Les producteurs dénoncent la réforme de taxation
AGRICULTURE. L’Union des producteurs agricoles (UPA) considère que le gouvernement fait fausse route dans sa réforme de la taxation foncière agricole qui ouvre la porte à une réduction de l’agriculture et à la spéculation.
Le directeur général de l’organisation, Charles-Félix Ross, était à Lévis ce matin (mardi) pour dénoncer la refonte du programme d’aide aux producteurs agricoles, annoncée lors du dernier budget du gouvernement libéral.
Avant ce changement, les agriculteurs recevaient un remboursement de taxes municipales par palier selon leurs biens, en hectares. Or, selon ce que M. Ross rapporte, cela tomberait pour imposer un remboursement unique de 78 % des taxes à tous les propriétaires terriens qui déclarent un revenu agricole de 5000 $ et plus.
«On demande une réforme de la fiscalité agricole pour que les producteurs payent selon le potentiel agricole de leurs terres et non par rapport à la valeur spéculative de celle-ci», plaide l’agroéconomiste.
Charles Paquet, président de l’UPA de Lévis, a chiffré la réforme libérale. Selon lui, une entreprise maraîchère de 32 ha près d’un milieu urbain verra sa facture de taxes municipales nettes passer de 645 $ à 1350 $ avec le nouveau programme, soit un saut de 110 %. Dans le cas d’une ferme de petite taille, l’augmentation est de l’ordre de 117 %. Les entrepreneurs devront désormais payer les taxes scolaires.
Accaparement des terres
Avec cette réforme, les dirigeants de l’UPA craignent aussi que les terres ne servent plus qu’à l’agriculture. Cela peut encourager les acheteurs à acquérir des terres pour leurs loisirs seulement, sans exploiter la terre.
Selon M. Ross et Paul Doyon, président du regroupement de Chaudière-Appalaches, il devient trop facile pour n’importe quel propriétaire d’atteindre les 5000 $ de revenu requis pour se qualifier pour le programme de remboursement de taxes. «Les riches propriétaires qui ont 20 hectares et quelques chevaux pourraient se faire rembourser», déplore M. Ross.
M. Doyon a maintes fois décrié que les terres ne servent plus à l’agriculture. Il a déjà noté dans le passé que la proportion de terres abandonnées, inexploitées ou même encore reboisées augmente en Chaudière-Appalaches.
Par Vincent Breton, journal Le Peuple