Un programme de pair-aidant pour pompiers et premiers répondants

URGENCE.  La trentaine de pompiers membres de la Régie incendie Bellechasse-Sud ont maintenant accès à un programme leur offrant certains recours en cas de difficultés psychologiques. 

Un programme de pair-aidant vient d’être instauré à la Régie, en partenariat avec l’organisme La Vigile de Québec. Celui-ci sert à soutenir un groupe ou un individu vivant des situations particulières en lien avec ses fonctions. Le pair aidant sert de personne-ressource auprès de ses collègues et tentera de déceler et prévenir les possibles chocs post-traumatiques potentiels chez les membres de la brigade.

Responsable des opérations à la caserne #3, située à Buckland, Catherine Morin avoue que le suicide de deux collègues pompiers, au cours des trois dernières années, a été un élément déclencheur.  » J’avais lancé un message de sensibilisation sur les réseaux sociaux et j’avais reçu beaucoup de témoignages de pompiers, mais aussi de conjointes d’un pompier à l’effet que plusieurs avaient des difficultés psychologiquement. Ce sont des gens que je côtoie régulièrement et ça ne parait pas à la caserne. « 

Directeur adjoint à la Régie, Pierre Dubeau est à même de constater que les pompiers ou premiers répondants peuvent être appelés à vivre des situations exceptionnelles et difficiles.  » À Montréal ou Québec, les pompiers vont intervenir généralement chez des gens qu’ils ne connaissent pas. Ici, tout le monde connait quelqu’un qui connait quelqu’un. Intervenir lors d’un incendie, d’un accident avec blessé, il y a des risques de faire des constats et ce n’est pas normal de voir certaines scènes. Ça peut user à la longue et amener des gens vers des détresses psychologiques. On ne le voit pas nécessairement ce que les gens vivent. Personne n’arrive à la caserne en disant que ça ne va pas « , observe-t-il.

La fonction exige une certaine force physique ou mentale par moment, explique Catherine Morin. Dans des localités comme Buckland, Saint-Damien ou Saint-Philémon, il y a une certaine proximité entre les personnes qui peut amener des situations particulières, d’où la nécessité d’un tel programme, à son avis.  » Nous sommes tous des humains et on voit des choses pas normales à l’occasion. Il arrive que l’on intervienne pour des gens que l’on connait et même des parents ou des amis. De retour à la caserne, après un événement du genre, il est rare que les pompiers vont extérioriser leurs émotions. Il faut amener un changement de culture. « 

Maintenant à ses premiers balbutiements au sein de la Régie, Catherine Morin a bon espoir que l’initiative puisse éventuellement être élargie à d’autres localités.  » Initialement, j’espérais que le programme soit dispensé à la grandeur de la MRC, sauf que ça prendra possiblement un certain temps, c’est pourquoi on l’a mis en place uniquement à la Régie pour débuter. «