Les fugues ne sont pas légion au Centre jeunesse

SOCIÉTÉ. Contrairement à d’autres centres jeunesse de la province, celui de Chaudière-Appalaches n’est pas aux prises avec un grave problème de fugueurs. Pour l’année 2014-2015, 92 ont été compilées au centre qui a pignon sur rue à Lévis, selon des données fournies par la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ).

«Dans environ 63% du temps, ils reviennent en moins de 24 heures», a indiqué la directrice de la protection de la jeunesse de Chaudière-Appalaches, Caroline Brown. La durée moyenne varie de deux à dix heures. Dès qu’un jeune s’absente sans autorisation ou flâne en revenant de l’école, par exemple, il est considéré en fugue.

Selon les chiffres, seulement 14 fugues se sont étendues sur plus de 72 heures. Dans la majeure partie des cas, les adolescents sont retrouvés dans la région ou à Québec. Très peu d’entre eux vont plus loin.

«C’est arrivé qu’il y ait eu des jeunes qui ont été retrouvés à Montréal et c’était le temps parce qu’ils auraient pu s’enliser dans un réseau. C’est exceptionnel indique-t-elle.

La problématique des gangs de rue n’est pas une réalité quotidienne à laquelle les éducateurs doivent faire face, comme c’est le cas à Laval. « Les jeunes vont nous en parler lorsque ça arrive. Ce n’est pas quelque chose de régulier, peut-être une ou deux fois par année. Leurs façons de faire évoluent. Ce sont de plus en plus les jeunes filles qui vont faire du recrutement. Ce qu’on voyait moins il y a quelques années », avance-t-elle.

De son côté, le policier à la retraite, Alain Gelly, rappelle que « les gangs de rue n’ont pas de frontières » et qu’il faut toujours rester vigilant. Toutefois, l’endroit où est situé le centre jeunesse peut jouer un rôle important. « Quelqu’un qui se tiendrait aux limites d’une école pourrait se confondre parmi les jeunes. Je ne vois pas de loups qui se promèneraient aux abords du centre jeunesse sans éveiller l’attention des éducateurs. »

Même si Lévis ne connaît pas les problèmes de Laval, explique-t-il, « cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas concernés par ce qui se passe. »

Collaboration

Ce bilan relativement positif s’explique, croient les deux intervenants par une bonne collaboration entre la DPJ, les éducateurs et le service de police. Le Centre jeunesse essaie aussi de mettre en pratique les recommandations que le ministère de la Santé a faites en 2013 dans un guide préparé justement pour prévenir les fugues.

Le personnel fait beaucoup de sensibilisation auprès des jeunes, ajoute Mme Brown. En identifiant les enfants qui ont un profil spécifique, ils peuvent intervenir plus facilement.

« À la base d’une fugue, il y a un besoin qui n’est pas comblé. Le jeune qui ne sait pas comment faire face à ce problème exprime son malaise de cette façon », rappelle-t-elle.

Un centre deux milieux de vie

Les Centres jeunesses accueillent les enfants de 0 à 18 ans mis sous la protection de la Loi sur la protection de la jeunesse. Dans cette situation, ils ne sont pas soumis à un milieu de garde fermé et peuvent obtenir des sorties autorisées. Parallèlement, ils accueillent également les enfants qui ont eu une sentence de la Chambre de la jeunesse. Cette fois-ci, ils vivent dans une unité fermée.

Par Mélanie Labrecque, journal Le Peuple