Nouveaux arrivants: l’importance de l’encadrement

INTÉGRATION. La venue de nouveaux arrivants sur le territoire est devenue un incontournable pour les communautés aux prises avec différents défis. Besoins de main-d’œuvre, de jeunes familles et baisse constante de leur démographie les forcent à innover pour régulariser certaines situations.

L’appellation «nouvel arrivant» est toutefois souvent synonyme d’immigration. Le contexte social et politique actuel soulève à l’occasion quelques débats et certaines réflexions dans les milieux.

Colombe Grégoire de Lac-Etchemin se distingue par son implication dans l’accueil de personnes généralement issues de l’immigration. En plus d’avoir adopté trois enfants d’origine haïtienne dans le passé, elle a parrainé l’arrivée de près d’une dizaine de personnes au cours des dernières années. «J’ai demeuré en Afrique lorsque j’avais 18 ans, alors cette ouverture je l’ai acquise rapidement. Je n’ai pas eu peur de la différence et je suis capable de m’affirmer comme québécoise aussi».

Elle et son conjoint Christian St-Pierre ont une belle histoire d’intégration dans la région. Mme Grégoire convient qu’un processus rigoureux est nécessaire pour rendre efficace l’arrivée d’immigrants. Elle juge avoir réussi à mener à bien l’évolution de plusieurs, dont quelques personnes d’origine haïtienne. «Le niveau de difficulté est très grand, mais la culture haïtienne est compatible avec la nôtre. Mon expérience me dit qu’au bout de deux à trois ans, ils sont biculturels et autonomes financièrement».

Il y a une intégration qui est nécessaire selon elle et c’est un suivi rigoureux. «Il est clair que si je m’en vais dans un pays qui ne m’est pas familier, je me colle à une cellule de base. En Haïti par exemple, je veux savoir s’il y a des serpents, si on me fait une blague, si certaines choses sont méchantes, est-ce que je peux me faire avoir, la nourriture, etc.»

Des exemples de réussites

Mme Grégoire nous a permis de rencontrer Vladimir Louis, âgé dans la trentaine et arrivé au Québec en 2011. C’est ici qu’il s’est lié à celle qui partage sa vie, Maline Abraham, une jeune femme de 28 ans arrivée en 2012, plus particulièrement à Saint-Georges. Les deux, Haïtiens d’origine,  sont aujourd’hui les parents du petit Vladinski âgé de deux ans et né au Québec. La petite famille habite son propre appartement à Lac-Etchemin depuis un peu plus d’un an.

Colombe Grégoire insiste pour dire que leur arrivée en sol québécois a nécessairement dû être suivie d’un parrainage soutenu. Vladimir est un bon exemple. «À son arrivée, moi, Christian et la famille, nous l’avons entouré. Nous lui avons expliqué ce que c’était que d’être québécois, comment on fonctionne et comme la confiance s’est installée, je pouvais ainsi affirmer des valeurs et des stratégies bien à nous et aussi comprendre ses façons de faire. Mais ce n’est pas du 9 à 4, c’est sept jours par semaine et 24 heures sur 24».

Vladimir est électromécanicien chez Rotobec à Sainte-Justine depuis près de quatre ans maintenant. «Après le tremblement de terre en Haïti, tout était dévasté et la jeunesse n’avait pas beaucoup de sorties. J’ai reçu une bourse du CIMIC à Saint-Georges, mais j’avais seulement la partie scolaire, pas celle de subsistance. La Commission scolaire Beauce-Etchemin avait alors lancé un appel aux gens intéressés à accueillir des étrangers. Christian et Colombe ont répondu à l’appel. Je suis demeuré avec eux pendant trois ans. Avec ma famille d’accueil, j’ai appris pas mal de choses. Ça n’a pas été difficile de m’intégrer.»

Comme nouvel arrivant dans la région, il indique qu’il avait certaines craintes, mais ses inquiétudes se sont rapidement dissipées. Parmi les choses les plus difficiles, il cite le climat sans hésiter. «On n’a jamais connu la neige. Les façons de cuisiner aussi. Je ne faisais pas la cuisine, c’était ma mère. J’ai trouvé ça dur, mais je me suis habitué. Au travail, je me fais taquiner beaucoup. Ça ne me dérange pas, au contraire, j’aime ça.  Au lieu de me faire ignorer, je me fais agacer et je sais que ce n’est pas méchant. Ça fait un lien d’amitié.»

Même s’il a le français comme langue maternelle, il a dû s’habituer à certaines expressions. «L’accent québécois m’a causé des difficultés au début, mais je me suis habitué rapidement. Je sortais de l’école et je me rendais tout de suite dans ma famille d’accueil. J’avais peu de contact avec les autres étudiants sauf dans les pauses», indique-t-il en ajoutant avoir rapidement constaté des différences dans les coutumes des gens d’ici, à titre d’exemple la débrouillardise.

L’importance de s’impliquer

Sa conjointe Maline travaille pour la Coopérative de service des Etchemins où elle effectue des tâches ménagères et est retournée aux études suivre une formation pour devenir infirmière auxiliaire espérant aller chercher un meilleur salaire. Elle a aussi participé aux activités de l’organisme Parentaime lorsque Vladinski était plus jeune.

Les deux font partie de la chorale à l’église de Lac-Etchemin et s’impliquent bénévolement au sein de l’organisation du 150e de la municipalité. Christian St-Pierre ajoute que les commentaires à leur sujet sont excellents. «On a de très bons échos de leurs employeurs et autant des gens qui leur ont loué des appartements. Tous se sont dits enchantés de les avoir reçus.»

Mme Grégoire nous a également recommandés à Catia Bonhomètre, une femme dans la trentaine qui a son statut de résidence permanente. Elle travaille comme préposée aux bénéficiaires au Centre de santé des Etchemins. D’origine haïtienne elle aussi, elle avait eu le temps de se préparer avant de quitter. «C’est en étudiant le Québec que j’ai choisi de venir m’y établir. J’avais beaucoup d’information, car j’avais déjà choisi de venir ici. Les lois, les saisons et tout le reste, j’avais fait cette préparation même avant de venir au Canada».

Mère d’une petite fille de deux ans, elle attend maintenant l’arrivée de son conjoint pour qui les démarches sont en cours depuis plus d’un an. «Je ne peux dire que je suis complètement intégrée, car j’attends que mon conjoint puisse venir nous rejoindre.»