Tique d’hiver: peu de mortalité chez les orignaux en Chaudière-Appalaches

FAUNE. Les populations d’orignaux dans la région subissent moins les contrecoups de la tique d’hiver que celles des états américains limitrophes à notre territoire.

C’est du moins l’avis du biologiste Jean-François Dumont du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP). «Il y a peu d’effet dans les forêts de Chaudière-Appalaches. Des chasseurs ont vu des animaux affectés par ce parasite dans le passé. C’est un problème qui dépend toutefois de la densité d’animaux qui circulent sur le territoire», indique M. Dumont qui mentionne que dans la Zone 3, on observe une densité moyenne de 5 à 10 orignaux aux 10 km/carrés.

À l’inverse, dans les états de la Nouvelle-Angleterre (Maine, Vermont, New Hampshire et Massachusetts) on peut retrouver une vingtaine d’orignaux sur un territoire similaire. «Dans ce contexte, il est normal que la charge parasitaire soit plus élevée», poursuit-il.

La zone 3 comprend le territoire dont les limites se situent du fleuve St-Laurent, au nord, à la frontière américaine au sud, puis de la rivière Chaudière à l’ouest jusqu’à l’extrémité est de la MRC de L’Islet. La population d’orignaux dans cette zone était évaluée à 3 037 têtes à l’hiver 2014, ce qui représente 4,9 orignaux aux 10 km/carrés.

Il faut toutefois rappeler que cet inventaire faisait suite à une saison de chasse permissive, c’est-à-dire que l’automne précédent, la chasse était ouverte à la fois pour les mâles, les femelles et les veaux. Les populations ont peu évolué depuis, ajoute M. Dumont.

Des signes qui ne mentent pas

Toujours selon le biologiste, la tique d’hiver peut être fatale chez les orignaux si les conditions propices à son développement sont réunies. «Souvent, les mâles sont les plus affectés, car ils se déplacent en période de rut. Les larves se trouvant sur la végétation n’attendent que l’hôte passe pour se jucher dessus. En mars et avril, les gens peuvent voir des orignaux dépourvus de poils, car ces animaux se sont énormément frottés afin de se débarrasser des tiques qui sont piquées dans leur peau. Ils sont amaigris et leur poil est cassé. Ça leur donne un pelage très blanc.»

En 2016, les agents de la faune américains estimaient que 70 % de la population d’orignaux était en danger pour cette raison. Comme leur nombre est plus faible chez nous, cela empêche le parasite de se loger sur l’animal pour s’y reproduire et ainsi survivre. «La seule façon de contrôler l’effet d’un parasite comme celui-là est d’abaisser les densités de population. C’est la raison pour laquelle au Québec, on perd des orignaux à cause de ce parasite, certes, mais en nombre moindre.»

La météo

La météo est un autre facteur à considérer, toujours selon M. Dumont. «On a longtemps pensé que des printemps interminables comme celui que l’on vient de connaître pouvaient avoir un effet sur l’élimination de cette tique, mais ce n’est peut-être pas le cas. On réalise à l’inverse que le gel automnal peut avoir un effet bénéfique, car ces parasites supportent mal le froid et se déplacent moins d’animal en animal dans ce cas.»

Il ajoute que les tiques sont inactives une bonne partie de l’été. Les étés très secs auraient donc un effet nocif sur la biologie de ces parasites qui ont besoin d’une certaine humidité pour se maintenir en dormance.

M. Dumont affirme que le dernier hiver aurait généré moins de mortalité qu’à l’habitude, selon des observations effectuées sur le terrain. À ce moment-ci, on remarque que peu de bêtes ont dû être abattues par les agents de la faune.