Un nouveau programme pour une main-d’œuvre qualifiée

ÉDUCATION. Un nouveau programme de formation pour manœuvre multisectoriel sera mis sur pied par la Commission scolaire de la Côte-du-Sud dans le but de supporter les entreprises de la région.

Le recrutement de travailleurs qualifiés demeure un enjeu majeur pour plusieurs industriels alors que le taux de chômage demeure plutôt bas. La compétence de ces nouveaux travailleurs devient aussi une variable non négligeable dans le contexte actuel.  Quelques industriels de la région se sont réunis et ont choisi de tenter une action commune pour explorer des pistes de solutions dans le but de combler ces besoins. La Commission scolaire de la Côte-du-Sud a levé la main après avoir été interpelée.

«La demande qui nous a été faite est pour que ce type de manœuvre soit polyvalent. L’un des enjeux des entreprises est qu’actuellement, ils doivent faire appel à de la main-d’œuvre spécialisée pour faire du travail non spécialisé. Ces ressources devraient être utilisées à autre chose et ce n’est pas rentable pour nos industriels», estime le directeur général de la commission scolaire, André Chamard.

Depuis quelques mois, plusieurs entreprises de la MRC de Bellechasse ont contribué à la réflexion et les rencontres avec la commission scolaire ont permis de définir un programme qui répondra aux besoins, en plus de proposer une solution novatrice et porteuse d’avenir selon plusieurs. «Nous embauchons beaucoup de journaliers et chez ce type de travailleur, il y a un phénomène un peu aberrant. Il y en a de moins en moins qui ont des habiletés manuelles et il y a de plus en plus d’outillage. Ça demande nécessairement certaines connaissances. Nous sommes une société de plus en plus exigeante. On nous demande de la performance, de la qualité et des résultats, sauf que la main d’œuvre n’est pas qualifiée alors le programme vient y répondre», indique Frankie Lafontaine de l’entreprise Lafontaine de Lévis et Sainte-Claire, qui fait partie du groupe. Celui-ci inclut également le Groupe Côté Inox de Saint-Lazare, Alfred Couture Ltée de Saint-Anselme, CDL de Saint-Lazare et Sainte-Claire, IEL de Sainte-Claire, Meubles Idéal de Saint-Charles et Fortier 2000 de Saint-Henri.

«Lorsque les entrepreneurs de la région engagent de nouveaux employés et que ceux-ci doivent effectuer une réparation mineure sur un équipement, par exemple, et que l’on doivent faire appel à une autre personne pour le faire, il y a une perte de productivité, un risque de bris d’équipement et même de blessures», a remarqué M. Chamard dans ses discussions avec les industriels de la région.

«On se prive actuellement d’un chiffre d’affaires parce que nous n’avons pas de main d’œuvre. Amenez-moi 20 personnes demain matin et je produis davantage. Il y a trois jobs offertes par les personnes qui appliquent à certains endroits», illustre M. St-Hilaire.

Revenir aux compétences de base

M. Lafontaine ajoute que dans son domaine, les travaux publics, 40 % de la main-d’œuvre est composée de journaliers, et qu’il n’y a aucune formation pour ce type de carrière. «Notre société a oublié de former ses journaliers. Ce sont des métiers qui étaient appris sur le tas. Autrefois, nous avions un bon bassin de recrutement qui était les fils d’agriculteurs. Ils savaient se servir d’un marteau ou d’un arrache-clou. Les jeunes d’aujourd’hui ont des tendinites, mais à force de se servir de leur portable. Il faut revenir à la base.»

André St-Hilaire de chez IEL à Sainte-Claire et président de la Chambre de commerce Bellechasse-Etchemin ajoute que les entreprises doivent à l’heure actuelle former leurs nouveaux employés. Le programme viendra remplacer cette étape en partie. «L’absence d’autonomie chez des employés est très dispendieuse. La personne qui veut faire un métier, mais l’essayer avant, pourra toucher à plusieurs domaines que ce soit industriel, agricole et même la construction. Avec cette formation, l’employé pourra ensuite aller se chercher une spécialisation s’il le désire.»

Moins de temps à la formation des nouveaux employés en entreprise sera nécessaire grâce à ce programme évaluent les gens d’affaires présents à l’annonce. «Il faut leur donner beaucoup dans nos milieux de travail, car la validation des compétences est difficile. On a la possibilité d’aller chercher des gens spécialisés, sans se soustraire des gens déjà en place», mentionne Sophie Jacques du groupe Côté Inox.

La formation s’adresse autant aux gens sans emploi, en réorientation de carrière ou même qui ont été nouvellement embauchés par des entreprises si le moment est opportun. Trois établissements seront mis à contribution pour dispenser les formations nécessaires, soit le Centre de formation agricole de Saint-Anselme, le CFP l’Envolée de Montmagny et le Centre de formation multifonctionnel de Sainte-Claire.

La majorité des diplômes seront offerts en formation individualisée et les gens pourront aller chercher des compétences en fonction de leur champ d’intérêt. «Quelqu’un peut le faire à temps plein en moins d’un an, sauf que si la personne travaille déjà chez les employeurs partenaires du programme, elle pourra bâtir son horaire en conséquence», précise Harold Baillargeon, conseiller au Service aux entreprises à la commission scolaire.

Ces nouveaux employés seront enfin moins dépendants d’autorisations externes aux termes de leur cheminement. «C’est un bel aboutissement. Aucune autre région n’a ce type d’initiative. Il est clair que cela va s’étendre, car le besoin est omniprésent», lance Frankie Lafontaine.