Un Bellechassois parmi les détracteurs de «M. Muffler»
SAINT-HENRI. Un jeune automobiliste de Saint-Henri, Daryl Demers, estime faire partie des propriétaires de voitures ciblés par l’agent Ghislain Larose de la police de Lévis et dont le surnom de «M. Muffler» lui a attribué puisqu’il aurait l’habitude de distribuer des constats d’infraction pour véhicules non conformes.
S’il a principalement eu maille à composer avec l’agent concerné il y a quelques années, un événement survenu le 6 septembre dernier l’incite à lever la main et dénoncer l’attitude du policier. Il a été arrêté alors qu’il se rendait au chevet de sa conjointe Claudia qui avait dû se diriger vers l’urgence de l’Hôtel-Dieu de Lévis à la suite de complications pendant sa grossesse.
Enceinte de 35 semaines, elle a fait une chute apparemment sans conséquence dans le stationnement d’une pharmacie de sa localité. « Je suis tombé car je n’ai pas vu un tuyau qui était là en raison des travaux actuellement en cours. Ce n’est la faute de personne sinon la mienne sauf que je suis gauche avec ma bedaine». Elle s’est par la suite rendue chez sa gynécologue dans le quartier Saint-David à Lévis où elle a ressenti des douleurs. «Elle m’a suggéré de ne prendre aucune chance et de me rendre à l’hôpital tout de suite. Avant de partir, j’ai appelé Daryl pour le prévenir. Il a voulu m’accompagner, c’est normal», considère la jeune femme.
Son conjoint a naturellement voulu la rejoindre. Il précise toutefois avoir dû utiliser sa voiture de collection pour se rendre à son chevet, celle-ci conduisant le véhicule familial. «J’ai aussi une camionnette à la maison, mais il y avait une remorque de 20 pieds installée à l’arrière et je n’avais pas de temps pour la retirer. Je n’ai pas fait d’excès de vitesse. Il m’a arrêté pour des trucs sur la voiture. Ma sœur était avec moi et lui a expliqué le contexte, mais il ne l’a même pas regardé et lui a dit que ce ne serait pas long. Ça a duré environ une heure finalement.»
Plusieurs constats
M. Demers, qui est propriétaire d’une Volkswagen Jetta GLI 2004 avec seulement 76 000 kilomètres à l’odomètre, a finalement reçu pour 570 $ de billets d’infraction, sans compter ceux qu’il a choisi de contester estimant que l’agent s’acharnait sur lui. «Je le connais cet agent. Je ne vais plus à Lévis à cause de lui. Je n’ai jamais eu de problèmes là-bas mis à part avec ce policier. J’ai déjà eu des avertissements pour une vitre teintée, mais avec lui c’est l’enfer. J’ai l’auto depuis six ans et je ne vais plus à Lévis depuis quatre ans avec cette voiture.»
«Mon dossier Larose est très épais», a indiqué le jeune entrepreneur exhibant la filière qu’il détient avec des documents reliés uniquement au policier. «Il y en a pour plusieurs milliers de dollars. Tout cela date d’avant que j’arrête d’aller à Lévis. Le simple fait de récupérer mon permis de conduire, il y a quelques années, a représenté près de 8 000 $.»
La voiture de Daryl est identifiée à son commerce et il précise qu’elle sert généralement à des expositions. «Je me rends sur place et je me stationne et c’est à peu près tout. Je vais un peu partout et dans les événements de grande envergure à Québec, Montréal et aux États-Unis. Je ne veux pas m’excuser dans cette histoire. J’en ai fait des niaiseries, mais j’ai payé pour et j’ai passé cet âge-là. Maintenant, j’aimerais ça pouvoir aller me promener un dimanche avec ma voiture et avec ma copine dans le secteur de la traverse ou ailleurs. Je ne peux pas me le permettre.»
Son véhicule lui a coûté environ 40 000 $ à l’heure actuelle selon ses estimations. «Il fait du bruit c’est certain. Ma voiture est modifiée, je l’avoue, mais c’est ma passion. Quand tu commences à mettre de l’argent dans la mécanique, c’est ce qui se produit. J’ai investi pour atténuer le vrombissement du système d’échappement, mais c’est à peu près impossible à régler en raison des particularités de l’auto. Les policiers ici à Saint-Henri me tolèrent, car ils savent que je ne fais que me déplacer. Je ne ferai jamais exprès pour aller faire du bruit dans les quartiers résidentiels à 2 h le matin».
Il souhaite maintenant se faire entendre. «Ce qui m’enrage, c’est que si mon bébé était né ce jour-là, je n’aurais même pas été là pour l’accueillir ou encore s’il y avait eu des complications, d’être aux côtés de ma conjointe. Tout le temps passé à attendre sur le bord de la route aurait pu me faire rater ce genre de choses».
Un travail qui doit se faire
Le Sergent Marc Allard a bien voulu commenter brièvement l’événement au nom de son service. «Nous avons entendu parler de cette histoire il y a quelques jours. Notre position demeure la même, soit que la ville reçoit plusieurs plaintes de bruit annuellement et la population s’attend à ce que l’on fasse notre travail».
Il ajoute que des recours existent pour les personnes qui se sentent lésées. «Il est certain que ce policier donne beaucoup de constats. Si le policier ne fait pas son travail de manière convenable, le citoyen peut aller en déontologie policière et faire valoir ses droits», a conclu le porte-parole du service.