MRC des Etchemins: un mal pour un bien

MUNICIPAL. Les 13 municipalités des Etchemins ont réussi à s’entendre sur l’adoption d’un plan de relance, dans l’espoir que le gouvernement du Québec donne à la MRC des outils qui assureront son développement.

Cette unanimité a été acquise, mais non sans quelques discussions animées parmi les élus qui souhaitaient y trouver leur compte. De tels échanges sont fréquents à la table des maires depuis la création des MRC en 1983. Il est vrai que leur appartenance au territoire des Etchemins a été imposé à certaines d’entre-elles, à ce moment.

Ce n’est un secret pour personne, quatre des 13 municipalités du territoire actuel, Sainte-Aurélie, Saint-Benjamin, Saint-Zacharie et Saint-Prosper, ont peu de lien avec les neuf autres. Leur appartenance à la Beauce a toujours été naturelle de par leur proximité et autres. Les discussions entourant le plan de relance ont toutefois illustré les besoins de chacune et l’importance de travailler de concert.

Le préfet de la MRC, Harold Gagnon, se dit conscient que les dissensions occasionnelles à la table des maires pouvaient nuire à l’évolution de la MRC. Il confirme même que la possibilité de scinder la MRC des Etchemins a été évoquée. «Ça a été discuté. Nous avons regardé le positif et le négatif et la conclusion, pour tout le monde, était que nous devions travailler ensemble, que c’est ce dont nous avions de besoin. C’est la première fois que nous avons un plan unanime et qui touche tout le monde. On ne peut pas continuer sans s’unir et travailler conjointement.»

Les relations se sont toutefois passablement améliorées au cours des dernières années, estime l’ex-préfet de la MRC et maire de Sainte-Rose, Hector Provençal. «La villégiature, l’industriel et le récréotouristique rejoignent tout le monde. Pour le plan de relance, tout le monde est en accord pour dire que si nous n’obtenons pas ça, nous n’irons pas loin.»

Beaucerons ou Etcheminois?

Certains concèdent n’avoir que peu d’appartenance au territoire des Etchemins. Le maire de Saint-Prosper, Richard Couët, trouve que l’on s’attarde peut-être un peu trop au volet sentiment d’appartenance. «C’est normal qu’il y ait un intérêt vers la Beauce en raison de notre proximité. C’est connu que, lors de la création des MRC, les citoyens de Saint-Prosper ne voulaient y aller. Nous sommes dans la MRC des Etchemins et c’est avec eux que nous travaillons. C’est possiblement la même chose pour Saint-Henri avec Lévis. C’est souvent le cas pour ceux qui sont situés aux extrémités d’un territoire. Je ne crois pas que la population d’Armagh estime avoir un lien avec la MRC elle-même. Personne ne m’a dit qu’il demeurait dans la MRC Robert-Cliche. On me dirait plutôt, je viens de Saint-Joseph-de-Beauce ou de Saint-Camille. Les citoyens développent une appartenance à leur municipalité, qui elle fait partie d’une MRC qui donne des services.»

Le maire de Saint-Zacharie, Jean Paradis, abonde dans le même sens. «Je suis Beauceron par le comté et Etcheminois par la MRC. Il est vrai que nous sommes quatre municipalités situées en Beauce lors d’élections fédérale et provinciale et idéalement, on aimerait peut-être se situer dans la MRC Beauce-Sartigan. Je sais que nos quotes-parts seraient plus basses, mais pour notre poids politique, je ne sais pas. Il est certain que lorsque le premier ministre est venu promettre une aide spécifique à la MRC des Etchemins, cette aide n’aurait pas été offerte à Beauce-Sartigan, car la réalité n’est pas la même.»

Pas obligés de s’aimer pour vivre ensemble

Tous les maires de la MRC ont choisi de laisser certaines divergences de côté et de s’unir dans un but commun. Les Etchemins ont de grands espaces à offrir et tous cherchent à attirer de nouveaux résidents, s’entendent pour dire les élus.

L’épisode administratif et légal entourant le développement du Lac-à-Pierre, sur le territoire des localités de Sainte-Justine et Saint-Luc, est un exemple de ces freins au développement, selon plusieurs élus du territoire. «Si on veut développer une région, il ne faut pas que cela se passe ainsi toutes les fois», estime le préfet Harold Gagnon.

Les maires Richard Couët et Jean Paradis estiment que le plan de relance est un bon document de travail. «Un plan, c’est un plan. Le gouvernement nous a demandé un plan et nous en avons produit un. Ils ont un document qui regroupe tout le monde. C’est sûr que c’est rempli de choses intéressantes, mais pour le reste je ne sais pas, car c’est politique avant toute chose», illustre M. Couët.

«À Saint-Prosper, le soutien au développement d’un deuxième parc industriel représente un élément majeur. Celui que j’ai est plein et je suis le plus près de l’autoroute de la Beauce nouvellement ouverte. J’ai besoin de support financier pour faire ça, mais avec les conversations que j’ai actuellement, je ne suis pas confiant. Il y a toujours des règles qui nous bloquent. Tout ça est dubitatif», mentionne-t-il, illustrant ainsi son doute et son scepticisme.

Il ajoute qu’il y a, toujours dans le plan de relance, des éléments majeurs qui viendraient répondre aux besoins de tous. «Faire changer certaines règles au sein de la CPTAQ ou du ministère de l’Environnement, ce serait bien, mais je crois que ce n’est pas demain la veille qu’on va faire bouger ces ministères-là. Tant mieux si on réussit à mettre en place un projet expérimental et à obtenir une souplesse à certains niveaux, mais j’ai des doutes.»

Jean Paradis situe les intérêts de sa municipalité à un autre niveau. «S’ils nous donnent ce que l’on suggère, ce sera de bons outils. Chez-nous à Saint-Zacharie, s’il y avait davantage de souplesse dans l’environnement et à la protection du territoire agricole, nous aurions davantage de possibilités pour développer notre villégiature et ça ne coûterait rien monétairement.»