pour se ranger derrière le système de la gestion de l’offre en agriculture. Si le conservateur, Steven Blaney, a tenu à vanter les gestes de son gouvernement dans cette voie, le néodémocrate, Jean-Luc Daigle, et le bloquiste, Antoine Dubé, avaient quelques inquiétudes à formuler.

Dès le départ, Steven Blaney a rappelé que son parti était intervenu rapidement, dès son arrivée au pouvoir, pour redéfinir le mandat des négociateurs fédéraux. «Les libéraux n’avaient pas mis la gestion de l’offre d’une manière aussi déterminante que nous l’avons fait. Dans les nombreux accords de libre-échange que l’on a fait, nous avons toujours protégé les trois piliers de la chose, soit la production, le contrôle des exportations et l’évaluation du coût de la production.»

À son avis, quelques gestes concrets ont été posés avec le temps pour protéger l’intégrité du système. «En 2007, le ministre Chuck Strall avait mis fait à l’importation des protéines de laitière, on a ainsi voulu protéger l’intégrité du système, spécialement du côté de l’importation. Au cours des deux dernières années, j’ai été ministre responsable de l’Agence de contrôle des services frontaliers et j’ai personnellement voulu m’attaquer à l’échappatoire qui existait dans les importations de fromage. Le geste est passé inaperçu, mais a été salué par la Fédération des producteurs laitiers. Au niveau du partenariat Transpacifique, l’UPA a souligné que les ministres conservateurs avaient compris l’importance de la gestion de l’offre à la suite de l’échec des négociations.»

Pour le néodémocrate Jean-Luc Daigle, l’opportunité était belle lors des journées portes ouvertes de la fin de semaine pour vulgariser la position de son parti sur le sujet. «Tous les partis semblent d’accord sur ce point, mais avec plus ou moins de fermeté. Ce qui m’inquiète, c’est d’avoir entendu M. Harper dire que nous aurions des choix difficiles à faire. Ça ne me rassure pas et c’est la même chose chez les agriculteurs. Le NPD tient aussi à la gestion de l’offre. On souhaite aider davantage les jeunes à se lancer aussi dans cette voie. Il faut avoir les reins solides. Le NPD a déjà publié un texte intitulé «Manger, c’est vital.» Ça veut tout dire.»

Quant au candidat du Bloc, Antoine Dubé, il considère que le Partenariat Trans-Pacifique «sent la soupe chaude» et qu’on ne peut avoir aucune assurance morale que les partis du Bloc canadien défendront jusqu’au bout la gestion de l’offre en agriculture, pour utiliser son expression. «Bien-sûr que nous sommes pour les échanges commerciaux avec d’autres pays, mais pas au risque de mettre en danger notre souveraineté alimentaire, les fermes familiales et les produits d’ici. Ce sont autant les vendeurs de machinerie pour les usines de poulets, le transport du lait ou les autres secteurs de notre économie reliés à l’agriculture qui sont mis en danger ».

Il a ainsi peu confiance aux partis traditionnels pour protéger l’agriculture québécoise. «Peu importe le parti, il y un grand risque qu’ils finiront par laisser de côté le Québec et du coup, nos agriculteurs, nos travailleurs des secteurs de la transformation et de la commercialisation au profil des intérêts du reste du Canada.» Il cite comme exemple le dédouanage de 17 000 tonnes de fromages français à la suite de l’entente de libre-échange avec l’Europe.

Sentant visiblement que les efforts de son gouvernement semblaient insuffisants aux yeux de ses détracteurs, M. Blaney a tenu à marteler le même message. «Nous allons signer des ententes avantageuses pour le Canada, tout en protégeant le système. Déjà 39 accords ont été réalisés sous ce principe. On défend les piliers de la gestion de l’offre dans les négociations avec l’Europe, mais on s’engage, le cas échéant, à compenser toute perte qui pourrait survenir.»