Un rapport confirme des irritants et émet des recommandations
SOCIÉTÉ. La MRC de Bellechasse devrait particulièrement surveiller le sulfure d’hydrogène et réfléchir à la possibilité de se munir d’un autre système de torchères pour mieux contrôler les odeurs et la présence, dans l’air, de contaminants émanant de son site d’enfouissement, situé à Armagh.
C’est l’une des opinions qu’émet le Centre de recherche industriel du Québec (CRIQ) dans son rapport illustrant le diagnostic réalisé au lieu d’enfouissement technique (LET) de la MRC de Bellechasse et qui a été déposé devant les élus de la région mercredi dernier. Parmi les craintes connues et notées dans le document, on remarque celles de citoyens reliées aux odeurs et à la présence de contaminants potentiellement nocifs sur la santé des gens.
L’ingénieur Nicolas Turgeon indique que sa firme a pris le temps nécessaire pour regarder la problématique, afin de proposer des pistes de solutions à la MRC. «Les gens, en général, ne se plaignent pas pour rien. Nous avons débuté avec cette hypothèse et travaillé là-dessus depuis juillet.»
Les craintes et les impacts observés dans le milieu sont justifiés selon lui. «La présence d’odeurs d’œufs pourris est due à la présence du sulfure d’hydrogène dans l’air. Pour les autres contaminants, le site en émet, mais dans des quantités très faibles. Une fois rendus dans les zones habitées, ceux-ci sont largement en deçà des limites exigées.»
Selon M. Turgeon, sous certaines considérations, une défaillance du système actuellement en place pourrait survenir. C’est spécialement le cas en hiver où, en raison du gel, l’allumage des torchères ne serait pas à point, ce qui empêcherait son fonctionnement optimal. L’une des recommandations suggère de remplacer les torchères actuelles par un modèle actif qui rendrait le site admissible au marché du carbone, amenant ainsi des revenus qui permettraient de financer ces infrastructures qui sont onéreuses, indique M. Turgeon.
«Notre opinion est qu’il faudrait optimiser le fonctionnement des torchères pour s’assurer qu’elles fonctionnent 24 heures sur 24, 365 jours par année. La modélisation le montre. Si une torchère s’arrête pour une raison ou pour une autre, on risque d’avoir des émissions dans certains scénarios, et ce, en fonction de la direction des vents, de la température ambiante et autre», a-t-il estimé.
Alternatives comme recouvrement
Comme l’utilisation du gypse à titre de matériel de recouvrement, par le passé, était la principale cause de l’émission de sulfure d’hydrogène dans l’air, M. Turgeon suggère l’emploi d’autres matériaux de recouvrement. «On va trouver une certaine quantité de sulfure d’hydrogène dans le biogaz émis par les sites d’enfouissements, mais pas de cet ordre. Actuellement, le sable sert de matériau de recouvrement, mais on pourrait utiliser ce sable à bien d’autres fins. La poussière de béton pourrait être un matériau de recouvrement alternatif, tout comme certains composts. Ceux-ci capteraient plus efficacement les gaz émis par le site.»
Il y a toutefois une bonne nouvelle dans les observations faites par la firme, puisqu’une atténuation naturelle de la présence de sulfure d’hydrogène dans l’air est en cours. «Même si on ne faisait rien, et ce n’est pas ce que l’on dit, le gisement de poussière de gypse et les effets qu’il produit vont s’estomper dans le temps. La seule façon de le chiffrer serait de faire un suivi régulier des concentrations et du débit de H2S afin de préciser les tendances.»
Les élus de la MRC ont pris acte des observations contenues dans le rapport. Une série de rencontres avec les intervenants impliqués dans le dossier aura lieu au cours des prochains jours. Parmi ceux-là, on note le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques, la Direction de la santé publique, le Comité de vigilance du LET et la municipalité d’Armagh. Une présentation publique aux citoyens de cette localité aura d’ailleurs lieu le mercredi 13 avril prochain à la salle municipale d’Armagh.