Les fabriques se préparent à se regrouper

RELIGION. Les travaux des comités de transition visant à regrouper les différents conseils de fabrique sont en cours. Dans Bellechasse, les 20 paroisses de la MRC ne seront plus que deux à compter du 1er janvier prochain. Saint-Léon ne fait pas partie de ce groupe, étant rattachée à l’Unité pastorale des Etchemins.

Pour les paroisses du nord de Bellechasse, le nom Saint-Benoit-de-Bellechasse pourrait être confirmé dans les prochaines semaines à la suite des discussions à venir avec le diocèse. Les membres du comité de transition ont décidé de localiser le siège social et le secrétariat de la nouvelle fabrique à Saint-Charles. Le presbytère appartient à la municipalité, mais la fabrique y conserve des droits d’usage.

Le projet de regrouper les neuf paroisses de l’Unité pastorale des Montagnes et Rivières, en une seule, est aussi en voie de réalisation dans le sud de Bellechasse. Cette nouvelle structure sera responsable de la gestion ainsi que de l’administration des neuf communautés chrétiennes. Elle initiera bientôt une consultation des paroissiens dans chacune des communautés paroissiales afin de choisir un nom distinctif pour cette nouvelle fabrique.

Une autre étape importante devant conduire à la formation des nouvelles paroisses sera de compléter les dossiers de regroupement juridique à présenter à l’archevêque Gérald-Cyprien Lacroix.

Chaque fabrique locale accepte ainsi d’être dissoute. Ses biens et avoirs sont mis au service des fabriques regroupées qui seront administrées par une assemblée de fabrique à mettre en place. Les paroissiens et citoyens seront invités à profiter des séances d’information qui sont annoncées afin de donner leur avis et de mieux comprendre le processus en marche.

Un remodelage nécessaire

Impliqué au sein du comité de transition de l’Unité pastorale de La Plaine de Bellechasse, Jean-Pierre Lamonde confirme que la démarche n’a pas fait que des heureux au sein des paroisses de la région. Il était toutefois inévitable, selon lui, que des regroupements surviennent un jour ou l’autre.

Les nouvelles fabriques auront à gérer les équipements et les avoirs de tous les secteurs, en plus d’assurer le financement. Il est prévu qu’une bonne partie des sommes demeure dédiée à la paroisse où elles ont été recueillies, a-t-il précisé. «La réorganisation vient naturellement de la baisse du nombre de prêtres disponibles, de la fréquentation des églises et des revenus qui en découlent, sans oublier que les personnes intéressées à s’impliquer dans les paroisses sont de moins en moins nombreuses», laisse entendre M. Lamonde.

Un résumé cautionné par l’abbé Rosaire Gagné, curé responsable de l’Unité pastorale. «La seule chose qui va changer, c’est que nous n’aurons plus à être présents dans dix conseils de fabrique, mais dans un seul. La pastorale restera la même. Un curé sera toujours à la tête de l’équipe qui donnera la pastorale, appuyé de prêtres collaborateurs, d’agents de pastorale, d’intervenants et des comités locaux qui continueront de jouer le rôle habituel des marguilliers. Certains prêtres à la retraite feront aussi du ministère à l’occasion.»

M. Lamonde explique que la fusion ne sera pas une fin en soi et que les populations devront poursuivre leurs réflexions. «2018 sera complexe aussi, car il faudra roder cette nouvelle fabrique et gérer un nouveau parc immobilier. On ne peut pas garder des bâtiments vides ou qui ne servent pas suffisamment. C’est un désastre que de belles églises comme ça soient ouvertes une heure et demie par semaine dans certains cas. Il devra y avoir de nouveaux usages, en plus du culte, pour justifier qu’une communauté entretienne des bâtiments comme ceux-là. Il faut que cela serve. Il faudra que les municipalités plongent là-dedans un jour même s’il est vrai que ce n’est pas leur mandat de s’occuper du patrimoine religieux», ajoute Jean-Pierre Lamonde.

Un récent symposium sur ce sujet tenu à Beaumont avait permis de convaincre plusieurs de cette nécessité, sauf que le portrait des élus municipaux de la région risque de changer grandement après les élections municipales de novembre prochain. «Ce ne sont pas toutes les municipalités qui peuvent faire comme La Durantaye et transformer leur église en centre communautaire. Certaines ont déjà des bâtiments qui jouent ce rôle», observe M. Lamonde.

L’abbé Rosaire Gagné tient toutefois à préciser que les décisions sur l’avenir des bâtiments seront toujours prises par les milieux concernés. «Si la fermeture d’une église est envisagée, ce ne sera pas en raison des services de pastorale. Ce sera une décision administrative et par rapport à l’engagement des personnes. À l’heure actuelle, on réussit à tenir au moins une célébration par semaine dans chaque paroisse, en plus de celle du dimanche. Il n’y en a plus le samedi, puisque tout le monde souhaite tenir des funérailles ce jour-là. Nous avons choisi de répondre à ce besoin. Il y a aussi deux funérailles par fin de semaine en moyenne en plus d’un bon nombre de baptêmes regroupés et quelques mariages.»

La fin de l’église traditionnelle

Actuel président du conseil de fabrique de Saint-Charles, Jean-Pierre Lamonde estime que les regroupements devraient permettre aux paroisses d’assurer le maintien des services de pastorale encore un certain temps. Il entrevoit une série de changements sur la manière dont seront offerts les services religieux dans le futur.

«On sait déjà ce à quoi cela pourrait ressembler une fois la fusion complétée, mais nous n’avons pas de modèle sur lequel nous baser, alors c’est un peu une aventure. Les gens de notre génération, nous allons partir à un moment donné, alors nous sommes sur la fin de l’église traditionnelle. Une autre église va naître, possiblement différente. Peut-être que cette nouvelle église n’aura pas besoin des bâtiments. De petites communautés vont voir le jour pour échanger et partager, mais peut-être pas à la messe.»

L’abbé Rosaire Gagné approuve cette théorie. «Nous avons un projet pastoral à bâtir. Nous avons rencontré des gens de 18 à 35 ans il y a quelque temps et c’est ce qu’ils nous ont dit. Ils sont croyants, mais ils estiment que ce serait dorénavant au prêtre et au pasteur à aller vers eux, un peu comme le pape François se prononce à l’heure actuelle. Ce sera possiblement emballant pour ceux qui serviront.»

L’Église est peut-être mal outillée pour parler aux gens et surtout aux prochaines générations selon les deux hommes, car elle a une image possiblement trop traditionnelle. C’est le cas pour l’Église, mais aussi pour la population en général. C’est difficile d’intéresser les gens à quelque chose aujourd’hui conviennent-ils. «Avant, nous changions de génération aux 20-25 ans. Aujourd’hui, on dirait que l’on change tous les cinq ans ou à peu près. Alors il est difficile de prévoir ce que ce sera dans 10, 15 ou même 20 ans.»

Unité de La Plaine de Bellechasse

Saint-Raphaël, Saint-Gervais, Saint-Charles-Borromée, Saint-Philippe et Saint-Jacques (Saint-Vallier), Saint-Michel, Saint-Étienne de Beaumont, Saint-Gabriel de La Durantaye, Notre-Dame-du-Bon-Conseil (Honfleur), Saint-Anselme et Saint-Henri.

Unité pastorale Montagnes et Rivières de Bellechasse

Buckland, Armagh, Sainte-Claire, Saint-Damien, Saint-Lazare, Saint-Malachie, Saint-Nazaire, Saint-Nérée et Saint-Philémon.