Pitbulls: éduquer et non dresser

ANIMAUX. Propriétaire d’une école d’éducation et d’une boutique animalière à Sainte-Claire depuis plusieurs années, Martine Ferrari suit de près le débat entourant le pitbull et les chiens dangereux en général.

Sans vouloir défendre l’animal, celle qui a remporté de nombreuses distinctions en Suisse, au Québec et ailleurs dans des concours d’agilité précise que différents facteurs ont pu entrer en ligne de compte dans les récents événements ayant fait la manchette. La solution idéale, selon elle, serait que les propriétaires de chiens suivent des cours et socialise leur chien régulièrement. «Un pitbull peut-être adorable comme tous les chiens d’ailleurs. Ils ont tous un bon potentiel sauf qu’il faut le gérer et l’éduquer convenablement».

Mme Ferrari dit avoir déjà eu à éduquer des pitbulls dans le passé et elle insiste sur le mot. «Dresser un chien se fait généralement à la dure, on serre la vis, on ne récompense pas, on casse le caractère du chien. Éduquer, c’est de lui dire qu’il ne peut faire quelque chose, mais on lui fera comprendre pourquoi. On va renforcer son bon comportement.»

Elle rappelle que des chiens ayant mauvaise presse n’est pas une première. «Il y a vingt ans, c’était les dobermans. Ce ne sont pas des chiens méchants, mais ils sont peureux et les gens pensent qu’ils sont méchants parce qu’ils aboient et avertissent. Il y a des accidents qui arrivent. Un petit yorkshire va mordre, mais ça ne cause pas autant de dégâts, mais c’est aussi dangereux qu’un autre. Les bergers allemands ont aussi été considérés comme des montres sauf qu’il n’y a pas plus gentil. Les policiers ne les utilisent presque plus maintenant parce qu’ils sont trop patauds. Ce sont des malinois maintenant qu’ils utilisent maintenant en raison de leur rapidité.»

Mme Ferrari insiste pour dire qu’élever un chien est comme avoir un enfant. Par conséquent, l’individu doit investir du temps pour que son animal ait un bon comportement. Les gens qui ont des enfants doivent dresser l’enfant et éduquer le chien. Si on n’a aucune éducation à respecter l’animal, il finira par mordre, peu importe la race, car c’est son seul moyen de défense. Dans 99 % des cas, ce n’est pas le chien qui est en cause.

La façon de vivre des citoyens a une incidence directe sur le comportement d’un animal. Elle a observé certaines différences chez les animaux en milieu urbain ou en campagne. «En ville, les chiens sont généralement plus confinés, ne peuvent sortir ou se dégourdir régulièrement. En campagne, on a trop tendance à laisser le chien dehors, non attaché ou sans surveillance. Le chien peut se libérer de lui-même, car il n’aime pas nécessairement être dehors et attaché. Un chien peut être un danger, car il a peur, ou parce qu’il joue le rôle de gardien et qu’on circule près de sa propriété.»

D’autres solutions

À l’instar de plusieurs, Martine Ferrari répète que c’est ce qu’il y a au bout de la laisse qui compte, c’est-à-dire le maître ou le propriétaire. «Il y a des pitbulls sympathiques et gentils. Un border collie peut-être un chien très méchant. N’importe lequel des chiens peut-être agressif et méchant. Le pitbull est souvent propriété de jeunes personnes qui n’ont pas pris le temps de l’éduquer. Il peut être plus dangereux que d’autres races, tout dépend de l’élevage qui l’a produit. De bons éleveurs auront de bonnes lignées pour conserver une bonne succession. Chez des éleveurs de fond de cour, ce n’est pas le cas.»

Mme Ferrari trouve dommage que la règlementation ne soit pas uniforme partout. «Certaines municipalités interdisent les pitbulls, d’autres le tolèrent avec une muselière. C’est interdit à un endroit et légal de l’autre côté de la rue ou chez le voisin qui est sur la limite. Lorsqu’on se déplace il est impossible connaissent la règlementation partout.»

Un manque de personnel dans les municipalités peut expliquer une problématique chez les animaux en société à son avis. «Il devrait y avoir un contrôle plus sévère. Ce ne sont pas tous les animaux qui sont répertoriés. Certains nourrissent les chats errants ce qui occasionne la présence de plusieurs dans un secteur donné».

Elle termine en disant qu’un bon éleveur ne devrait pas laisser partir son animal avant 10 semaines, car le chien n’est pas prêt. Il a besoin de socialiser. «J’en vois qui ont quitté leur foyer après cinq semaines seulement, c’est aberrant.»