Un épisode de violence à l’école secondaire de Saint-Anselme fait réagir

ÉCOLE. Mère d’une élève de l’école secondaire de Saint-Anselme, Marilyn Émond a publié ses états d’âme sur les médias sociaux au lendemain d’une agression dont a été victime sa fille.

Les réactions ont été nombreuses et parfois virulentes; elle a finalement choisi de retirer sa publication, mais le débat était lancé. «Non, je n’ai pas de regret. J’étais furieuse, je ne savais pas quoi faire et j’avais besoin de me défouler. J’ai écrit une première fois pour tester l’opinion d’autres personnes. Quand j’ai vu qu’il y avait des attaques personnelles, je l’ai enlevée», raconte la mère qui s’interroge toujours sur l’attitude à adopter pour la suite des choses.

Sa fille Shana-Lee et l’une de ses amies, Josiane, ont bien voulu nous raconter leur version et comment elles composent après les événements. Une première discussion corsée se serait produite le vendredi précédant l’altercation physique survenue entre les deux jeunes femmes. «Elle m’accusait d’avoir menti. Je travaille à la cafétéria de l’école et j’avais suggéré à la personne responsable de ne faire de crédit à personne, car les élèves ne remboursaient pas toujours. Comme c’est moi qui suis à l’avant, je ne voulais pas que les élèves commencent à me demander de l’argent parce que je travaille là. Elle l’a pris personnel alors que je parlais en général», raconte Shana-Lee.

Les esprits se sont échauffés plus tard en après-midi, indique-t-elle. «La cloche a sonné et nous sommes entrées dans la classe. Je suis allée m’asseoir à ma place et elle a commencé à m’engueuler je ne sais pas pourquoi. Je suis allé voir une de mes amies, car je ne voulais pas lui parler. Elle est revenue vers moi et m’a lancé toutes sortes de choses, comme que je lui gâchais la vie, que je l’avais trahie. Je me suis fâchée et je suis sortie de la classe. C’était la première fois qu’il y avait quelque chose comme ça entre nous. Avant, on était je dirais même des amies, mais ça a chamboulé à ce moment-là.» Ses propos sont corroborés par son amie Josiane.

Elle explique ensuite que la confrontation a dégénéré le lundi suivant, pendant la dernière période de la journée. «Le lundi suivant, à la dernière période, nous étions dans la même classe et à l’avant pour s’adresser au professeur. Je lui ai dit de se calmer les nerfs. Quand elle m’a sauté dessus, je ne pouvais pas vraiment me défendre. Elle a commencé à me lancer des choses. Le professeur lui disait d’arrêter et de sortir de la classe. Elle m’a arraché des cheveux et m’a grafigné le visage. J’ai après réussi à me libérer.»

Josiane dit qu’elle aurait bien aimé venir en aide à son amie, mais elle était à l’arrière de la classe à ce moment-là. «J’aurais aimé ça l’arrêter, mais des plans qu’elle me saute dessus après, je n’ai pas osé», précise-t-elle, indiquant qu’une autre jeune fille aurait été blessée en voulant s’interposer.

Du changement SVP

Lorsque nous lui avons demandé ce qu’elle souhaitait, Shana-Lee est devenue légèrement émotive.  «Je veux juste qu’elle s’excuse et qu’elle dise la vérité. Moi honnêtement ça m’a traumatisée. Ça ne m’était jamais arrivé une chose comme ça. Je n’ai pas mangé depuis deux jours à cause d’elle. Je ne veux plus retourner à cette école-là parce que j’ai peur de la croiser et qu’elle me refasse ce qu’elle m’a fait», a-t-elle insisté la gorge légèrement nouée par l’émotion. Elle a toutefois ajouté plus tard qu’elle ne fermait pas la porte à un retour.

Sa mère a depuis entrepris des démarches pour permettre à sa fille de changer possiblement d’école. Elle avoue avoir été surprise par les événements. «Je vais régulièrement la chercher à l’école. Cette fois-là, j’ai attendu un certain temps, mais comme elle ne sortait pas, je l’ai texté pour lui dire que je m’en allais. Elle m’a répondu que si je lui voyais la face, je reviendrais. Je suis retournée à l’école. Une voiture de la Sûreté du Québec était tout près et je suis allée lui demander de venir.»

Elle insiste pour dire que sa démarche avait pour but de provoquer des choses. «Il faut que ça cesse. Des parents que je ne connais même pas m’écrivent pour me dire qu’il y a beaucoup d’intimidation à l’école. Je ne les connais même pas et ils prennent le temps de m’écrire.»

Elle aimerait que la direction de l’école soit plus ferme dans le but d’éviter des événements du genre. «Je veux que justice soit rendue et que l’intimidation arrête à l’école. Un petit garçon m’a écrit et m’a dit qu’il avait besoin d’aide parce qu’il est lui aussi victime d’intimidation. J’aimerais que la direction pousse un peu plus loin lorsqu’il y a un problème. Ce n’est pas normal qu’un petit garçon m’écrive à moi pour me dire qu’il a besoin d’aide».

La victime refoulée

Après quelques jours de réflexion et que les tensions aient diminué, Shana-Lee est retournée à l’école mardi matin. Or, son retour en classe n’a pu avoir lieu tandis que celle qui l’aurait agressée a pu revenir en classe la veille, six jours après les événements. «La direction de l’école tente de rencontrer la mère, sauf que cette rencontre n’a pas eu lieu encore. C’est pour cette raison que le dossier traine toujours. La mère souhaite que la direction assure la sécurité de sa fille et qu’il y ait un encadrement, ce qui est légitime. C’est pourquoi une rencontre est nécessaire avant tout», a indiqué la responsable des communications de la Commission scolaire Côte-du-Sud, Isabelle L’arrivée-Lavoie.

Cri du cœur d’une enseignante

Toujours en lien avec les événements, une enseignante de l’école a aussi utilisé les médias sociaux, mais pour des motifs bien différents. Elle a précisé avoir lu des commentaires dégradants sur son école, parfois même provenant d’élèves à qui elle croyait avoir tellement donné. Elle avoue que ça lui a fait mal et qu’elle se demandait comment faire pour nager dans cette «bouette» de haine et de tristesse.

«Comment peut-on semer autant d’amour pendant des mois et récolter autant de haine en quelques heures ? J’ai eu peur de ce qui pouvait retomber sur moi si j’ouvrais mon cœur pour dire à mes élèves que je suis sidérée de voir toute cette haine contre notre école… leur école», sont quelques-unes des citations incluses dans sa publication.

«Au tableau, sous la date, j’avais inscrit comme plan de cours:  »Nothing ». La cloche a sonné. Je me suis assise sur le bureau et je leur ai demandé de s’approcher tout près. Je les ai regardés. Tristes gamins. J’ai déposé dans leurs oreilles toute la tristesse que j’avais éprouvée en lisant ces commentaires négatifs sur notre école. J’ai dit que j’avais pleuré dans la voiture. J’ai dit que les profs avaient lu tous ces commentaires», a-t-elle ajouté plus loin.

Elle dit par la suite s’être fâchée pour leur demander où étaient les leaders positifs de l’école avant d’annuler le cours. «J’ai cassé 20 craies pour permettre à tous d’écrire. J’ai permis d’utiliser les cellulaires pour trouver des citations d’espoir et en tapisser les murs de la classe et du corridor.»

Une semaine après les événements, sa publication avait été partagée plus de 1 100 fois.