L’UPA craint l’accaparement des terres agricoles
AGRICULTURE. L’avenir de l’agriculture monopolise les discussions chez les intervenants de la filière. Avec la relève agricole et la gestion de l’offre, l’accaparement des terres est un sujet de plus en plus présent dans l’actualité, particulièrement en ruralité.
La Fédération de l’UPA de la Chaudière-Appalaches et ses syndicats affiliés de Bellechasse et Dorchester ont tout de même tenu à présenter un exemple de relève non apparenté alors que la Ferme Belflamme de Saint-Anselme vient d’être cédée, en partie, à un jeune couple qui rêvait d’opérer une ferme laitière dans la région.
Simon Laflamme et sa conjointe Emmanuelle Vincent ont récemment acquis une portion des actifs de la ferme de Jean-Clément Lacasse et de son fils Martin qui refusait de vendre au plus offrant, souhaitant que leur entreprise poursuive ses opérations malgré l’absence de relève dans la famille. «Nous avons choisi de débuter par l’achat des actifs soit le quota et les vaches», indique Simon Laflamme qui précise que les anciens propriétaires continueront à les appuyer dans la transition et l’exploitation de la propriété de 175 acres.
Le couple ne peut, pour l’instant, espérer vivre uniquement grâce à la ferme. M. Laflamme occupe un emploi à temps partiel pour la coopérative Unicoop à Sainte-Marie et sa conjointe Emmanuelle travaille à temps plein chez Financement agricole Canada. Ils espèrent acquérir l’ensemble des actifs de l’entreprise dans dix ans. «Il faut y penser, calculer. C’est rentable pour le moment avec un travail à temps plein et un travail à temps partiel. Le fait que nous sommes en production laitière devrait nous sécuriser, même si le prix du lait était à la baisse il n’y a pas longtemps», estime le couple
Le concept réjouit les intervenants de l’UPA dans la région, conscients toutefois que l’offre et la demande pourrait avoir raison de certaines portions agricoles du territoire même si le phénomène est peu présent en Chaudière-Appalaches. «Certaines terres sont acquises dans un esprit de spéculation», observe le président de la Fédération régionale, Paul Doyon. «Certaines personnes souhaitent déménager en campagne à leur retraite et souhaite acquérir un bout de terre pour une petite érablière ou un lot à bois pour la chasse et ces gens paient souvent plus cher qu’un agriculteur de la relève. Cela finira par diminuer les superficies agricoles.»
Charge contre le ministre
Explorant plusieurs sujets du monde agricole en lien avec l’absence de relève et l’accaparement des terres agricoles, M. Doyon n’a pas mâché ses mots vis-à-vis l’actuel ministre de l’Agriculture, Pierre Paradis. «Pendant les 18 premiers mois, il ne se passait rien puisqu’une révision des programmes était en cours nous disait-on. Dans les derniers mois, nous avons vu où le ministre s’en allait et nous nous sommes ennuyés des 18 mois où il ne se passait rien. Le ministre martèle que les jeunes sont freinés dans leurs aspirations par la mise en marché collective et les règles qui régissent l’agriculture moderne.»
Il souhaiterait voir un soutien financier accru en agriculture, à l’image d’autres province ou pays. «Les programmes de sécurité agricole ont été saccagés par la financière agricole ce qui occasionne que les producteurs abandonnent de peur de vivre la prochaine crise, rien pour encourager la relève. Dans son attitude, le ministre semble vouloir ne rien améliorer de ce qui va mal et de vouloir scrapper ce qui va bien. Tout ça ne cause que des incertitudes et rend l’agriculture peu attrayante. Nous avons besoin de politiques de sécurité du revenu. Lorsque nous sommes dans des fermes qui ne sont pas sous gestion de l’offre, c’est l’assurance stabilisation qui assure une certaine sécurité sauf que ces programmes sont souvent menacés.»
Pierre Paradis a choisi un modèle à deux niveaux selon M. Doyon. «Le concept des fermes familiales n’existe pas dans son vocabulaire. Il y a premièrement la grande industrie et la production de masse et deuxièmement, l’agriculture de proximité qui n’existera que près des grands centres seulement, c’est celle que nos ancêtres ont abandonnée, car elle les maintenait dans la pauvreté».
Les États-Unis subventionnent leur agriculture à coups de millions par jour et l’Ontario a adopté une politique de développement agressive, rappelle M. Doyon. «Ici au Québec, on ne veut pas comprendre que d’investir en agriculture, ce n’est pas une dépense, mais un investissement».
L’UPA en Chaudière-Appalaches regroupe 9 175 producteurs agricoles propriétaires des 5 750 fermes réparties sur le territoire des 10 MRC de la région administrative.