Passionné par l’histoire de la littérature et le latin

Le latin et l’ancien grec. Montaigne et Érasme. Si ces langues et auteurs d’une autre époque ne vous sont pas familiers, ne vous en faites pas, vous n’êtes pas seuls. Ces éléments font cependant partie du quotidien de Jean-Nicolas Mailloux de Saint-Damien qui amorcera sous peu un doctorat en histoire de la littérature à l’Université Paris 3, en France.

Après deux années de maîtrise dans ce secteur d’activités aux Universités Paris 7 (Paris-Diderot) et Paris 3 (Sorbonne Nouvelle), le Bellechassois de 25 ans apprenait en juin dernier qu’il était récipiendaire d’une bourse doctorale de trois ans de l’Université Paris 3, ce qui lui assurera un séjour prolongé dans la Ville Lumière.

«C’est une grande chance et surtout une grande fierté d’avoir obtenu ça. Chaque année, ce ne sont que de 5 à 7 personnes par département d’université qui sont sélectionnées pour ces bourses. Qui plus est, ce sont en grande majorité des étudiants français qui les obtiennent, car ça fait partie de leur cursus. Et c’est encore plus rare pour un étranger qui n’est pas passé par l’École supérieure nationale», précise Jean-Nicolas que LA VOIX DU SUD a rencontré lors de son récent passage dans Bellechasse.

L’obtention de cette bourse lui permettra d’avoir l’esprit tranquille et de se consacrer uniquement à ses études au cours des trois prochaines années. À cela s’ajoutera une bourse mensuelle à l’hébergement, qui n’a pas d’équivalent au Québec, qu’il avait déjà lors de ses deux années de maîtrise.

Dans le département universitaire qu’il fréquente, Jean-Nicolas Mailloux avoue qu’il est possiblement le premier, sinon le seul Québécois à recevoir une telle bourse. «Je ne saurais dire dans les autres départements ou programmes, mais dans les annales de mon université, au cours des six ou sept dernières années, je n’ai pas vu de noms qui sonnaient Québécois parmi les récipiendaires», mentionne-t-il.

Un cheminement rapide

Après avoir terminé ses études primaires et secondaires à Saint-Damien, Jean-Nicolas entre au Cégep Sainte-Foy où il complète un DEC en Histoire et civilisations. Il amorce ensuite un baccalauréat en études anciennes à l’Université Laval, qu’il terminera à l’Université de Montréal. Intéressé par la littérature des 16e et 17e siècles, il s’est mis à l’apprentissage de l’ancien grec et du latin, ainsi qu’à la découverte les humanités grecques et latines anciennes.

La visite d’un professeur venant de Paris, lors d’une journée d’études à l’Université de Montréal en mars 2014, l’a amené à modifier sensiblement son parcours scolaire. «Il m’a proposé de venir faire ma maîtrise à Paris et après une semaine de réflexion, je décidais de partir. Je n’avais que quatre mois pour me préparer et obtenir tous les documents requis, ce qui était très angoissant. Heureusement ça s’est bien passé et je suis arrivé là-bas une semaine après le début de la session.»

Selon Jean-Nicolas, tout est question de stratégie. Son intérêt pour des textes latins, surtout ceux portant sur l’histoire du Canada et des Amérindiens, lui a ouvert les portes des universités parisiennes. Lors de sa première année de maîtrise à Paris 7, il a d’ailleurs travaillé sur certains de ces textes datant du 17e siècle. «Comme ces écrits n’avaient jamais été étudiés, un travail de défrichage était nécessaire», précise l’étudiant qui, l’année suivante, se lançait dans les essais de Montaigne (1533-1592), philosophe, moraliste et écrivain qui, à l’époque, avait fondé les sciences humaines et historiques de langue française.

Pour le doctorat qui s’amorce, il poursuivra son étude des écrits de Montaigne en plus de s’intéresser à ceux d’Érasme (1469-1536), autre auteur important du 16e siècle.

Vers l’enseignement

Sélectionné au terme d’un concours assez sélectif, Jean-Nicolas Mailloux croit que ses résultats de maîtrise, qu’il a qualifiés de très bons, l’ont aidé à obtenir cette bourse doctorale. «Faire un doctorat en France sans avoir de bourses, ce n’est pas la voie royale. On peut le faire par passion, mais c’est préférable de le faire avec du financement. C’est mieux pour la carrière universitaire qui m’attend après, car ça prouve qu’il y a un organisme qui a cru en moi et qui m’a soutenu», précise-t-il.

À la fin de son doctorat, un emploi d’enseignant et de chercheur dans le monde universitaire l’attend. Des charges d’enseignement devraient lui être confiées dès la deuxième année de doctorat et comme il effectuera celui-ci en cotutelle avec l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), il est possible qu’il s’y rende à l’occasion pour étudier et enseigner en collaboration d’un grand professeur seiziémiste québécois qui y œuvre déjà.