SAINT-DAMIEN: les religieuses quitteront d’ici 2020

COMMUNAUTÉ. La Congrégation des Sœurs de Notre-Dame du Perpétuel Secours (NDPS) quittera Saint-Damien d’ici à la deuxième moitié de 2020.

La communauté religieuse avait entamé, il y a quelques mois, une réflexion portant sur son avenir. Avant de songer à un déménagement à tout prix, la congrégation était toutefois d’avis que de demeurer propriétaire des lieux, en assurer le maintien et gérer le personnel était devenu une tâche trop lourde à porter et que d’autres alternatives devaient être explorées.

La réflexion entreprise par la congrégation a finalement permis de répondre à certaines questions explique Sœur Madeleine Fillion, Supérieure générale de la Congrégation, mais aussi de faire certains constats. L’un des principaux est l’impossibilité de trouver des gens intéressés à y opérer une résidence de personnes âgées qui aurait pu permettre de subvenir aux besoins des religieuses. «Ça aurait été pour nous la situation idéale parce que les religieuses seraient demeurées ici et la plupart de nos employés également. Il fallait d’abord assurer aux sœurs de bons soins et une habitation convenable.  Nous n’avons pas trouvé cette perle rare.»

Sœur Madeleine Fillion, Supérieure générale, et Sœur Monique Chabot, Économe générale de la congrégation, et une vue aérienne des propriétés de l’organisation.

Ainsi, les religieuses devraient se relocaliser dans la région de Québec, bien qu’aucun endroit n’ait encore été choisi. «Il serait prématuré de dire ce sera où de manière définitive. Nous allons attendre d’être certaines avant de confirmer quoi que ce soit.»

Une décision émotive

Environ 80 personnes perdront leur emploi aux termes de la démarche. La raison d’annoncer la nouvelle longtemps à l’avance permettra à tout le monde d’encaisser le choc, espère Sœur Fillion. «Certaines personnes ont déjà quitté et peut-être que cela va permettre d’éviter que certaines personnes paniquent. Nous avons rencontré tout le monde pour essayer de sécuriser tout le monde, les employés, mais aussi les religieuses.»

Pour Sœur Monique Chabot, Économe générale de la congrégation, il était acquis que si la congrégation devait se relocaliser, les religieuses souhaitaient être ensemble dans cette avenue. «Lorsque nous avons annoncé notre départ la semaine dernière, la nouvelle à l’effet qu’on le ferait ensemble en a soulagé plusieurs.»

Toutes les communautés religieuses vivent les mêmes choses, ajoute Sœur Fillion, bien aux faits des changements à venir dans l’animation pastorale dans la région et ailleurs. «Tout le monde vit le vieillissement, la décroissance, le manque de relève, etc. Certaines communautés se sont divisées et les sœurs craignaient ça. Ce sont des sœurs âgées, malades dans certains cas, alors elles ont au moins cette assurance d’être ensemble».

Les bâtiments, l’héritage et le patrimoine

Qu’arrivera-t-il de toutes les possessions des relieuses à Saint-Damien? Maintenant que la position de la congrégation est connue, il sera plus simple de planifier la suite des choses indique Sœur Fillion. «Nous avions les mains liées. Maintenant que la décision est prise et que nous avons un échéancier, les gens intéressés à discuter de l’avenir des bâtiments, par exemple, pourront le faire. Nous avons entendu des choses, mais il est certain que ça prendra plusieurs projets pour occuper tout l’espace disponible», explique-t-elle, ajoutant avoir eu vent des idées de la Société historique de Bellechasse et d’autres promoteurs pour des vocations historique et patrimoniale.

«Nous voyons ça en trois blocs», ajoute Sœur Chabot. «La maison-mère en est un, un deuxième pour la maison généraliste, le Centre historique et la chapelle, et un troisième pour la Maison St-Bernard au Lac Vert. On sait qu’aucun promoteur ne sera intéressé à l’ensemble, alors le voir de cette façon devrait nous permettre d’avancer», fait-elle valoir.

Sœur Fillion et Sœur Chabot sont toutefois convaincues d’une chose. Il doit rester des choses qui évoqueront le passage et la contribution des religieuses à Saint-Damien. C’est un incontournable selon elles. «Nous travaillons dans ce sens. Il faut que la mémoire de la communauté demeure vivante, pas seulement un musée, et possiblement une présence humaine aussi. Saint-Damien est le berceau de la congrégation et nos consœurs de partout dans le monde voudront pouvoir revenir aux sources.»

Elles rappellent que la congrégation est présente depuis plus de 125 ans à Saint-Damien. Il doit rester quelque chose de la détermination et de la vision qu’a eue le Père Joseph-Onésime Brousseau en 1892. «C’est un héritage matériel, mais aussi spirituel et c’est ce qui nous habite. Nous avons toujours fait un avec la municipalité. Nous avons grandi ensemble.»