Les poursuites judiciaires et la mauvaise presse en cause

Alain Contant et Michel Allard aimeraient bien régler rapidement l’arrérage de taxes municipales dues à la municipalité de Saint-Philémon pour les 57 terrains qui sont toujours invendus dans le secteur du Village de montagnes Massif du Sud. Cependant, la situation n’est pas si simple, clament-ils.

«La situation a beaucoup changé depuis 2012. Les poursuites déposées contre nous par les MRC et la Corporation d’aménagement Massif du Sud (CADMS), ainsi que la mauvaise presse des dernières années nous ont scié les jambes, c’est le moins qu’on puisse dire», signale Michel Allard qui ajoute que depuis trois ans, les revenus de l’entreprise ont fondu du tiers.

Dans les trois années suivant le lancement du projet de Village de montagnes Massif du Sud, près de 90 terrains ont été vendus à un prix moyen allant de 5 $ à 6 $ le pied carré (50 000 $ à 60 000 $ chacun). Depuis, plus rien, les terrains ne se vendent plus et ceux qui en ont hésitent avant de construite. En plus de ne pas disposer des sommes requises pour payer leurs taxes, ils ont dû remercier une douzaine de personnes qui œuvraient pour la division construction de l’entreprise, «Bâtisseurs des Appalaches», car ils n’avaient plus de travail pour eux.

«Ce n’est pas parce qu’on ne veut pas les payer, au contraire, on a toujours été de bonne foi là-dedans. On en a payé beaucoup de taxes depuis que nous sommes ici et nous souhaitons que ça se règle», avoue M. Contant qui rappelle qu’avant de lancer le projet de Village de montagnes Massif du Sud, beaucoup de risques ont été consentis dans le démarrage du projet et sa promotion. «C’était une terre en friche qui rapportait environ 1 000 $ par année à la municipalité. Aujourd’hui, celle-ci lui rapporte 500 000 $ annuellement. Cela sans oublier la richesse foncière uniformisée qui a bondi de façon spectaculaire.»

«Depuis ce temps, on nous blâme dans les journaux parce que nous ne payons pas nos taxes municipales. Quand il n’entre plus d’argent, c’est difficile de le faire. Et ce n’est certainement parce que nous sommes fous à temps plein, car nous avons des entreprises qui vont bien. Nos employés, nos clients et nos fournisseurs semblent nous apprécier, mais ce n’est malheureusement pas le cas pour certains élus de la région», déplore-t-il.

Pas en conflit

MM. Contant et Allard rappellent qu’ils ne sont en aucune manière en conflit avec la municipalité de Saint-Philémon. «Nous travaillons en collaboration avec eux dans ce dossier. On a accepté avec le maire et son équipe de faire ça et de conserver un lien fort. Est-ce que ça fait notre affaire qu’un huissier vende les terrains à un prix aussi bas ? Certainement pas. Ça va nous faire mal temporairement, mais dans la vie il faut parfois faire un pas en arrière pour en faire deux en avant. Tout ce qu’on veut, c’est que les problèmes cessent.»

Les deux hommes reconnaissent que la municipalité est «un peu mal foutue dans tout cela» et ils apprécient le fait que le conseil leur laisse aussi la latitude de vendre ces terrains, que ce soit individuellement ou dans son ensemble.

En attente du jugement

Toutes les parties impliquées dans le dossier de la poursuite intentée par la Corporation d’aménagement Massif du Sud (CADMS) ainsi que les MRC de Bellechasse et des Etchemins contre la station touristique sont en attente du jugement qui était prévu en septembre, mais qui selon Alain Contant ne sortira que beaucoup plus tard cet automne.

Le maire Daniel Pouliot est d’avis que si ce jugement règlera le fond de la question, il ne règlera pas tout et forcera toutes les parties à s’entendre pour faire du développement du secteur une priorité. «Il faut redémarrer le dialogue dès maintenant et on n’a pas besoin d’attendre le jugement pour le faire. L’harmonie est importante autant pour la municipalité et la région que pour les propriétaires actuels ou futurs de la station de ski.»

Alain Contant est aussi d’avis que rien ne sera vraiment réglé, malgré les centaines de milliers de dollars engloutis en frais d’avocats, et que les deux parties seront condamnées à travailler ensemble et trouver des solutions qui bénéficieront à tout le monde, comme leur avait indiqué la juge qui a entendu la cause au palais de justice de Québec. Certaines négociations auraient déjà été engagées lors des audiences tenues à l’automne 2015, mais des problèmes majeurs de santé ont frappé M. Contant, forçant le ralentissement ou l’arrêt de celles-ci par la suite. L’homme d’affaires ajoute qu’il a sollicité des rencontres avec la nouvelle direction de la MRC de Bellechasse et qu’il était toujours en attente d’une réponse.

Le Massif du Sud en opération cet hiver

Les nombreux problèmes qui affligent les propriétaires actuels de la station touristique Massif du Sud n’empêchent pas ces derniers de se préparer en vue de la saison 2016-2017.

«Malgré les nombreuses rumeurs qui courent, nous serons en opération et on se prépare en conséquence», signale le président Alain Contant.

En raison des nombreux caprices de mère Nature, la dernière saison a été la pire de l’histoire de la station. «Après les ratées majeures que nous avons eues en 2009-2010, ça va beaucoup mieux que par le passé. On a investi plus de 750 000 $ en six ans pour l’amener au niveau où elle est aujourd’hui et ce faisant, nous n’avons plus qu’à faire de la maintenance préventive», précise-t-il.

«Cela fait cinq ans que nous n’avons plus de bris de remontée. Il y a parfois des arrêts en raison des vents ou d’autres événements hors de notre contrôle, mais notre chef mécano Jimmy Blanchet fait du très bon boulot pour nous», poursuit-il.

Les équipes sont toujours en place, mais M. Contant avoue qu’il manque de personnel pour le moment, surtout dans les cuisines où les intéressés sont plutôt difficiles à trouver.