Projet d’usine de biométhanisation agricole à Saint-Nazaire

AGRICULTURE. Une cinquantaine de personnes ont pris part, le mercredi 25 octobre dernier, à une séance d’information portant sur un projet de construction d’une usine de biométhanisation agricole mené conjointement par la Ferme Haybell de Saint-Nazaire et l’entreprise Bio-Énertek.

Lors de cette rencontre tenue au centre communautaire de la localité, les responsables de Bio-Énertek et le propriétaire de l’entreprise agricole, David Poitras, ont expliqué les grandes lignes de ce projet évalué entre 25 et 30 M$. Celui-ci permettrait le traitement de 40 000 à 45 000 tonnes de fumier et résidus agricoles provenant de la Ferme Haybell et d’autres fermes du secteur, matières desquelles du gaz naturel sera extrait et revendu à Énergir.

Vice-président et directeur du développement chez Bio-Énertek, entreprise spécialisée dans la construction d’usines de biométhanisation au Québec, au Canada et même aux États-Unis, Philippe Laurencelle a mentionné qu’il s’agissait d’abord et avant tout d’un projet de nature agricole initié par la Ferme Haybell qui les a contactés directement afin de s’enquérir de la possibilité d’implanter de telles installations sur ses terres.

Le principal intéressé a souligné que ce projet visait différents objectifs dont celui de rentabiliser ses activités et celles d’autres fermes partenaires, tout en mettant en place de nouvelles pratiques plus écologiques du fait qu’outre les biogaz qui seront transformés en gaz naturel, le produit issu du traitement du fumier et des résidus organiques, appelé digestat, retournera dans les fosses et pourra être étendu sur ses terres et celles de ses partenaires, pratiquement sans odeurs.

Il ajoute que la valeur fertilisante du digestat est telle que l’achat d’engrais chimique diminuera de 15 à 20 pour cent, ce qui est non-négligeable dans le contexte mondial actuel.

Beaucoup de questions

Lors des présentations effectuées par les représentants de Bio-Énertek et de la Ferme Haybell, le public présent a offert ses commentaires et surtout posé beaucoup de questions en lien avec ce projet qui ne semblait pas faire l’unanimité. Les questionnements ont porté, entre autres, sur la proximité des installations avec le village, les usages permis par l’actuel règlement de zonage de la municipalité, les odeurs, le transport des matières traitées et la sécurité du site qui, rappelait-on, vise à produire du gaz naturel.

À cela, Philippe Laurencelle et Mélisa Sall, qui est présidente et directrice Administration et Finances chez Bio-Énertek, ont rappelé qu’il s’agissait d’abord et avant tout d’un projet agricole à petite échelle qui se mariait avec les installations actuelles de la ferme, avec des structures fermées pour la très grande majorité.

Les deux intervenants ont de plus indiqué que la sécurité était une priorité, que les installations seraient munies de tous les équipements requis en cas d’accidents et qu’au fil des projets qu’ils ont pilotés au cours des dernières années, tant au Québec qu’au Canada et aux États-Unis, aucun incident majeur n’est survenu, hormis un en Angleterre au cours des dernières semaines.

Quant au transport des matières avant et après traitement (fumier et digestat), ils ont mentionné que selon les prévisions en lien avec les capacités de traitement prévues, seulement six camions par jour devraient effectuer des transports, la plupart entre la Ferme Haybell et Saint-Malachie par la route 216.

Un dialogue important

Dans les minutes suivant la rencontre, M. Laurencelle a rappelé que l’acceptabilité sociale était un élément important dans la réalisation des projets du genre et il s’est réjoui de la présence d’un si grand nombre de personnes qui n’ont pas hésité à poser leurs questions et donner leurs commentaires. 

« Il y a eu beaucoup d’intérêt et de questions. C’est un dialogue qui a permis aux gens de mieux comprendre le projet et, pour nous, de mieux saisir ce que les gens pensent. Quand un projet de cette nature s’implante dans une communauté, une soirée d’information comme celle-ci est essentielle » indique M. Laurencelle. 

« Ces projets sont initiés par les producteurs qui nous approchent directement. On regarde avec eux si c’est faisable et rentable pour les deux et si c’est le cas, on va de l’avant. Nous travaillons directement avec le producteur », rappelle pour sa part Mme Sall.

La mairesse de Saint-Nazaire, Nadia Vallières, s’est réjouie elle aussi de la tenue de cette soirée d’information. « On s’attendait à une telle affluence et c’est pour cela que nous avons organisé cette soirée d’information. On voulait que les gens puissent donner leur opinion et poser leurs questions », indique-t-elle en ajoutant que le travail ne faisait que commencer au sein du conseil municipal qui était mitigé au départ.

« Ce soir, nous avons eu des réponses aux interrogations pour lesquelles nous n’avions pas eu de réponses. Dans un proche avenir, les personnes qui auront des questions sur ce projet pourront communiquer avec la Municipalité. S’il faut faire des modifications au règlement de zonage, on le fera, même si ça prend un peu de temps », poursuit-elle en rappelant, tout comme les promoteurs, que deux années et demie pourraient passer avant le début des travaux.

« Personnellement, je trouve que c’est un gros et, surtout, un beau projet. De plus en plus de projets du genre sont en préparation, car on se dirige de plus en plus vers la récupération et le biologique. Cela pourrait mettre Saint-Nazaire sur la carte du Québec à ce niveau », croit la mairesse en ajoutant que le conseil municipal se penchera de nouveau sur cette question à sa séance de novembre.