Pas de «Frisson» à Lévis
Propriétaire du bar laitier Le Frisson de Saint-Gervais, Michelle Asselin critique une disposition de la règlementation municipale qui l’empêche dorénavant de se rendre à la rencontre des gens, sur le territoire de la Ville de Lévis, avec son unité mobile.
Selon les explications qu’elle dit avoir reçu des inspecteurs municipaux, les gens qui la reçoivent doivent détenir un permis avant toute chose. «On m’avait toujours dit que je pouvais me rendre aux endroits où on m’avait invité. Le problème, c’est que la ville ne veut pas donner de permis.»
Mme Asselin dit comprendre qu’une règlementation doit encadrer la présence des «food trucks». Elle indique cependant ne pas être là pour concurrencer qui que ce soit, mais répondre aux demandes qui lui sont faites. «Le but n’a jamais été d’ouvrir le panneau sur le coin d’une rue pour faire concurrence aux commerces déjà existants. Je vais là où on me demande, dans les foyers, les garderies, les écoles ou autres et je souhaite simplement jumeler ces sorties avec une autre pour rentabiliser le déplacement. Des gens de Saint-Lambert me demandent de m’y rendre. Je n’y vais pas car il y a déjà un bar laitier. Nous ne pouvons même pas faire plaisir aux gens et entreprises qui nous invitent. Par exemple, chez Desjardins qui nous demande d’aller les servir sur l’heure du dîner, nous ne pouvons pas le faire.»
Un projet de loi bientôt
La Ville de Lévis se défend d’interdire les «food trucks» sur son territoire privilégiant plutôt un encadrement. Le maire Gilles Lehouillier avait d’ailleurs soutenu à TC Media Nouvelles que le succès du projet pilote sur le sujet rendaient intéressantes les unités de restauration mobiles. «À la lumière d’une expérience qui fonctionne très bien, on va déposer un projet de règlement au conseil municipal où on établit les règles minimales».
Ces règles devraient toutefois respecter certains fondements. Les propriétaires de camions devront déjà détenir un bureau à Lévis et ils seraient aussi assignés à des territoires spécifiques où ils ne provoqueraient pas de concurrence déloyale, mais où les affaires seraient viables.
Selon les prévisions du maire de Lévis, le projet de règlement pourrait être déposé dès 2017 pour permettre à trois ou cinq camions de restauration de s’établir cette même année. Ceux intéressés à décrocher un permis devraient passer par un processus d’appel de projets.
Une mode
Michelle Asselin a déjà eu pignon sur rue à Lévis, mais a perdu son espace lorsque son locateur a mis un terme à l’entente. «Je n’ai malheureusement jamais revu un local bien situé, avec beaucoup de stationnements et à un prix raisonnable. Le «food trucks» me permettait de faire plaisir à mes clients et ceux qui souhaitaient venir à notre rencontre. J’ai investi 150 000 $ sur mon camion. Il est beau. C’est loin des charrettes que l’on peut voir par moment, mais aujourd’hui, c’est devenu une mode.»
Elle ne souhaite que pouvoir agir en bonne citoyenne tout en rentabilisant son investissement. «Je suis prête à en payer des taxes pour être là, sauf que je ne trouve pas de local adéquat pour moi. Qu’on me demande d’en payer des taxes s’il le faut. Nous avons entendu parler d’un possible assouplissement de la règlementation pour celles et ceux qui ont une adresse civique à Lévis sauf que moi, je ne trouve pas d’adresse civique qui répond à mes besoins.»
Selon elle, ce n’est pas une bonne façon de faire. «Un entrepreneur de Shawinigan m’a confié récemment qu’il souhaitait vendre ses «grilled cheeze» à Lévis. Il voulait d’abord faire un test et voir si son produit peut être intéressant pour le marché, mais il ne peut le faire en vertu de cette règlementation.»
Mme Asselin précise avoir des engagements tous les week-ends cet été pour les deux camions qu’elle possède, avec plus d’une centaine de sorties à son agenda. Elle a cependant dû en annuler une vingtaine en raison de la règlementation. «Nous avons reçu une invitation du comité organisateur d’une rencontre de propriétaires de voitures antiques tous les mercredis soirs à Lévis. Je ne crois pas déranger personne, car il n’y a pas de commerce du genre à proximité. Nous répondions à un besoin chez les exposants qui souhaitaient se restaurer ou boire pendant l’exposition. L’an dernier, les gens quittaient le site plus tôt. Notre présence a même permis d’augmenter le nombre de participants.»
Elle estime que son commerce et les «food trucks» en général ont un effet positif, comme c’était le cas avec cette exposition de voitures antiques. «À Lauzon, les gens des Galeries du Vieux-Fort nous demandaient d’y être pour attirer des gens dans le centre commercial. Encore là, on ne peut le faire alors on se rend ailleurs. Je ne sais pas qui s’est plaint. Je sais que certains commerces profitent de notre présence à l’occasion. C’était sain pour le Canadian Tire, car des gens s’y rendaient après être venus nous voir. Des personnes venaient voir les voitures antiques puis se dirigeaient vers le Burger King par après».
Elle entend continuer de fréquenter les municipalités de Bellechasse et de la Beauce dans un premier temps, en espérant une modulation de la législation en vigueur sur le territoire de Lévis. «Les municipalités nous invitent et nous accueillent à bras ouverts en disant que l’on fait plaisir à leurs citoyens. Pourquoi pas à Lévis et même ailleurs.»