Produits de l’érable: un rapport recommande la fin du contingentement
ACÉRICULTURE. Un rapport commandé par Québec recommande d’enlever «les menottes» de l’industrie du sirop d’érable et de la laisser s’affranchir, notamment par l’abolition du contingentement de la production de sirop.
Le rapport rédigé par Florent Gagné et rendu public jeudi par le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, Pierre Paradis, formule 21 recommandations dans le but d’assurer l’avenir de l’industrie des produits de l’érable.
Et le ministre Paradis a déjà fait savoir qu’il n’était pas du genre à «tabletter» les rapports qu’il reçoit. «On n’a pas l’intention de laisser traîner les choses», a-t-il prévenu.
Le rapport Gagné souligne que l’industrie acéricole du Québec a perdu 10 pour cent des parts du marché mondial depuis 10 ans et que si rien n’est fait, elle pourrait perdre un autre 10 pour cent d’ici 2025.
Et pendant que l’industrie québécoise est menottée par trop de règles et de contraintes, les Américains gagnent du terrain et des parts de marché, sans avoir de telles règles, a rappelé le ministre Paradis. Et l’Ontario et le Nouveau-Brunswick aussi ont un marché beaucoup plus libre, a-t-il souligné, aux côtés de M. Gagné.
La production québécoise est exportée principalement vers les États-Unis, où la production intérieure est en hausse constante. Les États-Unis sont en voie d’être autosuffisants, ce qui menace à long terme l’industrie québécoise, a expliqué M. Paradis.
Mais avec l’entente de commerce avec l’Union européenne, ce sont 500 millions de consommateurs qui s’offriront aux producteurs d’érable et même 800 millions avec le Partenariat transpacifique. Les Québécois doivent donc prendre leur place, parce que les Américains, eux, vont la prendre, a prévenu le ministre de l’Agriculture.
Plus simple sans contingent
Le rapport Gagné souligne que le système québécois a besoin d’être «simplifié, assoupli, oxygéné».
Sa principale recommandation est celle d’abandonner le système de contingentement de la production d’eau d’érable, de concentré et de sirop d’érable pour instaurer un système moins restrictif. «On retrousse nos manches, on lâche le contingentement, on se fait un plan de développement et on fonce», a résumé M. Gagné.
De même, il recommande que la Fédération des producteurs acéricoles révise ses pratiques afin que la production et la vente de sirop qui ne sont pas visées par le Plan conjoint puissent se faire «en toute liberté et sans tracas administratif pour le producteur».
«La Fédération pourrait fixer la quantité de sirop qu’elle veut acquérir des producteurs chaque année et après, tu fais ce que tu veux avec», a résumé M. Gagné.
M. Gagné suggère également de soustraire du Plan conjoint la production et la mise en marché du sirop vendu par un producteur à un intermédiaire en petits contenants, soit de moins de cinq litres.
Il recommande aussi d’accorder à un producteur acéricole le droit de se retirer du système de mise en marché collective. Ce droit devrait être accordé par la fédération lorsque le producteur accepte de payer des frais équivalant à ceux qui sont fixés pour les producteurs qui participent au plan. Il devrait aussi se soumettre aux conditions d’inspection et de classement des produits.
Jointe au téléphone, la Fédération des producteurs acéricoles n’a pas voulu commenter avant d’avoir lu la totalité du rapport. Elle doit faire connaître ses commentaires vendredi.
De son côté, l’Union paysanne s’est montrée très satisfaite du rapport, elle qui a longtemps critiqué «les dérives du système mis en place par la Fédération des producteurs acéricoles» (FPAQ).
«À la lecture des 21 recommandations formulées par Florent Gagné, l’Union paysanne constate qu’il a su saisir l’essence des problèmes en proposant des mesures qui, une fois appliquées, devraient ramener le secteur acéricole québécois dans sa position dominante au plan mondial. De plus, dans les recommandations faites, il y a ce qu’il faut pour ramener la paix dans les érablières face au régime de peur créé par la FPAQ depuis le début des années 2000», a commenté Daniel Gaudreau, acériculteur et représentant du secteur acéricole à l’Union paysanne.
(Lia Lévesque, La Presse Canadienne)