Stéphane Deblois a quitté pour le Panama
FAMILLE. Bien connu dans la région, Stéphane Deblois a pris la direction du Panama mardi dernier, accompagné de ses deux enfants et d’une amie de la famille. Il souhaite y passer un an. Le journal l’a rencontré avant son départ.
Adepte de voyages, sa décision est prise depuis quelques mois. Son désir de décrocher et de permettre à ses enfants d’apprendre une troisième langue est ce qui l’a motivé et, surtout, inspiré dans sa réflexion. «On fait beaucoup de voyages. L’espagnol est important et je me suis dit que ce serait bien que mes enfants soient trilingues. Ils se débrouillent déjà très bien en anglais, alors ce serait un plus pour eux. La dernière fois que je suis allé en Floride, il y a un endroit où nous n’avons pas été capables de se faire servir en anglais. L’affichage, les appels au micro dans les magasins, tout était en espagnol dans bien des endroits.»
Pourquoi avoir choisi ce pays d’Amérique centrale plutôt qu’une autre destination? «J’avais remarqué que le coût de la vie n’y était pas très élevé. J’avais déjà regardé la pertinence de m’y rendre à ma retraite et c’est là que j’ai exploré la possibilité de partir un an avec les enfants. En allant à l’école là-bas, ils apprendraient une troisième langue rapidement. Ce sont des éponges à cet âge-là», nous confie l’homme de 51 ans.
Il ajoute n’avoir aucune contrainte, ayant la garde complète de ses enfants depuis près de quatre ans puisque la mère des enfants est décédée des suites d’une maladie. «J’appréhendais leur crainte de perdre des amis, sauf qu’ils ont rapidement accepté l’idée. Ils sont très motivés. C’est certain qu’à l’aube du départ, ils ressentaient une certaine nervosité. Sauf qu’avec les technologies d’aujourd’hui, les communications sont maintenant très simples. Il y a aussi que le temps joue un peu contre moi pour une aventure du genre, car mes enfants ont 11 et 12 ans. Une fois à l’adolescence, ils auraient été peut-être plus durs à convaincre d’entreprendre quelque chose du genre.»
Besoin de repos
Originaire de Saint-Cyprien et résident de Saint-Georges, Stéphane Deblois est connu de plusieurs dans la région, particulièrement en raison de son métier de musicien qui l’a amené à parcourir les quatre coins de la région au sein du groupe «Les Trois Amigos», avec Éric Gonthier de Saints-Anges, ou du trio «Whopper» avec Pierre Grenier de Frampton et Gilles Tanguay de Sainte-Justine, pour ne nommer que ceux-là.
À titre individuel, il espère lui aussi apprendre l’espagnol pendant son voyage et vivre une véritable évasion. «Avant de lâcher la musique, je me cherchais un travail pour justement quitter le domaine. Sauf qu’avant de trouver quelque chose qui me convenait, je travaillais la semaine et avait quelques contrats de musique les fins de semaine, sans oublier que je suis devenu père à temps plein entretemps. C’était pénible par moment. Alors je m’en vais là-bas et je ne fais rien, sauf espérer refaire le plein.»
Sa carrière musicale est pour le moment derrière lui. «J’ai brûlé la chandelle par les deux bouts pendant quelques années et je n’ai plus la piqûre pour le moment. J’ai quand même fait ça pendant 20 ans et à temps plein. On ne peut jouer à temps partiel si on souhaite demeurer performant.»
Une démarche avantageuse à long terme
Vivre une année complète sans hiver est un autre élément qui le motive à entreprendre un tel périple. «Non pas que je déteste l’hiver, mais à la longue, ça devient difficile. Au Panama, c’est toujours beau.»
Avant de prendre sa décision, Stéphane Deblois estime avoir fait ses devoirs. Selon lui, les gens accordent beaucoup trop d’importance à l’argent dans leur vie. «Je ne suis pas riche, mais je n’ai pas beaucoup de dettes. J’ai fait des calculs et j’ai constaté que c’était possible. Un de mes amis a sous-loué ma maison pour la prochaine année. J’espère vivre avec environ 1 000 $ par mois. Je m’en vais faire une vie de paysan et je n’ai pas l’intention de jouer avec les lois et travailler au noir.»
Pour lui, tout est une question de volonté. «Plusieurs de mes amis me disent que j’ai du «guts», mais ce n’est pas le cas je pense. Je n’ai pas d’attache, c’est tout. J’y pense depuis environ 8-9 mois et j’estimais que le timing était bon, surtout que les enfants ont terminé l’école. Tout le monde peut se permettre d’arrêter une année. Il faut vouloir le faire. C’est l’équivalent de deux semaines de vacances pour les 25 prochaines années.»
Stéphane Deblois prévoit terminer l’organisation de son séjour une fois sur place. «Je n’ai pas encore mon appartement là-bas, sauf que je connais une Québécoise sur place qui a un «bed and breakfast» au Panama, ce qui nous permettra de chercher une maison à louer une fois là-bas et éviter les pièges à touristes.»
Quant à l’éducation de ses enfants, il étudiera ses options à son arrivée. S’il ne devait pas trouver de solution acceptable, il pourrait se tourner vers un enseignement à domicile. Un seul obstacle pourrait l’empêcher de compléter son séjour là-bas. «On ne peut rester au Panama pendant plus de six mois, ce qui fait que je devrai quitter momentanément le pays au bout d’un certain temps. Le 20 décembre, nous quitterons le Panama. Nous irons au Costa Rica ou au Nicaragua le temps d’obtenir un autre droit de séjour.»
Une décision comme celle-ci entraine naturellement son lot de sacrifices. Nouvellement en couple, il a annoncé sa décision à son employeur et à sa copine sans aucune inquiétude. «J’étais marchandiseur pour une entreprise de marketing et j’ai simplement quitté mon poste. L’employeur est toutefois au fait de ma démarche. On verra à notre retour si le lien fonctionne toujours. Je suis aussi camionneur à temps partiel et à ce niveau, les besoins sont grands.»
Sa nouvelle complice comprend sa démarche, même si elle est consciente des difficultés. «C’est certain que ce sera dur. On se rencontre depuis à peine trois mois et la décision de Stéphane était prise avant même qu’on amorce notre relation. On le savait avant et il n’était pas question que je l’empêche de vivre ça. S’il avait choisi de rester après notre rencontre, je l’aurais incité à partir», signale celle qui entend se rendre sur place à une ou deux reprises et garder le contact grâce à internet.