PCM Innovation à Sainte-Claire met le cap vers l’international

AFFAIRES. Le Groupe PCM Innovation, dont le siège social est à Sainte-Claire, vient de faire l’acquisition de la société américaine Lucas Industries de Springfield, au Vermont, qui agira éventuellement sous le vocable PCM Innovation USA, en tant que division américaine du groupe.

PCM Innovation est spécialisée en ingénierie, design et en fabrication de solutions d’outillage pour l’industrie des secteurs aéronautique et spatial, mais aussi dans le transport et l’énergie. Lucas Industries offre, quant à elle, un large éventail de produits allant des moules pour les matériaux composites aux gabarits d’assemblage indique Jean-François Hamel, président et directeur général de PMC. L’entreprise américaine a aussi développé une expertise unique pour l’usinage de pièces en matériaux composites pour les hélicoptères.

Selon lui, cette nouvelle division viendra renforcer la position du Groupe PCM Innovation sur le continent nord-américain avec une usine au Vermont qui comptera sur une équipe de 45 employés hautement spécialisés. «Les synergies et la grande complémentarité entre les deux sociétés nous permettront de bien répondre à la demande croissante de nos marchés américain et mexicain, en plus d’approfondir notre savoir-faire en fabrication d’outillages en matériaux composites avancés. Il faut ajouter que l’accès plus direct au marché américain permettra de réaliser des projets de grande envergure en incluant la capacité des entités canadiennes du groupe», poursuit M. Hamel. PCM Innovation comptait déjà sur trois unités d’affaires au Canada, dont une soixantaine d’ingénieurs à Montréal, un bureau d’études dans l’état du Vermont aux États-Unis et une autre unité au Mexique.

Des défis stimulants

Le Groupe PCM Innovation compte maintenant près de 250 employés, dont 90 à Sainte-Claire. Jean-François Hamel est d’avis que cette nouvelle n’aura que des effets bénéfiques pour l’entreprise dans Bellechasse. «Chacune des acquisitions a apporté de l’eau au moulin ici. Dans l’aérospatial, il y a beaucoup de technologies protégées par le secret militaire ou de la Défense. Les lois sont extrêmement sévères là-dessus et cela retarde notre expansion américaine, même si le Canada et les États-Unis sont les deux pays les plus proches du monde en matière de technologie du genre. Notre division américaine pourra appliquer sur ces contrats et partager des sous-contrats le cas échéant.»

La pénurie de main-d’œuvre avec laquelle doivent composer des entreprises de la région ne fait pas partie des inquiétudes chez PCM. La région est attrayante pour plusieurs raisons observe M. Hamel. «Chaudière-Appalaches a plusieurs entreprises qui ont trouvé leur niche et qui peuvent se comparer aux meilleurs au monde dans leur catégorie. Prévost, Creaform et CDL en sont quelques-unes qui sont très pointues, mais performantes dans leur secteurs respectifs. Le domaine de l’aérospatial et des technologies comme celle-là ont une certaine attractivité. On reçoit généralement très rapidement le curriculum vitae de celles et ceux qui ont étudié dans le domaine, particulièrement s’ils proviennent de la grande région de Québec et Chaudière-Appalaches. Nos employés actuels sont aussi très loyaux et engagés, ce qui nous permet d’investir dans le développement de notre personnel. Nous avons la chance de toujours parler de projets avec nos employés.»

L’entreprise profite également de la présence d’un bon tissu manufacturier dans la région. «On travaille avec plein de gens pour des fournitures ou de la sous-traitance spécifiques. Nous avons des fournisseurs de matériaux, de matières, on fait faire différents types d’usinage, du travail de soudure, de presse, de peinture ou de traitement thermique et autour de nous.»

L’Europe dans la mire

PCM Innovation se rapproche ainsi de ses marchés, notamment ceux du secteur de l’aérospatiale du nord-est des États-Unis, et consolide sa position de leader nord-américain de l’outillage composite. Cet élément ouvre aussi la porte à une future expansion européenne, indique M. Hamel. «C’est clairement dans notre stratégie d’entreprise, partagé avec notre équipe et c’est nécessaire. L’aérospatial est maintenant notre premier marché et c’est très mondial. Les principaux joueurs sont dans des marchés bien identifiés comme Seattle avec Boeing, Mobile en Alabama pour Airbus, Bell Hélicoptère est surtout à Fort Worth au Texas. Au Canada, c’est vraiment Montréal et pour l’Europe, on pense à Toulouse et à quelques villes en Allemagne.»

Ces grands donneurs d’ordre ne veulent plus faire affaire avec de petits joueurs, mais des groupes qui seront prêts à prendre des grands projets, clé en main et fonctionnels, précise M. Hamel. «Pour être crédibles mondialement, nous devrons maintenant penser à une tête de pont en Europe. Nous sommes condamnés à jouer dans la Ligue Nationale pour faire affaire avec les grands. Aujourd’hui, nous sommes comme une équipe d’expansion étant le seul intégrateur canadien du genre et si on se compare à nos compétiteurs américains, eux sont trois fois plus imposants que nous.»

L’avenir

Alors que plusieurs domaines sont en pleine mutation, le secteur manufacturier n’a d’autre choix que de s’ajuster convient Jean-François Hamel. À son avis, Groupe PCM Innovation saura poursuivre son développement si elle parvient à suivre les tendances. «On sera plus mondial comme entreprise et nous aurons suivi les nouvelles technologies de fabrication. Introduire l’intelligence manufacturière, la fabrication additive et avoir en ligne, en temps réel, beaucoup d’information en feront partie. L’aérospatial est très conservateur contrairement à l’automobile par exemple. Être capable d’offrir des lignes d’assemblage et d’autres produits plus intelligents à nos clients de l’aérospatial fait partie de nos prochains défis.»

Pour ce faire, Groupe PCM Innovation se doit d’oser tout en étant patient. «Nous travaillons déjà sur les technologies dont les Bombardier, Boeing et autres auront besoin dans dix ans. Nous devrons toutefois faire nos devoirs et être à la page des exigences de nos clients pour être prêts le moment venu», affirme M. Hamel qui n’écarte pas la possibilité que l’entreprise se tourne aussi vers d’autres secteurs de l’ingénierie pour ne pas être à la merci d’un seul domaine.