Sirop d’érable: les producteurs toujours en attente du ministre

AGRICULTURE. La Fédération des producteurs acéricoles du Québec est toujours en attente de la position du ministre de l’Agriculture du Québec, Pierre Paradis, sur les suites qu’il entend donner au rapport Gagné. Le document questionne certains aspects de l’industrie, particulièrement la mise en marché et l’accréditation unique des producteurs à l’Union des producteurs agricoles du Québec.

Forte d’une décision de la Régie des marchés agricoles du Québec en juin qui lui accorde l’autorisation d’émettre de nouveaux contingents, la fédération estime qu’il est urgent que le ministre se positionne sur le rapport Gagné car l’industrie n’a pas de temps à perdre sur un rapport inutile et insécurisant.

Lors d’une rencontre de presse à la Villa des Érables de Saint-Magloire, le président de la Fédération régionale, Marcel Larochelle, estime que la décision récente de la régie devrait indiquer au ministre les bienfaits du système actuel. «Au printemps le ministre nous avait dit vouloir attendre la décision de la Régie des marchés agricoles avant de se positionner sur le rapport Gagné. L’émission des contingents, le support des inventaires et la qualité du sirop étaient ses principales cibles. La lenteur du ministre pour prendre ses décisions nous rend inquiets. Il est temps que l’on sache.»

Pour son homologue de l’UPA de Chaudière-Appalaches, Paul Doyon, cette décision n’est rien de moins qu’une gifle au visage du ministre. «Cela veut dire que la fédération a ce qu’il faut pour émettre du contingent et qu’elle connait son marché. On a tout ce qu’il faut pour le développement. Peut-être que le rapport Gagné sera tabletté, c’est ce que l’on souhaite».

Il dit se rappeler que les crises dans l’industrie acéricole se succédaient dans les années 70′ et 80′. «Beaucoup de producteurs et quelques acheteurs contrôlaient l’industrie. Cela ne profitait qu’à quelques personnes. L’industrie se développait peu parce que mal organisée».

Un secteur toujours prometteur

Plus de 25 ans après l’arrivée d’un plan conjoint, ce secteur est en santé selon M. Doyon. «Il n’y a pas une industrie au Québec qui connait une croissance de 10 % chaque année sauf l’acériculture et tous les maillons de la chaîne en profitent. «93 % des producteurs sont satisfaits de la mise en marché actuelle. Il y a tout de même un 7 % des producteurs qui se disent insatisfaits. Des systèmes collectifs viennent limiter des libertés individuelles, c’est certain».

Le printemps 2016 fera peut-être figure d’exception, mais démontre la vigueur de l’industrie selon les intervenants. «Nous produisions de 38 à 50 millions de livres de sirop annuellement en Chaudière-Appalaches seulement», indique M. Larochelle. «Cette année, ce sont 58 millions de livres de production qui ont été réalisées. Les ventes sont en hausse et on prévoit une croissance de 15 % pour la prochaine année». Certains estiment même que le taux de change actuel avec le dollar américain favorisera les exportations de sirop à l’étranger.

La Fédération a déjà entrepris les démarches nécessaires à l’attribution de ces nouveaux contingents représentant cette année 5 millions d’entailles indique Marcel Larochelle. «Le processus est actuellement en cours. Les producteurs de la relève avaient jusqu’au 15 juillet pour soumettre leurs projets. Les entreprises en démarrage ont jusqu’au 15 août pour identifier leur démarche et les producteurs souhaitant une expansion jusqu’au 15 septembre». Les producteurs auront deux ans pour mettre leur projet en place.