Les proches aidants isolés en raison de la pandémie

BELLECHASSE. L’actuelle pandémie de COVID-19 augmente l’isolement dont souffrent bien des proches aidants, en plus de limiter l’accès au répit et aux ressources auxquelles ces personnes ont accès en temps normal.

C’est ce que souligne la directrice générale du Regroupement des proches aidants de Bellechasse, Johanne Audet.

Si on a beaucoup parlé des aidants naturels qui avaient moins accès, sinon du tout à leurs proches vivant en résidences ou en CHSLD lors du confinement, elle déplore qu’on ait un peu oublié ceux dont les aidés sont à domicile.

« Les gens à domicile, c’est invisible, on en parle moins. Quand tu vis avec un proche qui souffre d’Alzheimer, qui est toujours dans ta bulle et qui te pose toujours plein de questions, ce n’est pas toujours facile même si tu l’aimes. Ces personnes doivent assurément s’ennuyer de l’oxygène que leur apportait le répit », mentionne Mme Audet qui ajoute que les coopératives de services à domicile et des organismes comme le sien peuvent encore offrir un minimum de services.

« Pour offrir un tel service à domicile, ça prend souvent des préposés, mais il y a pénurie à ce niveau, car les opportunités d’emploi sont assez nombreuses. Cela sans oublier les bénévoles qui sont de moins en moins nombreux et qui hésitent à s’impliquer dans le contexte actuel de pandémie », déplore-t-elle.

Mme Audet rappelle que depuis le début de la pandémie, bien des proches aidants ont décidé de fermer les portes de leurs résidences, par crainte d’attraper le virus. D’autres ont décidé, de leur propre chef, de mettre fin au service de répit, sans oublier la fermeture des centres de jour qui empêche certains proches aidants de profiter d’un tel service. « Même s’ils ont droit au répit, il n’est pas toujours évident pour eux d’en profiter en zone rouge, alors que plusieurs commerces, dont les restaurants, sont fermés », poursuit-elle.

Les groupes de soutien maintenus

Johanne Audet mentionne que le Regroupement des proches aidants a maintenu ses groupes de soutien en « présenciel », dans le respect des normes sanitaires. « On prend des salles plus grandes, on respecte les deux mètres et notre intervenante porte toujours un masque. Les gens sont au rendez-vous », signale-t-elle en ajoutant que le développement de nouveaux groupes de soutien, qui était dans leur mire, a été mis sur la glace pour le moment.

« On a voulu créer des groupes de discussions sur Zoom ou d’autres plateformes, mais ce n’est pas fait pour tout le monde », affirme Mme Audet qui confirme toutefois que les suivis téléphoniques ont doublé depuis le début de la pandémie.

Soulignons que le RPAB a desservi 174 proches aidants en 2019-2020, incluant les anciens, et que ceux-ci sont âgés, pour la plupart, de 65 à 80 ans.

« Dans le futur, on souhaite rejoindre davantage les gens qui sont sur le marché du travail et qui doivent concilier le travail avec le rôle de proche aidant. En période de pandémie, il existe des prestations au fédéral, mais tu dois arrêter complètement de travailler pour en profiter, ce qui est contre la volonté de ces proches aidants veulent travailler. C’est leur façon de s’évader et de s’épanouir. »

Passer le flambeau au provincial

Présidente du Regroupement des aidants naturels du Québec depuis six ans, Johanne Audet quittera ses fonctions d’ici les deux prochaines semaines.

« Cela fait 12 ans que je suis sur le CA provincial, dont les six dernières à titre de présidente. Il est temps que je passe le flambeau », précise-t-elle en rappelant que le regroupement provincial dessert 105 organismes établis dans toutes les régions du Québec.

« C’est comme un deuxième emploi. C’est très prenant, comme emploi, sans oublier notre organisme qui ne cesse de grandir. »

Mme Audet dit par ailleurs fonder beaucoup d’espoir envers le nouveau projet de loi sur la reconnaissance et le soutien des proches aidants qui vient d’être adopté par le gouvernement Legault. « Ce sera un plus pour nous, c’est certain, car il y aura un plan d’action et du financement qui viendra avec », affirme-t-elle en rappelant que cette nouvelle loi répond aux demandes qui émanent, depuis quelques années déjà, au niveau provincial.